Magazine Environnement

Des livres sur l’écologie qui valent de l’or

Publié le 05 août 2011 par Ecosapiens

Ecologie et politique GorzC’est l’été et on emmène avec soi les livres que l’on a pas eu le temps de lire pendant l’année.

On va profiter du farniente pour se mettre enfin à ces bouquins qu’on a stockés quelque part avec la mention « à lire dès que possible» .

Quant à moi, le dernier, je le montrais à un ami qui a aussi le goût de la lecture et de l’écologie. C’est un vieux livre qui a échu, j’ignore tout à fait comment, dans ma bibliothèque. Quelqu’un l’aura oublié.

Il s’agit de Ecologie et Politique signé André Gorz/Michel Bosquet.

André Gorz, c’est un peu l’initiateur et le théoricien de l’écologie politique. Michel Bosquet, c’est un peu pareil… puisqu’il s’agit de la même personne !

A savoir qu’André Gorz signait Michel Bosquet dans ses chroniques pour le journal Le Nouvel Observateur.

Où l’on découvre au passage que ce magazine n’a pas toujours été un catalogue de ventes (montres, voitures…) pour jeunes et moins jeunes CSP+…

Ecologie et Politique, c’est en réalité un recueil d’articles parus dans différents journaux et revues. On est autour de 1976 et rien qu’aux premières lignes, on comprend que tout a été dit (et fort bien dit) il y a quarante ans.

Extrait de l’introduction (la suite est ici):

L’écologie, c’est comme le suffrage universel et le repos du dimanche : dans un premier temps, tous les bourgeois et tous les partisans de l’ordre vous disent que vous voulez leur ruine, le triomphe de l’anarchie et de l’obscurantisme. Puis, dans un deuxième temps, quand la force des choses et la pression populaire deviennent irrésistibles, on vous accorde ce qu’on vous refusait hier et, fondamentalement, rien ne change. La prise en compte des exigences écologiques conserve beaucoup d’adversaires dans le patronat. Mais elle a déjà assez de partisans patronaux et capitalistes pour que son acceptation par les puissances d’argent devienne une probabilité sérieuse.

Alors mieux vaut, dès à présent, ne pas jouer à cache-cache : la lutte écologique n’est pas une fin en soi, c’est une étape. Elle peut créer des difficultés au capitalisme et l’obliger à changer ; mais quand après avoir longtemps résisté par la force et la ruse, celui-ci cèdera finalement parce que l’impasse écologique sera devenue inéluctable, il intègrera cette contrainte comme il a intégré toutes les autres.

C’est pourquoi il faut d’emblée poser la question franchement : que voulons-nous ? Un capitalisme qui s’accommode des contraintes écologiques ou une révolution économique, sociale et culturelle qui abolit les contraintes du capitalisme et, par là même, instaure un nouveau rapport des hommes à la collectivité, à leur environnement et à la nature ? Réforme ou révolution ?

Ne répondez surtout pas que cette question est secondaire et que l’important, c’est de ne pas saloper la planète au point qu’elle devienne inhabitable. Car la survie non plus n’est pas une fin en soi : vaut-il la peine de survivre dans « un monde transformé en hôpital planétaire, en école planétaire, en prison planétaire et où la tâche principale des ingénieurs de l’âme sera de fabriquer des hommes adaptés à cette condition » (Illich) ?
Si vous doutez encore que c’est bien ce monde que les technocrates de l’ordre établi nous préparent, lisez le dossier sur les nouvelles techniques de « lavage de cerveau » qu’une revue vient de faire paraître : à la suite de psychiatres et de psycho-chirurgiens américains, des chercheurs attachés à la clinique psychiatrique de l’université de Hambourg explorent, sous la direction des professeurs Gross et Svab, des méthodes propres à amputer les individus de cette agressivité qui les empêche de supporter tranquillement les frustrations les plus totales : celles que leur imposent le régime pénitentiaire, mais aussi le travail à la chaîne, l’entassement dans des cités surpeuplées.

Il vaut mieux tenter de définir, dès le départ, pour quoi on lutte et pas seulement contre quoi. Et il vaut mieux essayer de prévoir comment le capitalisme sera affecté et changé par les contraintes écologiques que de croire que celles-ci provoqueront sa disparition, sans plus.

Mais d’abord, qu’est-ce, en termes économiques, qu’une contrainte écologique ? Prenez par exemple les gigantesques complexes chimiques de la vallée du Rhin, à Ludwigshafen (Basf), à Leverkusen (Bayer) ou Rotterdam (Akzo).

Pardonnez la longueur de l’extrait mais je trouve amusant de voir un aussi bon résumé des perceptions de l’écologie (accompagnement du capitalisme qui aboutira inéluctablement à un techno-fascisme ou rupture totale et décolonisation de l’imaginaire). Avec en prime une petite mention de Bayer…

La suite est encore mieux mais pour la lire… il vous faudra chercher désespérément le livre. Il n’est plus édité. C’est déjà un collector. 90 euros d’occasion sur Amazon.

Des livres sur l’écologie qui valent de l’orC’est cet ami qui m’a alerté de l’introuvabilité de l’ouvrage. Et ca m’a rappelé un autre livre qui, lui, a une place attitrée dans la bibliothèque. Le guide de l’anti-consommateur de Dorothée Koechlin de Bizemont et Martine Grapas. A l’argus des bouquinistes, il tourne autour de 60 euros.

Ce livre, c’est un peu le guide du grand ménage de Raffa version 1970. Plein de recettes pour nettoyer, se faire beau, manger et que sais-je encore.

Du coup, je me suis demandé s’il y avait des livres encore plus côtés dans ce domaine qu’est l’écologie (politique ou pratique !).

Evidemment, il ne me vient pas à l’idée de vendre ces bouquins. Non que je sois attaché aux objets (je m’en veux même de prendre des notes directement sur des livres… dont j’apprends après coup, qu’ils ont une valeur marchande). Mais simplement parce que je suis un indécrottable lecteur qui trouve que c’est quand même plus pratiqe de tourner des pages que de scroller sur une souris ou de slider sur une tablette…

Et vous, vous avez des lectures onéreuses cet été ?

PS: l’occasion de rappeler l’existence de la Bibliothèque de l’écologie (billet) tenue par un fada !


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