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Chômage : à gauche, urgence, agir (avant qu’il ne soit trop tard).

Publié le 26 août 2011 par Mister Gdec

 Chômage : à gauche, urgence, agir (avant qu’il ne soit trop tard).

33 600 demandeurs d’emploi de plus en juillet, soit une hausse continue depuis 3 mois, 2,756 millions chômeurs dans la seule catégorie A, un niveau de chômage sans précédents depuis 11 ans (9.2 %), et que dit la Police de l’emploi, en France ?

 «  Mr Le directeur (de pôle emploi), pour vous cette hausse du chômage, n’est-ce pas un échec ?

 - Non, pas du tout ! blablablabla…., « notre première priorité c’est de payer sans retards les allocations, blablabla, blablabla …, notre deuxième priorité, c’est l’accompagnement vers l’emploi. Mais pour les séniors , c’est plus long et plus compliqué ¹, blablabla, blablabla …, nous avons procédé à 46 000 radiations en juillet 2011 contre 44000 l’année dernière, faut arrêter les polémiques inutiles, cette syndicaliste ferait mieux de faire son boulot,  blablabla, blablabla ….». (entendu sur France Info ce midi…).

 Mais de qui se moque-t-on ? Quel mépris pour la souffrance humaine ! C’est quoi cet esprit technocratique qui tente de nous faire prendre des vessies pour des lanternes, en tentant de noyer le poisson si misérablement ? On le sait bien, que ce n’est pas Pôle Emploi qui crée des postes, comme je vous l’ai entendu dire tout à l’heure, Mr Charpy… Mais arrêtez de nous bassiner avec le retour de la croissance, ça fait trente ans que ça dure, ce charabia, faut arrêter, quoi. Merde. C’est grave, toute cette masse de désespoir que notre société crée depuis toutes ces années, en ne proposant pour seule solution que de faire la chasse aux assistés.  Sûr, c’est bien plus facile que de créer de l’emploi, hein ! Et quand on sait, comme je le partageais hier, que le gouvernement a décidé de ponctionner de 300 000 millions d’euros le budget du Fonds Paritaire de Sécurisation des Parcours Professionnels,  la preuve est faite que les annonces du gouvernement sont vraiment des tours d’illusionnistes ! Regardez ce que je dis d’un côté, mais pas ce que je fais de l’autre… D’ailleurs, quels médias ayant pignon sur rue s’en sont émus ? Quand on sait que ce fonds sert à financer les formations pour les demandeurs d’emploi, cela prend tout son sens, non, le jour même où l’on nous informe la larme à l’œil que les chiffres du chômage ne sont pas bons…

Wauquiez peut bien nous annoncer dans ce contexte qu’il va offrir généreusement un dixième mois de bourse qui ne va concerner que 20 % des étudiants, cela ne provoque chez moi qu’une réaction de surprise (feinte…)  : auraient-ils donc si  peur que les jeunes descendent dans la rue ? Cette mesure est une miette jetées aux chiens : la plupart des étudiants sont en effet dans l’obligation de travailler en plus de leurs études pour financer un  logement dont le loyer prend de plus en plus de place dans leur budget, quand bien même les parents ne seraient pas smicards.

 Dans la série « je sais de quoi je parle » (je vais encore jouer les vieux cons, mais faut bien que l’expérience serve, non ?)  : depuis l’âge de 23 ans, j’ai consacré l’essentiel de ma carrière au domaine de l’insertion professionnelle de différents types de publics, des plus jeunes aux plus âgés, des moins aux (un peu) plus qualifiés, hommes ou femmes, avec ou sans enfants, handicapés, bénéficiaires du RMI, chômeurs de longue durée, femmes seules privées de ressources, jeunes sans qualification, sortants de prison, en milieu rural comme en milieu urbain. J’ai œuvré dans différents cadres : insertion par l’activité économique dans le cadre de chantiers, d’associations ou d’entreprises d’insertion, formation continue, accompagnement à la recherche d’emploi, cabinets de consultants et d’out-placement, conseiller en bilans de compétence…

 J’ai vu passer des tonnes de mesures pour l’emploi, plus ou moins élaborées, sous forme d’allègements de charge pour les employeurs, de 3 mois à 5 ans, avec ou sans formation, payée le quart ou la moitié du SMIC (au mieux), quand ce ne sont pas de simples stages (lien) qui ne donnent rien du tout sinon le droit de se faire exploiter en toute légalité, et de se faire bercer de belles promesses qui n’engagent que ceux qui y croient… J’ai vu passer des gouvernements de droite, de gauche, du centre, avec des Ministres plus ou moins compétents, et qu’en est-il aujourd’hui ? Quel est le bilan, à l’issue de toute cette vie consacrée à ceux qui à mes yeux en avaient le plus besoin, à qui je devais mes (maigres) compétences ? Moi qui ait tant souffert plus qu’à mon tour de certaines périodes de chômage ?

