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Angela et nicolas

Publié le 26 août 2011 par Dubruel

 


L'impromptu de Berlin

  La scène se passe dans les jardins du Château Bellevue, à Berlin. Angela von Mecklemburg et Nicolas de Neuilly se sont discrètement éclipsés de la réception offerte par le roi de Prusse.

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Nicolas :

> Madame, l'heure est grave : alors que Berlin danse
> Athènes est en émoi et Lisbonne est en transes.
> Voyez la verte Erin, voyez l'Estrémadoure
> Entendez les Romains : ils appellent au secours !
> Ils scrutent l'horizon, et implorent les Dieux.
> Tous les coffres sont vides, et les peuples anxieux
> Attendent de vous, madame, le geste généreux !
> De leur accablement ils m'ont fait l'interprète :
> Leur destin est scellé, à moins qu'on ne leur prête
> Cet argent des Allemands sur lesquels vous régnez.
> Cette cause est bien rude, mais laissez moi plaider...Angela :
> Taisez-vous Nicolas ! Je crois qu'il y a méprise
> Folle étais-je de croire à une douce surprise
> En vous suivant ici seule et sans équipage
> Je m'attendais, c'est sûr, à bien d'autres hommages !
> Mais je dois déchanter, et comme c'est humiliant
> De n'être courtisée que pour son seul argent !Nicolas :
> Madame, les temps sont durs, et votre cœur est grand
> Vos attraits sont troublants, mais il n'est point décent
> D'entrer en badinage quand notre maison brûle !
> Le monde nous regarde, craignons le ridicule !
> Notre Europe est malade, et vous seule pouvez
> La soigner, la guérir et, qui sait ? La sauver !
> Nous sommes aujourd'hui tout au bord de l'abîme
> Vous n'y êtes pour rien, mais soyez magnanime !
> Les Grecs ont trop triché ? Alors la belle affaire !
> Qu'on les châtie un peu, mais votre main de fer
> Est cruelle aux Hellènes, et nous frappe d'effroi !Angela :
> J'entends partout gronder, en Saxe, Bade ou Bavière
> L'ouvrier mécontent, le patron en colère.
> Ma richesse est la leur, ils ont bien travaillé.
> L'or du Rhin, c'est leur sueur et leur habileté.
> Et vous me demandez, avec fougue et passion
> De jeter cette fortune au pied du Parthénon ?
> Ce serait trop facile et ma réponse est non !Nicolas :
> On ne se grandit pas en affamant la Grèce
> En oubliant Platon, Sophocle et Périclès !
> Nos anciens nous regardent, et nous font le grief
> D'être des épiciers et non pas de vrais chefs !
> Helmut Kohl est furieux et Giscard désespère.
> Desserrez, je vous prie, le nœud de l'escarcelle !Angela :
> Brisons là, je vous prie, la nuit est encore belle
> Votre éloquence est grande et mon âme chancelle...
> Mais si je disais oui à toutes vos demandes
> Je comblerais la femme, et trahirais l'Allemande !  
(Ils s'éloignent, chacun de leur côté)


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