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Le romantisme musical allemand 3: L’art du lied1.

Publié le 04 août 2011 par Abdesselam Bougedrawi @abdesselam

Le romantisme musical allemand 3: L’art du lied1.

L’art du lied chez les Allemands.

Le lied est la rencontre entre l’âme germanique et l’histoire allemande. C’est la fusion entre l’art lyrique et l’art poétique. Et c’est finalement l’expression chantée du romantisme allemand.
Dans sa forme la plus généralement rencontrée, c’est un chant raffiné où une voix est accompagnée au piano. Bien qu’il puisse être également populaire, le lied doit être différencié du Volkslieder, qui issu du folklore allemand traite essentiellement de sujets tels que le travail, les métiers ou la vie quotidienne.

Les origines du lied.

La forme ancienne du lied est le Liet qui était une forme de chant que pratiquaient les « Minnesänger » les troubadours allemands dés le XII Emme siècles.
Walther Von der Vogelweide, est un de plus célèbre Minnesänger de la fin XII siècle.
Les « Minnesang » étaient des chants probablement accompagnés d’instruments de musique

Influence de la reforme de Luther sur le chant allemand.

La réforme luthérienne qui fut décisive sur le destin religieux, changea également le cours de l’art musical allemand.
Martin Luther était non seulement un admirateur de musique, mais également compositeur.
Pour les besoins d’un culte naissant, il composa lui-même ou confie à d’autres la composition de mélodie religieuse.  Ainsi prolifèrent des cantiques à une ou deux voix souvent à la portée du plus grand nombre.
C’est la communion entre l’art sacre et l’art musical.
Cette époque eut une influence considérable sur l’orientation musicale allemande.

Influence de la guerre de Trente Ans (1618- 1648).

Les désolations de la guerre de Trente Ans auront une influence décisive sur les mentalités.
Recrudescence du mystique, du désespoir, de la désolation, du malheur dans les thèmes poétiques et artistiques. (Poème de Jakob Böhme et Angelus Silesius).
De l’union de ces deux phénomènes va naître un art spécifiquement allemand : l’art du lied romantique.

L’art du lied dans la période pré schubertienne.

On trouve des ébauches de lied chez Mozart Haydn et Beethoven, mais c’est certainement à Johann Abraham Peter Schulz (1747-1800) que l’on doit la forme du lied que l’on rencontrera chez Schubert et plus tard chez Schumann.
Du reste, le titre de son recueil de lieder est caractéristique : «Lieder im Volkston bey dem Klavier zu spielen » « Chansons de caractère populaire à exécuter avec piano »

L’art du lied selon Schubert.

C’est avec Schubert que l’art du lied va atteindre les sommets du perfectionnement et du raffinement.
On va trouver dans ses lieder cet univers intime, profond et confidentiel particulier à sa musique. Schubert, plus qu’il ne construit, suggère une atmosphère autant dans sa musique de chambre que dans ces lieder.
On y trouve les thèmes :

  • Du voyage et de l’errance : (voyage d’hivers, belle meunière,)
  • de la nature : au printemps, chant du matin
  • de l’eau : la truite
  • de la mort : roi des aulnes, jeune fille et la mort.

Schubert savait composer très vite. Il lui arrivait de composer jusqu’à 5 lieder par jours. Mais il lui arrivait également de reprendre ces compositions. Ainsi, le roi des aulnes sera repris quatre fois avant sa version finale.
Au cours de sa brève existence, Schubert composera 625 lieds, dont plusieurs, sur des textes de Goethe et de Schiller.
Intuitif il composera des lieds sur des poèmes d’un jeune inconnu à l’époque, Heinrich Heine.
C’est donc à Schubert autrichien que l’on doit réellement l’impulsion du lied romantique.  En effet, il est généralement admis que Gretchen am Spinnrade (« Marguerite au rouet », 1814) ou Der Erlkönig (« le Roi des aulnes », 1815) seront le point de naissance du lied romantique.

L’art du  lied selon Schumann.

Le premier point est que Schumann est un homme tourmenté et torturé d’une nature complexe: Les lieder de Schumann surtout à partir de 1849 seront imprégnés de thème de tourments (chant de soldat, rêves, fantastique).
Le second point est que Schumann est également un homme de lettres. En effet, avant de se consacrer à la musique Schumann envisageât une carrière littéraire. Contrairement à ceux instinctifs de  Schubert, les lieder de Schumann sont moins spontanés, plus réfléchis.
Le troisième point est l’amour de Robert Schumann pour Clara Wieck : Schumann est l’homme d’une seule femme, sa jeune épouse Clara. Il s’inspira d’elle pour écrire en 1840, année de leur mariage, quelques-unes de ces plus belles œuvres.

On distingue deux périodes dans la production de Schumann :

1840 : année de bonheur, car il vient enfin d’épouser sa bien-aimée Clara : environ 130 lieder.
1849 années de doute et de tourmente : il composera dans un élan frénétique environ 100 autres lieds, et ce, jusqu’à la chute finale et la folie.
Comme Schubert Schumann utilisera des textes de Heine, Goethe ou Schiller.

L’art du lied selon Brahms

Comme il a déjà été souligné dans un précédent post, Brahms est originaire du Nord allemand.  Il doit à ces origines, sa nature taciturne, généreuse et solitaire.
Ainsi, un public non averti aura du mal à suivre l’acheminement du musicien dans un univers mal défini et aux contours fades.
On ne perçoit pas de nature gaie chez Brahms, c’est le monde de la monotonie et de la tristesse. Brahms est un homme de la Dithmarsch et cela se sent. (La Dithmarsch est une région côtière du Nord allemand).
Il utilisera pour ces lieder des textes de Groth et Daumer si différents des Goethe et Heine de Schumann et Schubert.

Les autres maîtres du lied

Hugo Wolf  (1860 – 1903)

Contemporain de Gustave Mahler, il avait une antipathie pour Brahms qu’il qualifiait de « nordique pédant ». Wolf s’inscrit dans une mouvance artistique ardue tout en se situant dans les sentiers de Schubert et de Schumann. Du premier il a la facilité de composition, du second la folie.
Il composa 345 lieds sur des poèmes de Mörike et d’Eichendorff.
Ce musicien, auteur de grands chefs d’œuvres très peu connus dans notre pays, mérite d’être redécouvert tant son talent est raffiné.

Gustave Mahler (1860-1911).

C’est une autre dimension des lieds que nous propose ce compositeur : les lieder symphoniques. En effet au piano succède une orchestration symphonique dense.
Parmi ses œuvres : le mythique « chant de la terre » et les lugubres « kindertotenlieder».

Richard Strauss (1864-1949).

Musicien surtout connu pour sa célèbre ouverture utilisée dans un film à succès, est également l’auteur, outre de lieder, de poèmes symphoniques.
Il va publier 140 lieder où il va tacher de se tenir autant que possible à l’esprit des lieds de Schubert  et Schumann : piano et voix.
Il composa durant sa vieillesse les plus connus de ces lieder : « les quatre derniers lieder ».

Une page prestigieuse de l’art l’humanité sera tournée. Mais il nous reste comme nourriture terrestre, toutes ces interprétations étincelantes d’Élisabeth Schwarzkopf, de Dietrich Fischer Dieskau et de Christa Ludwig. Et tant d’autres



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