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Bullet Ballet, de Tsukamoto

Par Untel
Tsukamoto donne et prend des coups. Dans Bullet Ballet comme dans Tokyo Fist il joue le rôle d'un type moyen qui bouffé par la violence, celle des autres ou/et la sienne, dans un décor bétonné peu propice à la naissance d'une quelconque humanité, ou même simplement à l'émergence de la vie.
Quelle sorte de cinéma un tel environnement peut-il produire? Un cinéma brisé, fracasser, la façon de filmer les personnages ne cesse d'évoluer, comme les lieux des villes (ce trait dissonant semble caractériser tout particulièrement Tokyo), artificiels, sont créés de toute pièce : Tsukamoto ne cherche pas d'harmonie dernière les contrastes sonores, visuels, les ruptures incessantes entre les routes, le bureau, la rue, l'appartement bourgeois, les stroboscopes d'une boîte de nuit ou le métro, contrastes soulignés par le noir et blanc et par les manières changeantes et toujours marquées de manier la caméra ou le montage.
Le film peut, je ne l'ai vu qu'une fois, je vais sans doute être "obligé" d'en reparler, il peut être saisi comme le fruit contradictoire des volontés de fuir et de se battre (excuse-moi, j'essaie de condenser du coup c'est pas terrible). D'abord un suicide. Celui d'un personnage qu'on ne connaîtra pas, l'amie du personnage principal avec qui il avait une conversation insouciante une seconde plus tôt. Il va chercher à se procurer la même arme (un 38 spécial) que celui qui a servi à son ami à mourir. En même temps il va chercher à sauver une jeune (et jolie) prostituée, qu'il avait, croit-il sauvé d'une tentative de suicide, en fait une arnaque organisée par un mac, qui le tabasse sous les yeux indifférents de la fille. Le type va chercher à se venger, mais on ne sait plus de quoi au juste, de l'humiliation qu'il a subir dans une rue de Tokyo, ou de la mort de son amie, ou de sa vie de merde. Il se rebiffe, mais il n'a pas fini de prendre des coups. Il essaie de "sauver" la jeune femme qui lui crache à la gueule, et il se retrouve pris, à cause de son flingue, dans une guerre de gangs. La multiplicité des couches à exploiter permet sans doute à Tsukamoto de se lâcher, l'accélération est toujours brutale, et on cherche parfois un peu d'air, on est sidéré par les monstres humains, les personnages, et par l'étrangeté esthétique du film, entraîné par les personnages, en empathie avec eux, alors que le décor de la ville est toujours vide et inerte (ou peu filmer une ville vivante, lui choisi de filmer la pierre, le béton, les immeubles immenses, la disproportion inhumaine des constructions) ; la vie est cantonnée dans les ruelles ou les plis, et y est soumise à la peur et à la violence. Comment s'échapper?
Je n'ai peut-être pas assez insisté sur la faiblesse du personnage joué par Tsukamoto. Il ne faudrait pas que tu crois que c'est un de ces films aux combats chorégraphiés. La violence, certes omniprésente, y est brute. Impossible à sublimer, peut-être.

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