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Super-Sarko va-t-il sauver l'Europe, la France et l'euro ?

Publié le 15 août 2011 par Letombe
Super-Sarko va-t-il sauver l'Europe, la France et l'euro ?

Certains journalistes français sont-ils à nouveau aveuglés par Nicolas Sarkozy ? Serait-ce la peur d'un nouveau krach financier ? A l'approche d'une rencontre entre Sarkozy et Merkel à Paris, tout est théâtralisé au mieux et au maximum. Il s'agit d'abord d'oublier le sinistre ratage aoûtien de la semaine passée. Pour se préparer, l'accueil du porte-avion Charles-de-Gaulle était un galop d'essai... symbolique.
Certes, la pression est énorme. E-N-O-R-M-E. Et pour une fois, Nicolas Sarkozy aurait dû s'obliger à abandonner quelques instants le seul prisme électoral franco-français.
Auveuglement...
Emanant du Figaro, les louanges ne surprennent plus. Le site du quotidien, ces derniers jours, en a largement rajouté, comme s'en est bien amusé Arrêtsurimages. On en était presque gêné, à moins qu'il ne fallait prendre certaines de ces manchettes numériques du quotidien de Sarkofrance au second degré (ce qui est toujours possible) : « Sarkozy prépare sa riposte », « Sarkozy veut capitaliser sur la crédibilité ». Dans ses chroniques estivales, le journal s'est même autorisé, le 11 août en pleine crise boursière, un article hilarant sur le nouvel Airbus présidentiel, injustement critiqué (les normes « classe affaires » dateraient des années 1980) et si indispensable parce qu'on peut y multiplier les contacts « en chaussettes ». Quand le Figaro commente la courte visite présidentielle à Toulon vendredi 12 août, cela donne : « À neuf mois de la présidentielle, Sarkozy veut montrer qu’il reste à la manoeuvre, y compris en été ». Mais le Figaro, ces derniers jours, n'était pas seul. 
Le quotidien France Soir avait osé le titre, samedi dernier : « Sarkozy et Merkel sauveront-ils l'Europe ? ». Son directeur de la rédaction, Gérard Carreyrou, fait partie du cercle de séniors qui planchent en parallèle de l'UMP sur l'argumentaire de campagne pour la réélection de Nicolas Sarkozy en 2012. A en croire Arnaud Leparmentier du Monde, il se vante régulièrement d'écrire « 80 % d’éditoriaux favorables à Sarkozy ». Nous sommes prévenus. Ce 13 août, en prévision de la rencontre, demain mardi, de Nicolas Sarkozy et Angela Merkel à Paris, l'article commençait fort : « Le moteur franco-allemand relancera-t-il une nouvelle fois l'Europe ? ». « Nicolas Sarkozy souhaitera certainement faire acte de gouvernance. Au programme notamment, la réforme de la gouvernance économique de la zone euro. » Vraiment ?
L'envoyée spéciale de l'AFP auprès de l'Elysée, Nadège Puljak, était quasiment sur la même longueur d'ondes : « le couple franco-allemand, moteur de l'union économique et monétaire de l'UE, se retrouve à nouveau en pointe pour tenter de juguler une crise jugée par le président de la Banque mondiale, Robert Zoellick, "plus inquiétante" dans l'immédiat que la baisse de la note américaine. » écrivait-elle samedi dernier. « Preuve de la confiance accordée par les milieux économiques au tandem Paris-Berlin, l'annonce de cette rencontre par l'Elysée jeudi avait aussitôt entraîné un rebond des bourses mondiales qui terminaient finalement la semaine en hausse. Paris notamment a terminé sur une hausse de plus de 4%
.. ou réalité
A lire la presse étrangère, la rencontre Sarkozy/Merkel devrait être moins ambitieuse qu'on nous l'annonce. En Allemagne, la ratification parlementaire des dispositions du sommet du 21 juillet dernier n'est pas acquise. Les correspondants (français) du New York Times et du Wallstreet Journal n'attendent qu'un renforcement de la coordination des politiques économiques et notamment fiscales, sous la forme d'un secrétariat permanent de l'eurogroup. Rien de plus. Pas d'eurobonds ni de ministre européen des finances. Le gouvernement économique de l'Europe resterait une négociation quasi-permanente à 17...
Le directeur de la Banque mondiale a prévenu ce weekend: « Ce n'est pas la même crise qu'en 2008. Dans les quinze derniers jours, nous sommes passés d'une reprise difficile - avec une bonne croissance pour les pays émergents (...) mais bien plus hésitante pour les pays les plus développés - à une phase nouvelle et plus dangereuse ».  Ce n'est pas la rencontre Sarkozy/Merkel qui changera quelque chose.
