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Fallait rester chez-vous têtes de noeud

Publié le 23 août 2011 par Epicure

Fallait rester chez-vous têtes de noeud, que l’on présente à la bibliothèque Gabrielle-Roy, m’a fait découvrir une nouvelle facette du théâtre de rue. Les comédiens jouent à l’extérieur, alors que le public lui, assiste à la pièce à l’intérieur. Pendant que les personnages se mêlent au va et vient des passants, les spectateurs les observent à travers l’immense vitrine qui donne sur la rue.

Le cérémonial qui précède la pièce nous met déjà dans l’ambiance. Dès qu’on entre, on ne peut manquer le grand rideau noir qui isole les spectateurs des autres usagers de la bibliothèque. Avant de nous faire passer de l’autre côté, on nous remet un appareil qui s’apparente à un audio-guide de musée et qui nous permettra d’entendre les acteurs tout comme l’enrobage sonore de la pièce. Une série de chaises fait face à la fenêtre, on s’installe, monte le son et devenons attentif à la faune urbaine qui circule devant nous.

La pièce consiste en 6 monologues présentés en 6 tableaux. Quatre de ces textes sont l’oeuvre du créateur Rodrigo Garcia et pour les 2 autres on a plutôt fait appel à deux auteurs/comédiens de Québec, Steve Gagnon et Jonathan Gagnon. Dans chacun des cas on nous plonge dans les pensées du personnage, qui pourrait être n’importe qui que l’on croise à chaque jour dans la rue. La commis de pharmacie, une pute qui traine dans le quartier, un jeune père de famille, des gens qu’on côtoie sans savoir ce qui se passe dans leur tête…

Même en août, on est à des lieux des vieux clichés du théâtre d’été. Les textes sont lourds, parfois même très lourd et mon intérêt pour ceux-ci était inégal. Sans aucune hésitation le plus réussi a été celui de Steve Gagnon, rendu par une Anne-Marie Olivier magnifique dans son rôle de prostituée. Un personnage crédible, attachant et ancrée dans sa réalité, alors que certains autres me semblaient plus théâtraux, moins vrais, avec un langage et des réflexions qui détonnaient.

Malgré cette réserve, l’expérience en elle-même vaut le coup. Sans s’immiscer dans la bulle des passants, les comédiens qui évoluent dans des conditions sûrement éprouvantes pour eux, s’en tirent à merveille! Les gens circulent autour sans être conscients qu’ils participent à une représentation dont ils sont eux aussi les acteurs. Il faut les voir jeter autour d’eux des regards surpris ou se chuchoter des commentaires les uns les autres, en constatant que la personne assise près d’eux se parle toute seule. On n’est jamais loin de situations imprévisibles qui pourraient dégénérer n’importe quand, et pourtant les acteurs sont en contrôle et offrent des performances impeccables.

Une expérience théâtrale comme je les aime, qui nous sort de notre zone de confort. Bravo au metteur en scène Frédéric Dubois (également l’instigateur de « Où tu vas quand tu dors en marchant? ») et au Théâtre des fonds de tiroir pour oser ainsi.

On peut avoir un léger aperçu de la pièce via quelques « teasers » disponibles sur YouTube, j’ai choisi l’extrait avec ma favorite, Anne-Marie Olivier. Vous avez jusqu’au 10 septembre pour en profiter.


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