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Harlem Désir veut «dissoudre» la Droite Populaire… Voilà une idée qu’elle est bonne ! mais ridicule

Publié le 05 août 2011 par Kamizole

Incontestablement, le 1er secrétaire du PS par intérim a perdu une bonne occasion de se taire. C’est pourtant un garçon fort intelligent et sympathique. Quelle mouche l’a piqué ? J’avais vu passer l’info sans avoir le temps de m’y arrêter Harlem Désir demande la dissolution de la Droite populaire(Le Monde du 28 juil. 2011). Il demanderait donc à Jean-François Copé de la dissoudre.

Comme si celui-ci avait le pouvoir – et même l’envie : il partage exactement leurs idées réactionnaires et ce groupe joue les «idiots utiles» de la Sarkozie en exprimant très fort ce que Sarkozy, Copé, Fillon & consorts ne peuvent dire sur force sujets de société – de dissoudre une association légalement déclarée, fût-elle composée de parlementaires UMP ! Il paraîtrait que l’UMP s’en gausse. Pour une fois, non sans raisons.

Le terme de «dissolution» d’un mouvement politique prête d’ailleurs à confusion puisqu’il s’agit en règle générale d’une procédure – relativement rare au demeurant – par laquelle le pouvoir prononce par décret en Conseil d’Etat l’interdiction de partis et associations provoquant des "troubles graves à l’ordre public" – lesquels doivent être suffisamment caractérisés pour que le décret soit inattaquable devant le même Conseil d’Etat dans sa fonction de juge suprême de la légalité des actes administratifs. Vous pensez bien par ailleurs que quand bien même la Droite populaire embarrasserait-elle parfois l’UMP, ni Nicolas Sarkozy ni François Fillon n’envisagent même une minute de l’interdire. L’on sait au demeurant que tous les mouvements politiques ainsi dissous renaissent de leurs cendres sous une autre dénomination : les appellations changent, les idées demeurent.

Sur le plan plus général de la liberté d’expression, c’est encore plus inepte. D’abord, s’il suffisait de casser le thermomètre pour que la fièvre tombât, nous le saurions. Or, la Droite populaire de même que Sarkozy et toute sa clique surfent – sans grand succès depuis 2009 - sur les propositions du Front national, surtout s’agissant des étrangers. Nicolas Sarkozy essaie désespérément de se refaire la cerise - malmenée par les sondages et autres intentions de vote - en essayant de rapter l’électorat FN comme en 2007.

Ensuite, je me situerais plutôt dans la lignée de Voltaire : je ne suis pas d’accord avec ce que vous dites mais je me battrais afin que vous puissiez l’exposer. D’autant que cela ne servirait à rien d’interdire un discours qui fait plus de 20 % dans l’opinion publique si l’on ne tient compte que des scores atteints par le FN. Le combattre, oui ! L’interdire, certainement non.

J’ai aussi le droit de me gausser de Nicolas Sarkozy. Je tombe en effet à la r’bidaine en lisant un article du Monde La nouvelle stratégie de Nicolas Sarkozy pour contrer le FN (29 juil. 2011). Ne pensez surtout pas que ce fût sur les idées délétères de Marine Le Pen au sujet des étrangers. Nicolas Sarkozy, ses sbires et la Droite populaire qui les expriment pareillement en sont bien trop proches… Le chef de l’Etat – aspirant candidat à sa réélection en 2012 – en est réduit à attaquer le programme économique de Marine Le Pen. Quand bien même saurais-je - grâce à Marianne – que c’est un domaine où elle ne connaissait pas grand chose, force est de reconnaître qu’elle apprend très vite… Elle a choisi de très bons mentors es critiques de l’ultralibéralisme

Il l’attaque ainsi sur sa proposition de sortir de la zone euro. Il eût fallu déjà n’y point entrer… Quant à en sortir, je ne demanderais pas mieux mais je redoute que déjà plumés au tirage – les prix ont grimpé de 40 % en 2002 – nous ne le soyons à nouveau au grattage. Plus vraisemblablement la zone euro implosera un jour ou l’autre sans que nous eussions à intervenir. De même que cette funeste Europe de m… qui nous pousse vers toujours plus d’ultralibéralisme.

Ceci dit, outre le sempiternel discours : il faut être au cœur de l’Europe pour être entendu (je n’ai l’impression ni que Nicolas Sarkozy y soit très audible et écouté ni qu’il pèse de quelque poids véritable) l’argument massue de Nicolas Sarkozy pour repousser cette idée vaut son pesant de cacahuètes : "La belle affaire ! En une seule décision, on doublerait la dette de la France"Ah, bon ! Il parle en fin connaisseur, le drôle : c’est exactement ce qu’il a réussi à faire en 4 ans d’exercice du pouvoir. Sacrément fortiche, le mec. Encore 5 ans de sarkozysme réel et nous ne vaudrions guère mieux que le Zimbaoué. Tyranneau compris.

