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100 livres en 100 semaines (#19) – Le grand cahier/la preuve/le 3e mensonge

Publié le 15 août 2011 par Epicure

100 livres en 100 semaines (#19) – Le grand cahier/la preuve/le 3e mensongePoche à dire mais c’est grâce à sa mort qu’Agota Kristof m’aura permis de découvrir son oeuvre. Le 27 juillet dernier, quand j’ai appris son décès j’ai eu la soudaine envie de lire enfin Le grand cahier (1986), livre qui m’était passé sous le nez depuis toujours. Je n’étais absolument pas au courant de la claque que j’allais prendre.

On ne parle à peu près que du Grand cahier lorsque le nom de Kristof est évoqué, mais plusieurs ignorent que le roman n’est que la première partie d’une trilogie comprenant également La preuve et Le troisième mensonge. Or, il faut absolument lire les trois romans pour apprécier pleinement l’expérience. Il s’agit d’une oeuvre complexe, crue, majeure.

L’histoire se déroule dans un pays fictif affligé par la guerre. Claus et Lucas, âgés d’à peu près 10 ans, sont pris en charge par leur chipie de grand-mère. Ils s’enferment dans leur bulle et apprennent à vivre selon leur propre code, tout en prenant soin de noter leurs apprentissages dans un grand cahier qu’ils gardent secrètement. Toute leur vie ils composeront avec le rejet, l’abus, la séparation… et les retrouvailles.

Le style de Kristof dans ce récit rappelle un peu celui de Camus dans L’étranger. Dans Le grand cahier l’auteure prend le point de vue des enfants, qui décrivent les situations (parfois sordides) qu’ils vivent avec un tel détachement et une telle froideur que le malaise ne nous quitte pratiquement jamais en cours de lecture. Disons que l’atmosphère est un peu moins lourde dans les deux autres livres mais ceux-ci n’en sont pas moins intéressants. D’abord il y a l’histoire en soi, qui est extrêmement efficace; on devient rapidement accroc des aventures de Claus et Lucas et on se demande surtout quel sera leur destin. Puis il y a la façon dont Kristof mène le récit : après la cruauté froide du premier livre, on passe à une histoire plus douce et linéaire avec La preuve avant de finir avec Le troisième mensonge, où l’auteure s’amuse à brouiller toutes les pistes tracées jusque là et ce, jusqu’à déstabilisation complète. Inattendu et jouissif!

Si vous désirez vivre une expérience littéraire unique, cette trilogie comblera certainement vos attentes. Je comprends maintenant pourquoi Le grand cahier et Agota Kristof ont si souvent fait partie des conversations littéraires des 25 dernières années.


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