 Toujours la même impasse sociétale, toujours les mêmes discours pseudo techniques propres aux services publics de l’emploi où se mêlent amphigouris, périphrases et galimatias pour dissimuler l’impuissance générale. Pourtant, le roi est nu : les chômeurs ne sont pas tous des feignants, il n’y a pas d’emplois pour tous, il faudrait en créer d’avantage, et notre système socio-économique ne le permet pas. Le chômage est une variable d’ajustement qui permet aux employeurs de payer leurs salariés le moins possible, surtout dans les secteurs d’activité où il y a beaucoup (trop) de candidatures… C’est la dure loi de l’offre et de la demande.

 Pour casser cela, seule une transformation sociétale conséquente le permettra. Nous avons donc besoin d’une politique de l’emploi efficace et obstinée, d’une réflexion orientée emploi et non rentabilité… y compris dans des secteurs d’activité qui devraient de par leur nature y échapper. Quand donc nos décideurs comprendront-ils en outre que le profit n’est pas (plus ?) synonyme de créations de postes ?

 Si la préoccupation de l’emploi pour tous était présente chez tous les élus, cela se saurait, et se verrait. Tel n’est manifestement pas le cas. Donner une place à tous ceux qui n’en ont plus ou n’en ont jamais eue, voilà qui devrait constituer l’essentiel d’un projet de gauche, plutôt que de veiller à enrichir l’actionnaire. Pourtant, beaucoup continuent d’adhérer à un mythe selon lequel ce serait la sacro-sainte entreprise qui ferait tout, qui créerait de l’activité, de l’emploi. Nous les avons laissé faire depuis plusieurs dizaines d’années, et pour quel (maigre) résultat ?

 Pourtant, malgré tous ces lieux communs de l’analyse empirique sur le sujet, que propose le parti socialiste de si particulièrement innovant ? Imaginatif ? Créateur d’emplois pérennes ?

Toujours et encore les mêmes recettes éculées qui n’ont jamais fait la preuve de leur efficacité, qui ne sont que rustines sur jambes de bois. Encore et toujours, une de plus, allons y, une nouvelle mouture des emplois jeunes qui ne serviront encore à rien, sinon créer de la désillusion.

 Un autre monde est possible. J’en veux pour preuve le domaine de l’économie sociale et solidaire qui fonctionne avec d’autres paradigmes que le culte de l’argent roi, qui a fait la preuve de son efficacité, et qui est si peu présent dans les discours socialistes. Je pense aussi à (puisqu’on ne lésine pas sur le sujet en ce moment une taxe progressive (ou une exonération de charges patronales) sur l’emploi plus ou moins forte selon qu’on privilégie ou non le recours à la main d’œuvre. Cela serait plutôt juste, et qu’on ne me taxe pas de démagogie et de méconnaissance de l’économie réelle : quels sont les secteurs d’activités qui créent le plus de valeur ajoutée, selon vous ? Ceux qui justement, pour une grande part, sont les plus automatisés, et emploient donc le moins de main d’œuvre. Leurs marges conséquentes ne devraient-elles pas être réinjectées dans l’économie réelle plutôt que dans les spéculations qui ont donné lieu à cette crise depuis 2008… Voire avant ?

 Voulez-vous donc continuer à collaborer à la consolidation d’un monde dans lequel un Bill Gates ou un Steve Jobs a plus de pouvoir sur la marche du monde qu’un chef d’état, et ce quelle que soit la taille du pays et son degré d’évolution sociétale, d’épanouissement des individus ?

 J’aimerais donc qu’à l’orée de ce rassemblement de la Rochelle qui va réunir une partie de la grande famille de la gauche française, ce ne soit pas seulement les moyens de résoudre le problème de la dette, mais également la politique de l’emploi que l’on entend mener, et les moyens d’une lutte efficace contre ce fléau social qu’est le chômage, qui soient au centre des débats. C’est d’une urgence vitale : notre société est en train d’en crever, bordel !

 Retrouvons notre cœur de gauche : l’humain avant tout !

 ¹ N’ y a-t-il donc pas une incohérence à vouloir nous faire travailler 2 ans de plus (cf. réforme des retraites) alors que les chômeurs âgés ont de plus en plus de mal à retrouver un emploi  ? « meuh non, meuh non, vous ne comprenez rien, Mr GdeC, l’effet n’est pas si mécanique, vous vous méprenez… blablabla … blablabla »)


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