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Patrice ou la folie des grandeurs

Publié le 18 août 2011 par Delphesconseil

Patrice ou la folie des grandeursPatrice vit en Italie depuis 12 ans. D’un physique peu plaisant, il se remarque surtout par sa vilaine peau et par le bruit désagréable qu’il fait avec sa bouche lorsqu’il n’est pas d’accord avec vous : tss, tss, tss.
Après dix minutes d’entretien, j’arrive facilement à comprendre pourquoi certains Italiens considèrent les Français comme prétentieux et donneurs de leçons. Avec ce genre d’ambassadeur, c’est en effet inévitable.
Patrice considère les RH tels des domestiques qui doivent pouvoir lui résoudre ses menus problèmes administratifs. Il fait partie de ces salariés expatriés qui vous appellent uniquement pour savoir si l’entreprise prend en charge la nourriture du chien ou si les cours de solfège du rejeton sont remboursés.
Patrice a donc certaines exigences. Ayant l’impression de nous faire une faveur en venant s’installer à Paris, il est très strict sur les conditions de son retour. Très strict mais pas très réaliste. Tout d’abord, Patrice ne sait pas ou fait semblant de ne pas savoir que ses managers à Milan cherchaient par tous les moyens à se débarrasser de lui. Le poste parisien est une aubaine pour lui (et une potentielle calamité pour sa future équipe !).

- « Patrice, à votre retour, vous ne bénéficierez plus de véhicule de fonction. Si vous souhaitez en acquérir un, il faudra le faire sur votre budget personnel. Cependant, à titre exceptionnel, votre nouveau service vous prête une voiture pendant un mois, le temps de vous retourner. »

Là, théoriquement le Patrice devrait être content. Mais non. Ça va même aller très loin et comme disait Lino Ventura dans les Tontons flingueurs : « les cons, ça ose tout, c’est même à ça qu’on les reconnait ».

- « Tss, tss,tss… Pourquoi prêter ? »

- « Nous avons pensé que c’était le moyen idéal pour que vous trouviez sereinement une solution de transport », je réponds naïvement.

- « Et bien avant, j’avais une voiture de fonction et maintenant, je n’en ai plus ? »

Mais il se fiche de moi l’imbécile !

- « Patrice, avant vous aviez un statut d’expatrié et la voiture faisait partie du package. Maintenant, vous rentrez en France, vous reprenez votre statut initial. Sans voiture de fonction. »

Je m’attends à ce qu’il y ait un petit malaise et m’apprête à enchaîner sur un autre sujet, mais pas du tout.

- « Je comprends bien… Tss, tss, tss mais j’avais une voiture et au bout du compte, je n’ai plus de voiture ? ».

Ce crétin insupportable est pourtant un manager de managers. Comment lui faire comprendre sans l’humilier que ses conditions de vie ne seront plus les mêmes ?
OK. Ne pas s’énerver. Je termine cette conversation par un « je vais voir ce que je peux faire ». Ce qui était déjà tout vu.

Pensant qu’il avait affaire à une demeurée, Patrice a écrit le mail suivant à mon chef qui en rit encore….

« Bonjour, je vous écris aujourd’hui concernant mon véhicule de fonction. Il est important que vous compreniez ma situation actuelle à Milan. J’ai la chance de conduire une voiture intérieur cuir, toutes options. Il se trouve que ma femme l’utilise régulièrement pour emmener les enfants à l’école ou pour se rendre à son club de bridge. Ainsi, tous nos amis et voisins peuvent constater que nous avons un goût sûr. Tout cela pour vous dire qu’il ne se passe pas une semaine sans que nos amis et connaissances ne profitent de ce véhicule. Il fait la joie de notre entourage. Je souhaite donc, et vous le comprendrez, pouvoir bénéficier d’un véhicule de même catégorie lors de mon retour à Paris.
Bien cordialement,
Patrice. »

Le problème de certaines entreprises du CAC 40, c’est que les portes de sortie ne sont pas toujours grandes ouvertes…. J’aurais bien armé une catapulte avec lui dedans !



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