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Le 20/08, à 20h 45 sur la chaîne Toute l’Histoire : « MORTS MYSTERIEUSES : VAN GOGH ».

Par Ananda

VAN GOGH ! Symbole par excellence de l’ « artiste incompris » !

« Un marginal tourmenté » sur le cas duquel ce documentaire s’interroge.

Quel fut le « lien entre sa folie et sa créativité » ?

La science moderne nous permettra-t-elle de percer enfin le mystère de sa mort ?

Deux certitudes sont à prendre en considération, pour commencer : « toute sa vie fut un voyage laborieux vers de nouvelles formes d’expression » et d’autre part, il subissait des crises qui tantôt le rendaient délirant, tantôt le « faisaient sombrer dans l’apathie ».

Alors, quel était son problème ? « Plus de trente ans après sa mort, le débat reste ouvert » et plusieurs experts scientifiques sont ici convoqués.

Pour le docteur Kay JAMESON, psychiatre, « l’origine du suicide la plus probable est la PSYCHOSE MANIACO-DEPRESSIVE, état chronique grave et souvent handicapant ».

Pour d’autres, ce diagnostic psychiatrique serait à écarter au profit de l’EPILEPSIE (qui fut le tout premier diagnostic porté par les psychiatres de son époque) ou encore de la PORPHYRIE, une maladie métabolique qui pourrait être à l’origine des « étranges crises » qui s’abattaient sur le peintre et notamment, de l’hallucination dont il fut victime dans les champs, alors qu’il était en plein travail.

« L’histoire familiale » de Van Gogh, déjà, peut nous mettre sur la voie. Elle révèle incontestablement des « troubles mentaux fréquents » : un frère cadet qui a , tout comme lui, fini par se suicider, une sœur que l’on dut interner en asile psychiatrique et un autre frère, le fameux Théo, qui toute son existence durant souffrit de « dépression chronique » puis, en fin de vie, se trouva terrassé par une psychose.

De Vincent lui-même quand il était jeune, sa propre sœur, Elizabeth, nous dit qu’il était « très sérieux et fermé » et qu’il avait pour habitude de marcher avec un air « étranger à lui-même ».

Il y a aussi le « petit cimetière » qui abrite la tombe de l’enfant mort-né un an avant la naissance de l’artiste, et prénommé lui aussi Vincent….cet autre Vincent pesa-t-il sur la vie de celui qui, en somme, le « remplaça », ainsi que le pensent certains auteurs ?

Fils de pasteur, Vincent Van Gogh eut d’abord pour premier souci, pour première obsession, « l’utilité » (« Puis-je avoir une utilité ? » écrit-il dans ses toutes premières lettres). C’est certainement cette préoccupation-là qui l’amena, en 1878, à devenir « prédicateur laïque » auprès des mineurs et des paysans. A cette époque, il se met à vivre dans un taudis et manifeste des convictions religieuses « intenses », qui lui attirent les foudres de l’Eglise.

La question se pose déjà de savoir de quelle manière interpréter cette tendance à l’excès de religiosité.

Kay Jameson : « une piété extrême est pathologique » ; mieux même, nombre de malades mentaux bipolaires « se prennent souvent pour Jésus ou pour un saint lors de leurs crises ».

Mais tout différent est l’avis d’un autre intervenant scientifique, le docteur KOSHBIN, pour qui tous les symptômes de l’étrange syndrome qui touchait l’artiste ‘regard absent, changement dans la perception des couleurs, piété si intense qu’elle était à même, par son excès, de gêner l’Eglise et d’occasionner des conflits, seraient à relier à « un dysfonctionnement de l’activité électrique du cerveau », en clair à de l’épilepsie. Koshbin ajoute : « c’est là une attitude typique de mes patients atteints d’épilepsie ». Sans oublier que « beaucoup de grandes figures religieuses étaient épileptiques ».

Là-dessus, John MAC GREGOR fait part de son opinion divergente : à son sens, le peintre souffrait juste de « problèmes de personnalité » résultant de ce qu’il appelle «une  personnalité compliquée ».

Suite à son différend avec l’Eglise, Van Gogh quitta son poste d’évangéliste et, dès lors, se mit à dessiner ses ouailles. De là datent ses premières œuvres picturales.

Artiste obsessionnel, le peintre « tentait de révéler le sacré dans son œuvre », qui devenait, en somme, la continuation de sa quête d’ordre spirituel.

Commentaire – fort juste – d’un des intervenants : « il nous a fait don de voir le sublime à travers la banalité des objets quotidiens ».

En 1886, à trente trois ans, sous l’effet d’un « besoin de nouveaux stimuli », le peintre néerlandais arrive à Paris, où son frère Théo l’héberge et où il s’intègre dans « un cercle de peintres ». Contact capital, qui lui permet de « modifier radicalement sa palette » et de « développer sa technique ». S’il subit l’influence des peintres impressionnistes, il prend rapidement son « propre chemin ».

