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Nicolas Sarkozy aurait dû méditer le message de Primo Levi

Publié le 19 février 2008 par Roman Bernard

Cet article a été réalisé en collaboration avec Gief, dessinateur.

Nicolas Sarkozy aurait dû méditer le message de Primo LeviVendredi dernier, j'écrivais ceci au sujet du " parrainage " d'enfants juifs déportés par les élèves de CM2, projet que Nicolas Sarkozy a présenté au fameux dîner du CRIF :

Regrettons [...] que Nicolas Sarkozy, en faisant " parrainer " à la rentrée prochaine par chaque élève de CM2 un enfant juif déporté pendant la Seconde guerre mondiale, relance la concurrence victimaire des communautés, qui n'en avaient pas besoin. Plus on imposera ces exercices de mémoire sur le génocide des Juifs, plus les autres communautés seront revendicatives, sans pour autant, comme on l'a vu pour la lettre de Guy Môquet, que la connaissance historique ne progresse. Je crains que cela soit une preuve supplémentaire de ce que Nicolas Sarkozy n'est pas le président de la rupture, mais bien du politiquement correct. N'avait-il pas affirmé, lors de sa dernière visite en Algérie, que l'islamophobie, qui vise un dogme religieux, était aussi grave que l'antisémitisme, qui vise un peuple ?

Le dessin de Gief, qui reprend le concept de la boîte de Pandore des revendications communautaires, que s'apprête donc à ouvrir le chef de l'État, exprime bien la concurrence victimaire qu'une telle intiative risque d'attiser. On se demande d'ailleurs si cette idée va être vraiment applicable sans heurts. Au surplus, cette affaire m'a rappelé une citation de Primo Levi, affichée sur l'un des murs de la maison d'Anne Frank, à Amsterdam. Remarquant que le martyre de la jeune diariste néerlandaise avait éclipsé ceux de millions d'autres déportés, le rescapé d'Auschwitz justifiait cela :
" Peut-être est-ce mieux ainsi. Si nous étions capables d'absorber la souffrance de toutes ces personnes, nous ne pourrions pas vivre "
Nicolas Sarkozy, dont le souci d'enseigner davantage aux enfants l'histoire de l'Holocauste est louable -encore faut-il user d'une méthode qui fasse appel à la recherche historique, et non à l'émotion et à la mémoire-, a sûrement lu Si c'est un homme et le Journal d'Anne Frank. Dommage que cette phrase empreinte de sagesse n'y soit pas mentionnée.
Roman Bernard


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