Pour en terminer avec la Droite populaire vous trouverez un bon portrait de groupe dans l’article que Carole Barjon et Estelle Gross ont consacré à ces braillards de la droite dure(Nouvel Obs, 28 juil. 2011) qui «s’ils se disent "populaires" forment surtout une bande de députés incontrôlables qui, en attendant mieux – ils entendent peser sur la campagne.php(article de Judith Waintraub, le Figaro du 29 juil. 2011) s’attaquent aux "invertébrés" et aux "asexués" de la politique»… Autrement dit, les couillus - à ma connaissance le mot est rentré dans le Petit Robert - et les autres. Sauf que jusqu'à présent ce n'est point encore le siège de l'entendement

Des gens tout à fait charmants : leur ramage est toujours aussi choisi que leur plumage. Pour mémoire, Jacques Myard n’avait pas hésité à traiter ses collègues de l’UMP - qui avaient fort prudemment reculé sur l’amendement permettant qu’un jugement en Cour d’assises pût retirer la nationalité française d’un étranger naturalisé auteur d’un crime : le Conseil constitutionnel l’eût tout bonnement retoqué ! – de «bobos salopards»… à lire sur le Monde du 9 mars 2011 Le recul sur la déchéance de la nationalité suscite la colère à droite.

Harlem Désir a raison sur le fond : le collectif de la Droite populaire «instaure un pont permanent entre l’UMP et l’extrême droite et joue avec les thèmes les pires, la peur de l’étranger, la peur de l’islam, en organisant jusqu’à cette opération saucisson-vin rouge dans l’enceinte même de l’Assemblée nationale – du Front national tout craché ! – et qu’il faut arrêter la banalisation des idées de l’extrême droite au sein de la droite républicaine».

De même quand il accuse le jeu trouble de Jean-François Copé – qui imite parfaitement en cela Nicolas Sarkozy ! - «double jeu, double langage, où d’un côté on prétend continuer à représenter les valeurs de la République et, de l’autre côté, on joue avec le feu». Fort bien. Cela doit être mis en exergue toutes tendances confondues non seulement par la gauche mais par toutes les personnalités politiques qui partagent les mêmes convictions républicaines. «No passaran» !

Je ne saurais dire de quoi demain sera fait mais l’essentiel à mon avis consiste aujourd’hui à tout mettre en œuvre pour barrer la route de 2012 à Sarkozy. Contre le "Plus grand commun diviseur"(PGCE) qui n’hésite pas mettre la France à feu et à sang après l’avoir mise à genoux sur les plans économique et social, sans même parler de la débâcle des finances publiques. Cela sera très certainement le plus difficile à redresser. N’attendons pas des "lendemains qui chantent" !

Mais sans sacrifier la saine et nécessaire rigueur budgétaire, il importera de reconstruire une France ouverte, généreuse et fraternelle. Mobilisons les énergies – sans exclusive. Les efforts consentis en commun et pour le bien public, n’en seront que plus légers si riches – à leur corps défendant ! - comme pauvres et classes moyennes y participent «selon leurs moyens» comme le veut la Déclaration des droits de 1789.

Henri Guaino – inventeur de la «fracture sociale» quand il planchait pour Jacques Chirac - nous prend à l’évidence pour de parfaits cons quand il ose prétendre qu’à l’avenir «Chaque fois qu'un effort supplémentaire sera demandé aux Français, les plus riches n'en seront plus exonérés»(E24, supplément Eco de 20 minutes le 9 juil 2011). «Estimant que le plus important était désormais de «rétablir l'équité fiscale entre revenus du travail et revenus financiers»... C’est la "Bête en cour" qui va être ravie !

Ils feraient demain ce qu’ils n’ont pas réalisé en plus de 4 ans d’exercice du pouvoir ? A d’autres !

Demain on rase gratis ! Mais s’attendre à être vilainement écorchés par le "fratès" (barbier en solognot). Les pauvres et les classes moyennes de plus en plus pauvres, les nantis toujours plus riches, des écarts de revenus abyssaux. Ils feraient pire, oui ! Il suffit de constater qu’aujourd’hui, ils rognent les moyens du Samu social lors même que le nombre d’exclus explose. Ils ont une pleine besace de propositions pour nous plumer davantage encore après 2012.

Non, Harlem Desir, n’épuise pas tes forces dans un combat d’arrière-garde : la Droite populaire n’est qu’un épiphénomène du sarkozysme et de l’UMP aux abois. Pensez donc ! perdre tous leurs avantages sonnants et trébuchants (la France et les Français, ils n’en n’ont rien à cirer). J’ai toujours pensé que l’UMP était uniquement une machine à gagner les élections qui volerait en éclats – façon puzzle ! :) – dès qu’elle les perdrait.

Jusqu’à présent toutes les élections locales ont été des échecs en rase campagne pour l'UMP. En conséquence de quoi une belle morflée s’annonce mathématiquement en septembre 2011 (élections sénatoriales). Il nous restera à transformer l’essai en 2012. Présidentielle et législative. Avec un seul mot d’ordre : D E G A G E   !


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