Quelqu’un développe : « il utilisait les couleurs complémentaires, et obtenait ainsi un effet optique de mouvement ». Avec cela, ses sujets sont différents de ceux qu’affectionnait l’école impressionniste, puisqu’il  aimait à peindre «les gens qui se battent pour vivre ». Ne confiait-il pas, d’ailleurs, toujours dans ses lettres : « je m’entends bien avec les pauvres et les petites gens » ?

Il tombe, par-dessus le marché, « sous le charme de l’art japonais » et, à partir de ce moment-là, en vient à rêver de cette « lumière japonaise » qu’il finira par aller chercher à ARLES, dans le sud de la France.

C’est alors, pour lui, tout à la fois le début du « triomphe » et des problèmes médicaux.

Le triomphe ? Certes, car son art atteint des « sommets inattendus ». Même s’il « ne parvient pas à vendre ses tableaux, son enthousiasme habituel est à son comble ».

Citons John Mac Gregor : « il crée une toute nouvelle forme d’art, un nouveau langage visuel, et ce bien avant l’apparition de sa maladie ».

Madame JOHNSON , une peintre, renchérit : « « il travaillait avec la couleur comme s’il peignait avec des photons » et, sous son pinceau, les objets « semblaient faits d’électrons et d’atomes ». L’électron, l’atome, la physique moderne naissante venait juste de les mettre en évidence…

« Tout semble [chez Van Gogh] constitué de formes invisibles », fait remarquer la peintre.

Cette époque nous révèle, au travers de ses lettres, un Van Gogh à « l’intelligence aigue et concentrée sur son art » mais aussi un être qui commence à exprimer des plaintes touchant à sa santé. Van Gogh se plaint, en particulier, de pertes d’appétit, de fièvres, de nausées et de vomissements, ainsi que de « douleurs abdominales ».

Une hématologue, madame LOFTUS, soutient que de tels signes évoquent « une porphyrie intermittente évidente ». Van Gogh était, assurément, « un observateur attentif de son propre corps ».

Quant à la porphyrie, la scientifique nous explique qu’elle est « héréditaire » et qu’elle a « des répercussions tant physiques que mentales ».

Au plan mental, voilà, justement, qu’un nouveau problème médical surgit pour le malheureux Vincent, en l’espèce d’ « hallucinations suivies d’états confus ». A ce propos, l’explication du docteur Loftus ne tarde pas :  dans la porphyrie, les crises débouchent sur des «problèmes neuropsychiatriques », parmi lesquels figurent « les attaques, les douleurs abdominales » et, justement, « la confusion mentale ».

Cependant, dans l’optique de madame Kay Jameson, « ces mêmes symptômes peuvent être liés à le dépression », et ce d’autant que l’intéressé « mangeait mal, jeûnait très souvent » et oubliait de prendre ses repas, « trop concentré sur son travail ».

A cela, il faut ajouter une consommation d’absinthe plus qu’excessive. Très en vogue au XIXème siècle en raison de son « goût de réglisse », la « fée verte » sera finalement interdite en 1915. L’absinthe est, nous précise-ton, connue pour provoquer des « troubles psychiatriques «  bien identifiés : elle « affecte le cerveau » en accélérant l’activité des neurones, ce qui, à doses relativement modérées, induit l’euphorie et, à forte dose, peut provoquer, elle aussi, des crises épileptiques.

Pour pouvoir parler de porphyrie, argumente Kay Jameson, il faudrait pouvoir connaître la couleur de l’urine du peintre à cette époque. Or, absolument rien d’anormal n’a jamais été signalé sur ce chapitre.

Ce qui est indubitable par contre, c’est que le grand artiste « souffrait d’hyper- graphie ».

Là, les preuves abondent, sous forme de tableaux mais également de lettres. En l’espace de seulement quinze mois, pas moins de 200 tableaux furent peints à Arles, avec tout autant de dessins tracés à la plume ou au pinceau. Voilà bien ce qui s’appelle une « hyper-productivité » ! Vincent Van Gogh n’était « jamais satisfait de la quantité produite ».

Il nourrissait un rêve, celui de « créer une communauté d’artistes où l’on discuterait d’art » et il réussit, par ce projet, à attirer son confrère GAUGUIN.

Toutefois, une fois que celui-ci l’eut rejoint à Arles, leur relation se détériora vite. A cela, une raison, que s’empresse de nous donner le Dr Koshbin : « Van Gogh est incapable de respecter les limites ».

« Dans le cas de crises partielles complexes, les patients sont volontiers importuns »

Van Gogh n’avait pas peur de passer des nuits entières à perler peinture. Mais Gauguin, qui n’avait pas cette endurance, eut vite fait de s’agacer ; total : Van Gogh, sous l’effet de la contrariété, menaça son compère avec une lame puis, ensuite, eut l’impulsion folle de se sectionner une partie de l’oreille, qu’il offrit, prétend-on, « à une prostituée de son entourage ».

Kay Jameson n’en démord pas : « il souffrait de crises d’hyperactivité ; je suis quasi certaine qu’il était maniaco-dépressif ».

Son avis n’est toujours pas partagé par John Mac Gregor, pour qui « les crises de Van Gogh survenaient très rapidement », trop rapidement sans doute pour être des épisodes de maladie bipolaire. En témoigne cette lettre dans laquelle le peintre confie : « je n’avais aucun souvenir de mes crises ».