Les vraies mesures, c'est-à-dire le rétablissement des comptes publics, sont visiblement exclues du champ des discussions de mardi. Pourtant, c'est là que le bas blesse.  En France, Philippe Marini, un sénateur UMP, et pas des moindres puisqu'il est rapporteur général à la commission des finances du Sénat, a décidé de prendre au mot le président français. Puisqu'il faut supprimer davantage de niches fiscales, pourquoi ne pas s'attaquer à l'une des plus coûteuses du quinquennat, la TVA à taux réduit de la restauration.
Gilles Carrez, son collègue de l'Assemblée nationale, UMP également, rapporteur général du budget également, a aussi suggéré de créer « une contribution exceptionnelle serait également demandée aux 30.000 foyers fiscaux français qui ont plus de 1 million d'euros de revenus annuels ». Au taux de 2%, « cela représenterait un effort exceptionnel de 10.000 euros par foyer fiscal pour une recette globale de 300 millions ». Notez que les efforts sont permanents pour les pauvres, exceptionnels pour les riches. 
Sarkozy, chef de guerre
Vendredi, le Monarque a pris la parole en public, pour la première fois depuis 15 jours qu'il était parti se cacher reposer au Cap Nègre. Quatorze minutes d'intervention pour célébrer, une fois de plus, l'armée française et les Grands Combats. Le porte-avion Charles-de-Gaulle revenait de 4 longs mois d'intervention au large de la Libye. Le commandement français n'avait pas prévu, en mars dernier, une mobilisation aussi longue.
« C'est avec une très grande tristesse que nous avons appris la mort hier en Afghanistan de l'un de vos frères d'armes (...), victime de la lâcheté d'autres hommes ». Il est toujours difficile de comprendre la vision militaire de Nicolas Sarkozy. Est-il simplement mauvais perdant ? Sans doute. La mort d'un homme, fut-il soldat, est toujours dramatique, surtout pour ses proches. Mais notre Monarque répète à l'envie que nous sommes en guerre en Afghanistan (pour la « liberté », contre les Talibans, le terrorisme, les méchants, l'obscurantisme, et autres blablas). Qui dit guerre, dit pertes militaires potentielles. Pourquoi s'obstiner à accuser l'ennemi de lâcheté ?
« A ces soldats morts au combat, nous devons l'hommage et la reconnaissance de la nation ». Qui le niera ? Personne. Là n'était pas la question.  
Cet hommage aux marins du Charles-de-Gaulle était d'abord une manoeuvre de justification de l'intervention libyenne. Sarkozy avait bien vite évité tout commentaire à fur et à mesure de l'enlisement sur place. « Venir à bord du porte-avion Charles-de-Gaulle est toujours un moment particulier. Cette nouvelle rencontre intervient (...) alors que cela fait bientôt 5 mois que vous êtes déployés au large de la Libye. Cinq mois que vous intervenez dans le cadre d'une mission difficile, au service de la France et de ses alliés, au service du peuple libyen... opprimé... » (il lève la tête de son discours)... « ...violenté par ses propres dirigeants... qui se comportent comme le pire des dictateurs. »
Au passage, il fallait récupérer, faire présidentiel, avoir donc les bons mots:  « Je suis ici pour vous témoigner la totale confiance et la grande satisfaction du chef des Armées mais aussi l'estime de la Nation toute entière. Les Français vous confient leur sécurité, les Français vous confient leur liberté. Je peux leur témoigner qu'elles sont entre les mains les plus expertes ».
Ou encore, à propos des soldats tués au combat en Afghanistan : « Leur sacrifice doit maintenir vivace en chacun de nous la détermination à défendre les valeurs de notre pays » Sommes-nous attaqués ?
Le cas échéant, ne sommes-nous attaqués qu'en Afghanistan ou en Libye ? Sarkozy avait la réponse. Il daigna répondre du bout des lèvres aux critiques, celles qui lui reprochent d'en avoir trop fait, médiatiquement, en Libye, et trop peu, militairement et médiatiquement, en Syrie: en Libye, « notre volonté ne faiblira pas » et « notre effort militaire va demeurer constant ». Pour la Syrie, « La cause de la démocratie pourrait connaître bien des fronts. (….) Si nous participons à l’opération en Libye, c’est pour répondre à la demande d’un peuple qui était soumis à un danger immédiat et parce que la communauté internationale est parvenue à un accord. (…) Grâce à vous, les rivières de sang promises par le colonel Kadhafi n’ont pas coulé, des milliers de victimes innocentes qui auraient été massacrées par un dictateur fou ont été évitées. »
Nicolas Sarkozy, ensuite, a déjeuné avec l'équipage puis est reparti au cap Nègre. Les marins lui ont offert de la layette, bleue et rose, nota l'envoyée spéciale du Figaro.
Quelle information.

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