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Le couple franco-allemand face à la crise

Publié le 16 août 2011 par Raphael57

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"C'est une réunion technique" : voilà comment un sherpa allemand a résumé la réunion de salon le mini-sommet franco-allemand sur la crise de la dette en Europe. Comme on pouvait le prévoir sans trop de difficulté, Nicolas Sarkozy et Angela Merkel ne sont parvenus à aucun accord contraignant sur la manière de sauver la zone euro. Tout au plus ont-ils à nouveau abusé des effets de manches en préconisant de nouvelles mesures de convergence budgétaire et en appelant à la création d'un gouvernement de la zone euro, dont on sait qu'il ne résoudra en rien la crise actuelle puisqu'il n'est pas prévu de créer un Trésor européen.

Certes, l'idée d'instaurer une taxe sur les transactions financières au niveau de l'Union européenne est un bon début à mon sens, mais n'oublions pas que le Parlement européen a déjà voté en début d'année pour la mise en place d'une telle taxe à l'échelle européenne. De plus, le Parlement français a également voté en juin une telle résolution, même si celle-ci demeure non contraignante. Toute la question réside en fait dans l'utilisation qui serait faite des recettes de cette taxe : certains évoquent la création d'un fonds climatique ou d'aide au développement, quand d'autres souhaitent utiliser le produit pour désendetter les États ! Bref, une bonne idée sur le papier, mais encore très floue dans l'application...

Quant à la possibilité de créer un impôt sur les sociétés commun à la France et à l'Allemagne (au niveau de l'assiette et des taux), je reste dubitatif quant à la portée d'une telle mesure lorsqu'on sait le montant des niches fiscales accordées aux entreprises en France : TVA réduite dans la restauration, grandes sociétés bénéficiant d'un "taux moyen d'imposition de l'ordre de presque 20 points inférieurs à la moyenne des PME" selon le rapporteur général du Budget Gilles Carrez, taxation à taux zéro des plus values à long terme provenant de cessions de titres de participation (un cadeau face auquel feu le bouclier fiscal fait figure de dose homéopathique pour le Budget général), etc.

Enfin, le couple franco-allemand (le mot est un peu fort lorsqu'on parle de dirigeants politiques qui ne s'entendent sur quasiment rien sauf lorsque la cale du bateau euro est pleine d'eau déjà...) souhaite que tous les États membres de la zone euro adoptent la  "règle d'or" qui impose l'équilibre budgétaire de manière plus ou moins forte. Avec de telles propositions vous avez la preuve absolue que le métronome européen est cassé, car qui dit politique dit lenteur... Or, toute personne connaissant un tant soit peu le fonctionnement des institutions européennes sait pertinemment qu'il sera quasiment impossible d'imposer une telle règle à tous, d'autant que les parlementaires français n'arrivent même pas à se mettre d'accord entre-eux au niveau national ! 

Sur ce point, je tiens d'ailleurs à rappeler comme l'a fait l'économiste Charles Wyplosz (même si je ne partage pas toutes ses idées), que la version française de cette règle n'a rien de contraignant par rapport à celle votée en Allemagne, ce qui m'amène à me demander à quoi peut-elle bien servir si ce n'est à tendre un piège politique aux opposants... Mais pourquoi suis-je toujours en train de croire que l'échéance de 2012 pourrait influencer les décisions économiques en France ?

En définitive, la zone euro est loin d'être tirée d'affaire et les spéculateurs ont encore de beaux jours devant eux (ce qui revient à dire que nous avons encore de mauvais jours devant nous) !

Et même si Le Monde titrait "le couple franco-allemand encore une fois condamné à s'aimer", on reste dubitatif quand on voit l'enthousiasme des dirigeants politiques. Pourtant, si je ne m'abuse, amour rime avec partage ?


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