Ces crises étaient en tout cas de véritables ébranlements : à leur survenue, « la peur, l’angoisse et la souffrance sont écrasantes ».

De plus, le comportement de l’artiste devenant de plus en plus agressif (ce qui, souligne le tenant des « crises complexes partielles », n’a rien d’étonnant, les malades qui en sont atteints ayant une tendance marquée à « s’énerver plus vite »), les habitants d’Arles en vinrent à faire circuler une pétition demandant qu’on les débarrasse de lui.

Van Gogh, finalement, accepta d’être interné à SAINT REMY, où le psychiatre Félix REY émit à son sujet le diagnostic d’épilepsie. Mais il faut savoir qu’à l’époque, le terme d’épilepsie pouvait tout aussi bien désigner les « manies aigues », ce que ne manque pas de signaler le Dr Kay Jameson.

Un autre psychiatre consulté à l’époque, Théophile PEYRON, confirma le diagnostic de Félix Rey.

A l’asile de Saint Rémy, Vincent Van Gogh fut soumis à un régime de soins plutôt léger, à base de bains. On le laissa sans problème continuer à pratiquer son art, ce que, toujours visionnaire, il fit avec bonheur, à telle enseigne que ledit art atteignit encore « de nouveaux sommets ».

S’il commence à se trouver des gens pour s’intéresser à son œuvre, dans leur grande majorité les amateurs du temps sont rebutés par ses tableaux, qui sont jugés trop « chaotiques ».

La peintre commente : ce qu’il créait, c’était « une image à partir de la peinture et des marques », c'est-à-dire en totale rupture avec les règles picturales qui avaient cours alors (il fallait cacher le coup de pinceau, en aucun cas le montrer). Ce que Vincent Van Gogh cherchait à exprimer et exprimait, c’était en somme « ce que ça fait d’être humain, de vivre dans notre monde » ; c’était « l’essence des choses ».

A ce stade, le peintre, plus que jamais assailli d’ « angoisses indescriptibles », se mit à parler de « révélation ».

Selon John Mas Gregor, « il découvre peut-être une nouvelle vérité sous la forme d’une réalité plus profonde », que ses tableaux capturent.

Il n’en commet pas moins, à l’asile, une tentative de suicide. A ce propos, le Dr Loftus incline à penser qu’il était victime d’une addiction au terpène, un produit contenu dans l’absinthe, le camphre et la térébenthine.

Le 23 décembre 1889, suite à une « nouvelle crise importante », son bienveillant frère Théo, ne sachant plus à quel saint se vouer, le confie à un médecin d’AUVERS SUR OISE, le Dr Paul GACHET, ce qui lui cause « une tristesse énorme ».

On pense, là aussi, que Gachet soignait Van Gogh pour épilepsie.

Reste que « le traitement avait peu d’effet » sur le malheureux peintre et, le dimanche 27 juillet 1890, en plein champ, ce dernier se tire une balle dans l’abdomen. Blessé, Van Gogh réussit cependant péniblement à regagner sa chambre, où il finit par mourir, à trente sept ans, dans les bras de son frère Théo qui, par la suite, évoqua ce moment en disant : « il voulait mourir » ; il pensait que « sa tristesse n’aurait jamais de fin ».

Et pourtant ! John Mac Gregor, spécialiste en art comme en psychiatrie, ne nous affirme-t-il pas qu’il « était un amoureux de la nature et de la peinture », dont toute la peinture « était une fête » .

Van Gogh reste un profond mystère.

Epileptique ? Maniaco-dépressif ? Malade atteint de porphyrie ?

On ne sait toujours pas.

Peut-être vaut-il mieux ne pas trancher, comme nous inciterait presque à le croire la réflexion d’un des intervenants : « certaines théories n’excluent pas les autres ».

Le Dr Koshbin, pour sa part, met une dernière fois l’accent sur « les similarités entre troubles bipolaires et crises complexes partielles ».

Puis c’est le « duel » entre K. Jameson (« pourquoi aller si loin et parler de porphyrie », la maniaco-dépression étant, de loin, une affection bien plus répandue ?) et le Dr Loftus (« vision limitée » que celle de la maniaco-dépression au contraire, car il ne faut pas perdre non plus de vue les symptômes physiques).

Après cela, l’heure est venue des conclusions, et des extrapolations.

Jameson déclare : « il existe un lien très fort entre certains types de folie et de dépression et le génie », ce dernier étant une « interaction entre un esprit extrêmement inventif et une maladie qui exacerbe les émotions ».

Pour Loftus, Vincent Van Gogh « était un grand artiste MALGRE sa maladie et non GRÂCE A sa maladie ».

Pour John Mac Gregor enfin, « la maladie ne l’a handicapé que pendant un peu plus d’un an » alors que, pendant quatre ans, il put donner la pleine mesure de son génie.

Le dernier mot (poignant) reviendra à l’intéressé lui-même :

« quelle aurait été mon œuvre si j’avais pu travailler sans cette maudite maladie ? Mais le voyage est terminé ».

P. Laranco.


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