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Publier pour le web

Publié le 22 août 2011 par 4h18
Schreibmaschine

Il est important de comprendre que les habitudes de lecture changent beaucoup suivant le support. Il est donc logique d’adapter son discours au moyen qui sera utilisé pour le relayer. Une démarche que tout blogueur se doit d’adopter.

Préambule

Nos études nous ont formaté à un style académique : vos professeurs de Français puis de philosophie ont dû vous apprendre à utiliser l’indéfini « on », à ne pas vous mettre en avant dans vos textes, et à rester sinon objectif au moins impartial. On vous a inculqué le sacro-saint modèle de la dissertation : introduction, thèse-antithèse-synthèse, conclusion.

Si tout n’est pas à jeter là-dedans (et heureusement !…), il va falloir remettre en cause un certain nombre de choses pour publier pertinemment sur le web.

Avant toute chose, il faut garder à l’esprit que la lecture sur écran est un exercice fatiguant et désagréable, à cause du rétro-éclairage. Je l’ai déjà développé dans les bonnes pratiques graphiques. Même si les écrans à encre liquide promettent de régler ce problème, ils ne sont pas encore en mesure de rivaliser avec nos écrans LCD sur le terrain de la couleur. Il va falloir en tenir compte.

Partie 1 : Concevoir son contenu

La concision

Lire à l’écran est désagréable, facilitez donc la lecture pour vos visiteurs : des phrases courtes, structurées par la ponctuation (l’occasion de se replonger dans les règles d’usage de la virgule, pour certains), dans des paragraphes courts annoncés par des intertitres.

Évidemment, il ne s’agit pas non plus de tomber dans le lapidaire ou le style télégraphique, ou pire… dans la phrase de CM2 « sujet-verbe-complément ». Mais l’objectif est de ne pas perdre le lecteur, de ne pas le lasser et de ne surtout pas le décourager avec un pavé de texte.

Le mieux est donc d’aller droit au but, de faire simple (sans faire simpliste) et si possible synthétique (mais pas trop non plus). Tout est dans le compromis.

L’exhaustivité

Traiter un sujet qui vous passionne, c’est bien, le traiter à fond, c’est mieux. Les articles lacunaires, jetés sur la toile au gré des inspirations du blogueur sont légion. Une bonne façon de faire la différence est de traiter un sujet dans sa globalité. Difficile de donner des règles précises, ici, mais mettez-vous dans la peau de quelqu’un qui n’y connaît rien :

  • reprenez les bases,
  • posez le contexte et définissez les notions/termes/problématiques/enjeux,
  • faites des rappels historiques,
  • donnez des exemples et analysez-les,
  • n’hésitez pas à dire comment faire, à donner des modes d’emplois détaillés. Dites que faire et comment le faire.

En dehors du bénéfice pour le lecteur, qui trouvera tout ce qu’il cherche dans votre page, faire raisonnablement long est bien vu par Google qui va considérer que votre page est plus fiable et qui y trouvera plus de mots-clés.

Le style

Comme dans vos dissertations, faire fluide, structuré et naturel est bienvenu. Mais l’analogie s’arrête là : sur le web vous devez vous impliquer, et éveiller des émotions chez le lecteur.

Vous devez parler de vous, pour créer un lien affectif avec vos lecteurs. Vous devez développer ce côté humain qui tranchera avec la froideur et la distance des média traditionnels. C’est ce qu’on recherche dans un blog. Vos visiteurs seront fidélisés s’ils « vous aiment bien », si la personnalité qui transpire dans vos lignes est sympathique.

D’autre part, bloguez positif ! Regardez la tête des gens dans la rue, le bus, le métro… Les gens s’emmerdent ! Amusez-les, faites-les rire, surprenez-les ! Si on tolère un coup de gueule de temps en temps, les critiques acerbes en permanence finissent par lasser. Utilisez l’humour, y compris noir, parlez de choses positives, et adoptez un point de vue décalé… succès garanti.

Côté sémantique, adaptez-vous à votre lectorat. De façon générale, évitez le jargon et les mots trop inhabituels même s’ils sont présents dans le dictionnaire (en clair : ne faites pas comme moi). À l’inverse, il est toujours bon de s’efforcer d’employer le mot juste, au moins pour éviter les incompréhensions et les lourdeurs.

