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Ô ville lumière...

Publié le 02 août 2011 par Careagit
« Le foot français, toujours sur le banc des remplaçants » titrait un billet publié le 28 mai dernier, jour de la finale de la prestigieuse Champion ‘s League. L’on s’évertuait alors à pleurer notre foot français en manque de moyens et d’ambitions, relégué à la cave des compétitions européennes.
Nous énumérions les principales raisons de ces échecs – qui ne changent pas la face du monde, le foot restant le foot – mais qui embêtent un peu, avouons le !
Depuis cette date, une révolution a frappé. Elle n’est pas du tonneau de celles menées par certains peuples arabes pour quérir leur liberté, laissons le foot à sa place. Un printemps arabe à la manière douce pour sûr.
Le Paris Saint-Germain change de monde. Une prise de contrôle ultra médiatisée, saupoudrée de « pétrodollars » comme on dit. Un rachat cash, une dette soldée et un effacement du déficit courant d’abord, le remplacement des hommes, ensuite, puis l’artillerie lourde, enfin. Pas moins de 85 millions d’euros venus d’ailleurs pour réveiller le train-train de notre bonne vieille Ligue 1 et faire pétiller la Tour Eiffel qui frappe les maillots. Que cela se sache, le Qatar a décidé de s’acheter une légitimité dans le sport. Il mise sur le cheval capital – et sa visibilité – pour y arriver. All-in.
Il y eut d’abord l’étonnement, le commentaire à chaud, forcément dithyrambique, puis, très vite, les doutes. A dire vrai en France, on n’aime pas trop le sport business. Jean-Michel Aulas l’avait déjà expérimenté à sa manière à l’orée de son investissement dans l’Olympique Lyonnais. Vraie réussite sportive, Aulas n’a jamais eu le quart du dixième de la reconnaissance de l’opinion publique (hors supporters lyonnais), qu’il eut été de bon ton de lui accorder. Une nouvelle fois c’est vrai, ce n’est « que du foot » mais cela tend à se transformer en emploi dès lors que vous misez sur le merchandising, la construction d’un grand stade, et tous un tas d’activités annexes… Ceci sans compter le bonheur simple procuré aux supporters devant la réussite de leurs protégés.
Lyon rentre les voiles, Paris le remplace sur le strapontin du riche détesté. A moins d’une semaine de la reprise de la Ligue 1, les critiques fusent, il y a trop d’argent et pas assez de valeurs. L’on se paye des joueurs surcotés, dit-on, oubliant au passage les règles simples d’offre et de demande régissant n’importe quels marchés. L'on insinue que N. Sarkozy in-personam s'est occupé du recrutement parisien. L’on se surprend à se pincer le nez, l’on se questionne sur l’irrémédiable différence entre les clubs d’un même championnat. Lui, lui ou lui, ont sacrément intérêt à réussir et ce, dès la première minute du premier match. Au prix qu’ils coutent, ces indécents !
Les médias, toujours très bien renseignés par "les sources proches des dossiers", bruissent déjà de scandales juteux et de débats passionnés. Avec des tels moyens, c'est la porte ouverte à l'appel à la démission d'un tel ou d'un tel autre au moindre match perdu. L'on sait bien que l'argent ne fait pas tout mais quand même, ces salauds de riches ont tout intérêt à filer droits pour échapper à l'échafaud.
L’égalitarisme forcené de notre pays, frappé sur le fronton de nos mairies, borde le moindre de nos jugements. Mieux vaut une masse moyenne qu’un décile doré au sommet du reste de la troupe. Notre Ligue 1, championne européenne toute catégorie des matchs nuls ne s’en ressentirait-elle pas ? Or le football européen est ainsi fait qu’il doit – pour subvenir aux énormes besoins de financement – trouver des investisseurs stables, ambitieux et… généreux. De cela la France du football doit se réjouir. Saint-Etienne (10 M€), Lorient (15 M€) et Valenciennes (4 M€) ont déjà croqué la pomme. Sans cet afflux d’argent, Stéphane Ruffier et Jérémy Clément auraient-ils signé à l’ASSE ? Et Mathieu Coutadeur et Kévin Monnet-Paquet à Lorient ?
Qu’on se le dise, le PSG a profité des largeurs pécuniaires de son propriétaire pour se renforcer. Une partie de la L1 en a déjà profité et cela ne peut qu’encourager le développement économique du football français, quoi qu'en disent les jaloux. Cependant, tout cela demeure hypothétique car, et c’est bien là que réside toute l’essence du sport, il n’est pas dit qu’un tel investissement débouche sur des victoires et une farandole de trophée.
Cette année, il ne sera fait aucun cadeau au club de la capitale. Paris cumule l’image hégémonique d’une capitale et l’accumulation de richesses.

Tout ce que détestent les français.

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