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Discours du 1er août à Crans-Montana

Publié le 08 août 2011 par Danielle
Discours du 1er août à Crans-MontanaA la demande de plusieurs personnes, je publie ci-après le discours de M. Uli Windisch, invité par Crans-Montana Tourisme à prononcer le discours à l'occasion de la fête du 1er août lundi dernier. Le sujet abordé étant d'ordre politique nationale, je souhaite que ce blog ne soit pas le lieu de discussion sur le thématique développée, mais vous pouvez contacter son auteur pour débattre avec lui.

Discours 1er août 2011 Crans-Montana, par Uli Windisch

Mesdames et Messieurs les autorités, Mesdames et Messieurs, Chers amis,
Dear guests, Liebe Teilnehmer, cari amici, preziads amis rumantschs

Ce soir c’est la fête du 1er août. Que signifie donc cette fête?

Premièrement, nous ne sommes pas un pays centralisé qui doit montrer sa force et sa puissance par de gigantesques défilés militaires et exhiber les armes les plus modernes, redoutables et menaçantes.

La fête du 1er août en Suisse n’est pas non plus une réception luxueuse réservée à une minorité de privilégiés, et gardés par une armada de policiers et de militaires.

Non, la fête nationale du 1er août en Suisse est une fête véritablement populaire, ouverte à tous, décentralisée, multiple et diverse, en bref fédéraliste et participative comme l’est notre système politique.

Pas de fête unique dans la capitale du pays… mais une fête dans chaque commune, village et ville, soit des milliers de fêtes au même instant, partout et avec la participation aussi bien des Suisses, des étrangers et de toutes les personnes présentes, et surtout des jeunes et des enfants. Les enfants se réjouissent de ce soir et en gardent des souvenirs mémorables. Le 1er août est rempli de symboles et de joies.

De quoi pouvons-nous nous réjouir?

«Avons-nous le droit de nous réjouir?» viennent même régulièrement demander, sarcastiquement, certains de nos esprits chagrins qui dénigrent notre pays et prônent un alignement sur des ensembles politiques plus vastes.

Or on peut très bien être très européens sans être dans l’UE.

Le fait d’être soi-disant une «tache blanche» au milieu de cette UE, comme le prétendent certains, ne nous empêche pas de nous réjouir et de pouvoir être fiers de notre pays.

Nous devons surtout être infiniment reconnaissants à nos ancêtres de nous avoir laissé un tel pays, au prix d’un travail et de sacrifices difficilement imaginables aujourd’hui.

Le patriotisme c’est d’abord cette reconnaissance envers nos ancêtres.

C’est aussi cela que nous fêtons ce soir, non avec des armes terrifiantes, mais simplement avec des feux, des feux de joie, des chants, des lampions, de la bonne humeur, dans une atmosphère collective et amicale.

Le patriotisme suisse n’est pas un nationalisme arrogant, agressif et menaçant mais un patriotisme soft, léger, à la fois humble et discrètement fier, amical et solidaire.

Personne n’a le monopole du patriotisme. Mais les patriotes humbles et sincères n’ont de leçon à recevoir de personne, surtout pas de ceux qui l’ont dénigré pendant des décennies au nom de l’internationalisme et qui tout à coup veulent le récupérer. Les citoyens avertis savent distinguer les croyances sincères des copies caricaturales et intéressées.

A ce propos, un sentiment d’appartenance européen ne pourra naître que si on ne cherche pas à effacer les patriotismes nationaux.

Notre modestie ne doit pas nous empêcher de défendre notre pays de manière plus déterminée et intransigeante face aux tentatives de nous faire subir de purs et violents rapports de force économiques et politiques, même de la part de pays voisins.

Nous ne devons en aucun cas accepter de devenir le bouc émissaire de pays en difficultés, difficultés dues à des incapacités de gestion, à un style dépensier et à des endettements inconsidérés et irresponsables.

Ce n’est pas parce que nous sommes petits que nous devons nous soumettre et nous applaventrir. Nous n’avons besoin ni de nouveaux baillis ni de «cavaleries» étrangères.

Nous respectons toutes les cultures. Nous avons le devoir d’exiger le même respect de la part des autres pays et cultures, le respect de nos propres spécificités et singularités, et notamment de notre culture politique participative si originale.