Pour finir, côté rédaction, écrivez vos articles comme si vous racontiez une histoire, avec un fil conducteur qui va faire apparaître de lui même l’ordre de vos idées. Il n’y a rien de pire que de jeter des idées en vrac, sans cohésion, sans « intention d’ensemble ».

Les titres et le copywriting

Écrire un titre « vendeur » est un art appelé copywriting. Là encore, un titre bien fait va susciter une émotion chez le lecteur et piquer sa curiosité. Un titre comme « Doublez vos ventes en 15 minutes », même s’il sent l’arnaque de très loin, fait toujours mouche car :

  • il utilise un impératif qui implique le lecteur,
  • il promet gros,
  • il est précis et percutant : on doublera les ventes dans un temps donné et court,
  • il est court et marque : peu d’informations suscitent une émotion, tout un discours fait appel au cerveau rationnel. En faisant trop long, vous perdez votre force d’impact en laissant cogiter le lecteur.

C’est typiquement le genre d’article qu’on va lire, même sans trop y croire, au moins pour voir ce que l’auteur raconte comme conneries.

Pour les web-maketeurs, les mots magiques semblent être « nouveau » et « gratuit ». Les mettre dans  un titre, c’est presque la garantie d’être lu.

Notez que je ne cautionne pas toutes ces méthodes. Prendre le lecteur pour un pigeon n’est pas dans mes principes. Je me contente de citer ce qui « marche ».

Les illustrations

Il est presque impératif d’illustrer vos publications, aujourd’hui. En dehors du fait que ça apporte de la couleur, l’image fait là encore partie de la communication non-verbale donc émotionnelle. Une image bien choisie doit prolonger le texte, en éclairer le sens. Elle sert aussi à attirer l’attention du lecteur et à « vendre » l’article.

Pour me vanter un peu et illustrer mon propos, je vous renvoie à un de mes articles : Propagande militariste de base, critique anti-militariste où je montre un soldat en légo. Le message est clair…

Il est assez facile de trouver des images libres, en particulier sur ces sites :

  1. Wikimedia commons (relié à Wikipedia),
  2. Flickr Creative Commons (de nombreuses personnalités et organismes publiques sont présents sur Flickr)
  3. Picasa Web,
  4. mon site (dans la galerie).

Faites attention aux droits d’auteur sur les images que vous utilisez. En l’absence de message explicite, toute image est protégée par copyright. Essayez de n’utiliser que des images libres de droits ou sous licences libres (Art libre, Creative Commons, …). Même si l’usage de photos sous copyright (en particulier celles de l’AFP) est courant sur les blogs, dans une impunité relative, il vaut mieux prendre ses précautions.

Les lois de proximité

Je n’ai rien de plus à dire que le site Action-Rédaction… Je vous y renvoie donc.

Les podcasts

Si la lecture n’est pas agréable à l’écran, celui-ci est beaucoup plus propice aux contenus multimédias : vidéo et audio. Cette tendance s’est beaucoup développée depuis quelques temps. Moi-même, je propose des podcasts depuis près d’un an et j’ai tourné ma première vidéo ce mois-ci.

L’intérêt de ce média est de vous mettre en scène de façon plus interactive et, là encore, plus humaine. C’est aussi un moyen de partager d’autres types de contenus, et d’une façon qui sollicite moins vos lecteurs : on est plus passif devant une vidéo que devant un texte.

Cependant, dans la mesure où les moteurs de recherches ne savent pas extraire les informations d’un contenu multimédia, il faudra prévoir une transcription texte, ou au minimum un titre, une description et des mots-clés pertinents pour que votre contenu soit tout de même indexé.

D’autre part, faites court ! Une vidéo, à la différence d’un texte, ne se lit pas en diagonale et, dans le cas d’un tutoriel par exemple, si le lecteur ne trouve pas assez vite ce qu’il cherche, il va aller voir ailleurs. Car il est versatile, le cher petit…

À titre personnel, je déteste les tutoriaux vidéo pour cette raison : lorsque je cherche une information précise, je parcours la page en diagonale jusqu’à ce que je trouve ce que je cherche, ou pire, j’utilise Ctrl+F… dans les deux cas, je ne m’attarde jamais quand je sais ce que je cherche. De plus, dans une vidéo, le visiteur ne peut pas copier/coller un code source ou une adresse, par exemple. Il faudra penser à le rajouter en texte après ou avant la vidéo.

