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L’Africain est un gentil enfant qui n’a pas grandi

Publié le 21 février 2008 par Frednetick

Retour sur un discours qui fit quelques petites vagues et connu finalement peu de retentissantes déclarations. Pourtant ces mots délivrés au coeur de l’Afrique sont aussi inoffensifs qu’une grenade, aussi offensants qu’une insulte, et au delà, le triste reflet d’un homme qui dit n’être pas un intellectuel.

Il faut que je l’admette, je pensais notre président plus fûté. Plus intelligent, plus fin, plus structuré surtout. La finesse politique avec laquelle il a écarté, trucidé, laminé, découpé, massacré, évicéré, émietté, dispersé toute opposition dans son propre camp tient donc du miracle chirurgical. Aussi fin qu’un machiavel, aussi lourd qu’une panzer division, aussi implacable qu’une nuée de criquets sur un champ de blé.

Se précipiter sur la suite (mais sans quitter cette page !)

Mais quand vient le moment d’activer la masse blanche qui ankylose sa boite crâniène, apparaît soudain un être totalement schizophrène.

Nicolas Sarkozy, l’homme, est capable de finesse itellectuelle, ses divers interviews en attestent bien souvent. Sa conceptualisation de la transcendance religieuse est fournie, pensée, intimement vécue, argumentée.

Mais parfois, comme on écarte un chien soudain devenu trop affectueux, ou un enfant qui devient très chiant à force de demander sans fin “mais pourquoi”, Nicolas se détache de l’intellect pour sombrer, corps et âme dans une beaufitude mentale, faite de préjugés éculés, de réflexions de bistrot et de yaka-faukon teintés de pragmatisme.

Il a donné à Dakar, ce jour de juillet 2007, dans la démonstration caricaturale, pour le plus grand désarroi de ceux qui espéraient ne plus jamais subir ces salmigondis passéistes.

Premier temps fort cette apostrophe aux “Jeunes Africains ” qui sonne comme un Jeunes de banlieue, avec le pagne en léopard en plus, la lance et les danses tribales pour faire couleur locale.

Second temps, encore plus fort, la perpétuation d’un imaginaire colonial qui voulait voir dans l’Afrique un pays fait de traditions, de mysticismes, de couleurs chaudes et de noirs pas trop concernés par l’évolution.

” Ils ont désenchanté l’Afrique”

“Ils ont abîmé un art de vivre. Ils ont abîmé un imaginaire merveilleux. Ils ont abîmé une sagesse ancestrale.”

” C’est en puisant dans l’imaginaire africain que vous ont légué vos ancêtres, c’est en puisant dans les contes, dans les proverbes, dans les mythologies, dans les rites, dans ces formes qui, depuis l’aube des temps, se transmettent et s’enrichissent de génération en génération que vous trouverez l’imagination et la force de vous inventer un avenir qui vous soit propre, un avenir singulier qui ne ressemblera à aucun autre, où vous vous sentirez enfin libres, libres, jeunes d’Afrique d’être vous-mêmes, libre de décider par vous-mêmes.”

Comme si l’Afrique n’avait jamais évolué. Qui aujourd’hui pourrait penser que l’Europe doit évoluer en prenant pour appui sa tradition millénaire, sa culture ancestrale, ses rites moyennageux? C’est pourtant ce que préconise notre président aux Djeuns d’Afrique. S’il ne fallait pas en être abasourdi j’en rirai volontiers.

Trosième temps, toujours plus fort, la généralisation. Jeune d’Afrique, L’homme Africain. L’Afrique compte presque 1 milliards d’habitants, et Sarkozy, roi de France leur donne de “L’Homme Africain”. Comme si la situation du bédouin saharien avait quelquechose à voir avec celle du jeune cadre Sud Africain, du poète Egyptien ou du pétrolier nigérian.

Comment un homme d’Etat européen peut-il en juillet 2007 faire l’erreur historique de croire que les 900 millions d’Africains partagent la même culture, la même religion, le même développement, et tout simplement la même histoire?

Comment peut-on à ce point simplifier la réalité qu’elle en devient une esquisse au lieu d’être une composition fournie? En fait assez facilement. Pour Nicolas Sarkozy comme pour beaucoup de gens, le film s’est arrêté quelque part entre le tarzan de Johnny Weismuller et le gentil bushman des dieux sont tombés sur la tête. Un imaginaire coloré, une sorte d’anti-réalité européenne/occidentale.

Comme s’il fallait sans cesse trouver dans cet alter égo un peu folklorique les raisons de se rassurer sur sa propre méthode de développement.

Il y aurait beaucoup encore à dire sur cette rhétorique intellectuelle.

Mais ce serait lui faire trop d’honneur que de l’exposer ainsi, elle ne le mérite pas.

Allez va, on oublie tout, et hop, Djeuns africain, enlève ton boubou, chausse des vraies chaussures, arrête de danser nu autour du feu des griots à la barbe blanchie et envole toi vers l’avenir

PS: si tu es informaticien de haut vol ou chercheur en physique nucléaire, on daigne même t’accueillir chez nous !

Cacher cette brillante littérature


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