Nous devons faire un autre serment ce soir: à savoir, inciter nos autorités à être d’une grande fermeté et intransigeance dans la défense de nos intérêts et de notre système politique et pluriculturel, tout en sachant que la mondialisation suppose aussi de négocier avec les autres, mais pas à n’importe quel prix.

La naïveté, le manque de courage et le défaitisme ne sont plus de mise!

Même petit, notre pays ne doit pas avoir peur.

Celui qui a peur a déjà perdu.

Quelles sont donc nos caractéristiques politiques et culturelles, et qui sont de plus en plus admirées et enviées à l’étranger? Il y a d’abord la démocratie directe, soit cet esprit participatif (partout ailleurs, les gens ne supportent plus d’être pris pour des immatures et des incompétents et d’être gouvernés par décrets; ils souhaitent avoir leur mot à dire, ce que permet justement notre système politique de la démocratie directe.

Il y a ensuite le fédéralisme: avec le fédéralisme, chaque région, chaque minorité est prise en considération et valorisée (dans un pays voisin on refuse même la reconnaissance des langues régionales!).

«Pourquoi ne vous entretuez-vous pas avec toutes vos différences (différences linguistiques, culturelles, religieuses, régionales, politiques, etc)», voilà ce qu’on me demande souvent avec admiration à l’étranger.

Il y a ensuite, la fameuse Unité dans la Diversité n’est pas une formule creuse, ni un mythe. Les Etats centralisés ont peur de l’éclatement ; la Suisse, en revanche a compris l’incompréhensible: que le fait de permettre aux minorités et aux diversités de s’exprimer et de les valoriser enrichit et renforce l’Unité plutôt que de la menacer.

Mais cette Unité dans la Diversité n’est pas acquise une fois pour toutes; l’attention aux minorités doit être constante. Je pense en ce moment, par ex, au Tessin, qui se sent négligé par la Confédération.

Nous devons œuvrer quotidiennement pour ne pas nous retrouver un jour dans la situation tragique dont souffrent nos amis belges ces temps. Bon courage à vous, chers amis belges, face au malheur de votre pays. Vous ne méritez pas cela.

C’est grâce à cette conjugaison du fédéralisme et de la démocratie directe que nous avons, par ex, pu éviter que la minorité francophone du JURA, devenu en partie un nouveau canton, ne tourne pas au terrorisme, comme cela s’est produit très souvent ailleurs à cause de la non reconnaissance des minorités de toutes sortes.

Le modèle politique et pluriculturel suisse forme un tout et n’est pas négociable, même s’il a régulièrement été aménagé et adapté, et cela avec l’accord du peuple lui-même. Le système politique suisse est à la fois solide et réformable… mais en aucun cas nous n’abandonnerons la démocratie directe avec ses initiatives, référendums et votations populaires.

Le peuple suisse est un peuple mur, citoyen, responsable et qui sait, quand il le faut, faire passer les intérêts collectifs avant les intérêts individuels et corporatifs, et éviter ainsi de multiples et fréquentes grèves, déclenchées en plus souvent au moment des départs en vacances de ceux qui ont travaillé durement pendant toute l’année.

Il nous faut à tout prix maintenir ce pacte social de la Paix du travail, basé sur la discussion et la négociation et non sur les grèves ruineuses.

De même, nous devons tout faire pour maintenir une autre formule magique, celle du Gouvernement de tous les partis politiques importants et ne pas accepter que des intrigants de la politique passent une grande partie de leur temps à chercher à faire élire des personnes qui n’ont guère de représentativité.

Si nous en sommes là où nous en sommes aujourd’hui c’est encore une fois grâce au dévouement inconditionnel et à la qualité de visionnaires de nos ancêtres (nous manquons peut-être aujourd’hui un peu de visionnaires!) .A bon entendeur, salut !

C’est à eux, à nos ancêtres, que doit aller ce soir notre promesse de continuer à être digne d’eux. Cela dans la joie, la fête et l’allégresse. Que cette fête rituelle commence et soit belle et exemplaire.

Last but not least, finalement, un sincère et très grand merci aussi à tous les immigrés et étrangers qui participent depuis longtemps à la construction de notre pays.

Vive la Suisse! Vive le Valais! Vive Crans-Montana!

Bonne fête et bonne soirée. Merci de votre attention.


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