Pour finir, les podcasts sont potentiellement sujets à une plus forte diffusion virale que les textes : grâce à Facebook, par exemple, une vidéo peut être publiée sur un mur et partagée massivement ensuite, ce qui représente une porte d’entrée non négligeable pour votre site/blog.

Les mots-clés

Les habitudes en SEO veulent qu’un texte ait une densité correcte de mots-clés. La valeur « correcte » est laissée à l’appréciation de chaque gourou SEO , mais le principe reste le même : les mots-clés qui décrivent le sujet de votre contenu doivent y être présents un certain nombre de fois, pour satisfaire Google.

Par exemple, dans un article sur la Chine (au hasard), vous veillerez à ce que les mots « Chine », « Chinois », « Pékin », « Droits de l’Homme » (non je rigole) etc. soient présents un certain nombre de fois.

Certains sont alors tentés de les répéter à chaque ligne, en oubliant les règles de Français élémentaires. C’est mal. Ça revient à prendre le lecteur, Google et l’Académie française pour des pigeons. C’est vraiment très mal. Et surtout, très désagréable à lire.

Le dieu SEO

N’oubliez jamais que le destinataire final de votre message n’est pas Google mais l’être humain qui va vous lire. Tout miser sur votre positionnement dans les moteurs de recherche est de la folie car les algorithmes d’indexation changent tout le temps. Dans tout ça, la seule valeur sûre, c’est la qualité de vos écrits : leur pertinence, leur fiabilité et leur forme.

C’est aussi ce qui va pousser vos visiteurs à devenir des lecteurs réguliers et à partager des liens vers vos pages. Si votre lectorat est fidélisé, c’est toujours autant de visiteurs en moins à draguer pour maintenir vos statistiques de fréquentation (et vos éventuels revenus publicitaires). Même si travailler son référencement est loin d’être inutile, prendre du temps pour rédiger du contenu de qualité est probablement le meilleur investissement que vous puissiez réaliser.

De plus, Google a explicitement rappelé dans cet article que ses algorithmes évoluent dans le sens d’une meilleure reconnaissance des contenus de qualité, et d’une pénalisation des techniques de SEO (qui s’apparentent souvent à du truandage). Du reste, je pense que les techniques d’optimisation du référencement, même « honnêtes » devraient être définitivement court-circuitées par Google : dans l’idéal, le contenu devrait se suffir à lui-même. Si l’on a besoin d’user d’artifices techniques, c’est peut-être que le contenu de qualité fait défaut.

Partie 2 : organiser le conte

La pyramide inversée

La pyramide inversée

nu

La pyramide inversée du contenu

Un contenu bien organisé doit respecter une certaine hiérarchie, qui a pour but de donner au lecteur un aperçu de votre page en un seul coup d’oeil. Les informations clés doivent se trouver en haut de page, c’est-à-dire :

  • le titre, accrocheur et pertinent,
  • le chapeau, résumé de l’essentiel de l’article en quelques lignes (≈ introduction),
  • les mots-clés, pour savoir immédiatement si l’on est bien sur la bonne thématique, et pas sur une homonymie (ex : une page sur les virus peut traiter de médecine, de biologie, ou de sécurité informatique),
  • les 5 W :
    • what = quoi,
    • where = où,
    • who = qui,
    • why = pourquoi,
    • when = quand,
  • Les 2 H:
    • how = comment,
    • how much = combien.

Il vaut mieux rester général au début, et rentrer dans les détails au fil de l’article, afin de donner juste l’essentiel à ceux qui ne veulent pas s’attarder et plus à ceux que le sujet intéresse.

Il faut bien comprendre que le rapide coup d’oeil sur le haut de la page va décider ou non le lecteur à poursuivre jusqu’en bas. C’est pourquoi je pense qu’il faut éviter les publicités à cet endroit (même si c’est là qu’elles sont le plus rentables) car la seule publicité à y faire, c’est celle de votre superbe article/page.

Le balisage html et les titres Hn

Le balisage html est la façon la plus simple de communiquer avec les moteurs de recherche. D’un point de vue mise en page, les balises permettent également d’appliquer des styles de texte uniformes sur l’ensemble de votre site (via la feuille de style CSS).

