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Crise financière, « règle d’or » et responsabilité collective par MANUEL VALLS

Publié le 10 août 2011 par Letombe

Manuel-VALLS2.jpg Depuis vendredi et l’annonce de la dégradation de la note des Etats-Unis par l’agence Standard and Poors, nous vivons, une nouvelle fois, une période de forte incertitude sur les marchés financiers.

Les doutes semés par la BCE quant à sa politique de rachat des dettes espagnole et italienne, de même que la volonté prônée par M. Manuel BARROSO de relever à 750 milliards d’euros les capacités du Fonds européen de soutien pour pouvoir faire face à un défaut éventuel de l’Italie, n’ont pas été de nature à rassurer les investisseurs sur la capacité des Etats de la zone Euro à rétablir rapidement leurs comptes publics.

Les initiatives prises au cours de ces dernières heures par les pays du G 7 et du G 20 ainsi que l’annonce faite par la BCE d’être plus active dans le rachat des dettes souveraines peuvent rassurer les marchés.

Cependant la BCE et la FED devront désormais agir activement afin de stopper le vent de panique qui souffle sur la planète Finance. L’agitation qui régnait encore aujourd’hui à l’ouverture des marchés démontre, s’il en
était besoin, l’urgence d’adopter rapidement un gouvernement économique de la zone euro. Un premier pas été franchi le 21 juillet dernier, lors du sommet des chefs d’Etat et de gouvernement de la zone Euro. Mais l’heure est venue pour l’Union Européenne de démontrer qu’elle est bien plus qu’une simple communauté d’intérêts financiers.

Les Etats de la zone Euro, sous l’impulsion décisive du couple Franco – Allemand, doivent de plus accroître leurs moyens d’intervention, ce qui passe par l’activation rapide du FESF et la création d’obligations européennes (Euro bonds). Ils devront avancer de concert dans la mutualisation de leur dette souveraine pour mettre un terme aux tentatives de spéculations basées sur la faillite des Etats.

Dans l’immédiat, nos Etats doivent faire preuve d’un grand sens des responsabilités afin de faire barrage à ce qui s’avère être d’abord et avant toute chose un problème de confiance.
Mais la confiance ne se décrète pas, elle se gagne. C’est pourquoi je juge plus que jamais nécessaire pour les pays de la zone Euro de rétablir rapidement leurs comptes publics.

Il faut dégager une voie crédible permettant le désendettement sans pour autant tuer toute possibilité de retour à la croissance. C’est pourquoi, à l’occasion des discussions sur le prochain budget européen, il faudra instaurer une taxe sur les transactions financières pour lever de nouvelles ressources communautaires.

C’est dans ce contexte que la France se devra demain de rétablir, elle aussi, ses comptes publics. Si je ne suis pas hostile sur le principe à l’inscription dans notre constitution d’une règle d’or, je dois toutefois préciser qu’elle ne saurait être adoptée sans les conditions nécessaires à un très large rassemblement autour de l’esprit de responsabilité. Il appartient donc au Président de la République de prendre les initiatives en direction de l’opposition pour réussir un tel compromis. Tout passage en force dans ce domaine conduirait à l’échec et serait contraire aux intérêts du pays. Il ne suffira donc pas qu’une telle règle érige l’équilibre budgétaire en un horizon indépassable. Le gouvernement doit dès à présent, dans le cadre du PLF 2012, prendre toutes mesures nécessaires au rétablissement de nos comptes publics, et ne pas chercher à dissimuler son inaction derrière une réforme constitutionnelle qui ne produira ses effets qu’à moyen terme. Il faudra que cette réforme soit assortie d’une réflexion sur nos institutions, comme par exemple le monopole du ministère des Finances dans les prévisions budgétaires, et sur la façon dont nous utilisons le levier fiscal. Car nul ne doit ignorer la responsabilité qui est celle de la droite dans l’état de nos finances publiques en la matière. Nous devons, par conséquent, rapidement procéder à un ré examen attentif des niches fiscales afin de rendre à la France les recettes nécessaires à la conciliation des impératifs de désendettement et de croissance.

Il en va du retour à l’équilibre budgétaire de la France, qui dans mon esprit, est une œuvre de redressement dépassant largement les intérêts politiques ou clientélistes des uns et des autres.

Car le jugement des européens, et des Français sur notre capacité à régler politiquement le problème de nos dettes souveraines comptera demain bien plus que celui des agences de notation.


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