Le balisage HTML

Le balisage HTML

Les balises distinguent des éléments textuels, de sorte que les moteurs de recherche leur accorde plus d’importance, comme par exemple :

  • le gras : <strong>Texte en gras</strong> (notez que la balise <b> est désormais obsolète)
  • l’italique : <em>Texte en italique</em> (idem, <i> est obsolète)
  • les titres : <h1>Nom du site</h1>, <h2>Titre de l’article</h2>, <h3>Sous-titre</h3>, etc.

Contrairement à ce qu’on voit souvent, je pense qu’il est préférable de réserver le titre h1 au nom du blog, car il ne doit apparaître qu’une seule fois par page. Pour les titres d’article/page, utilisez h2. Ensuite les sous-titres utilisent h3 jusqu’à h6 par importance décroissante.

D’autre part, les listes permettent de mettre facilement en valeur des énumérations (de trois éléments minimum). N’en abusez pas non plus, c’est comme tout : si vous mettez tout en valeur, plus rien ne ressort.

Conclusion

Publier sur le web est à la portée du premier pseudo-expert venu. Sauf qu’il y a des règles à connaître si l’on veut toucher les gens, et pas seulement publier pour publier.

J’ai essayé d’être assez général et suffisamment complet pour que chacun puisse en tirer quelque chose, qu’il fasse un blog à usage professionnel ou personnel. Il est évident qu’un blogueur qui raconte sa vie sur blog peut ignorer certains de mes conseils. Il y a même des blogs qui marchent bien en ignorant complètement les moteurs de recherches et les standards.

La règle principale à retenir, pour publier sur le web comme ailleurs, c’est d’être clair dans vos idées. Lorsque la chose est claire dans votre tête, elle apparaît claire dans vos lignes et votre message passe d’autant plus facilement.

Ensuite, on ne dira jamais assez l’importance qu’il faut accorder à la qualité de vos publications : informations vérifiées, vérifiables, traitées pertinemment et en profondeur, analysées, originales et rédigées avec soin et de façon lisible… C’est le meilleur moyen de vous démarquer des autres et de durer, la meilleure stratégie à long terme : faire du bon, différent de ce qu’on trouve ailleurs.

Annexe : enjoy !

La passion

Il en a déjà été question sur ce blog, vous ne ferez rien de bon sans passion. Mes conseils sont une formalisation de mon expérience et vous aideront, je l’espère, à comprendre comment fonctionnent le lecteur et les moteurs de recherche. Mais même avec un bon mode d’emploi, sans une réelle envie, vous n’irez pas loin.

Comme le dit très justement Mademoizelle Geekette, on sent les blogueurs qui s’essoufflent et chez qui n’est plus présente la motivation des débuts. Et j’ajouterais qu’on repère aussi ceux qui montent un blog juste pour le monétiser, sans réelle volonté de créer du contenu. Le style « rapport » ou « compte rendu », ça ne marche pas sur le web. L’à-peu-près non plus. Du moins pas longtemps.

Publier pour le web, c’est d’abord avoir envie de partager, avoir des choses à dire et seulement ensuite, chercher comment les faire passer. Faites vous plaisir, et vous ferez plaisir à vos lecteurs.

Lancez-vous !

Pour avoir plusieurs rédacteurs sur mon blog, je sais combien il est difficile de se lancer lorsqu’on débute : le manque d’entraînement, la recherche de son style, la quête de la phrase parfaite. Beaucoup mettent des jours à écrire un article, corrigent chaque phrase, hésitent à publier…

Sauf qu’il faut bien se lancer un jour ou l’autre, et publier en prenant le risque d’être imparfait voire mauvais. De toute façon, il n’y a pas de mystère, c’est en pratiquant qu’on s’améliore. Être capable de rédiger vite, beaucoup et bien s’apprend avec le temps. Et à la rigueur, vous n’êtes même pas obligé d’être un bagnard de la rédaction pour être un bon blogueur.

Alors osez !

Publier pour le web

Article rédigé par Arle Uein

Étudiant en Physique Chimie, geek multifonctions et administrateur de La Gazette, je partage mon expérience du blogging sur 4h18 grâce à Stéphane. Profil about.me »

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