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La fin de la vacance

Par Plumesolidaire

 

L’été est en Europe occidentale la période de la vacance.

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En France, le gros de celles et ceux qui ont eu la possibilité d’interrompre leur activité professionnelle et de celles et ceux qui ont les ressources pour s’offrir un temps de repos pendant l’été, seront demain tous rentrés à la maison.


Le retour fait place pour une partie d’entre eux à une courte période de dégrisement : ils avaient mis entre parenthèses les contraintes quotidiennes auxquelles ils doivent à présent se rééduquer. Le temps de déplacement vers le lieu de travail ou la recherche de l’emploi, la feuille d’impôt et les factures à payer qui tombent comme les feuilles mortes au début de l’automne, les préparatifs de la rentrée scolaire…

La couleur blanche de la peau chasse le teint hâlé des jours du temps libre, la balance est le marqueur un peu nostalgique de la bonne chaire des repas partagés, les photos sont déjà des souvenirs.

Mais le dégrisement est bien court.

Avec la fin des vacances correspond aussi le retour des journalistes.

Pendant deux mois, s’il se passe beaucoup moins d’événements heureux et malheureux dans le monde, c’est que les salles de rédaction sont vides. Le temps de la vacance est aussi le temps de l’information light : les reportages sur les festivals, les stations balnéaires – les méduses de Locarno, les prix à la location des logements et la qualité des restaurants -, les faits divers de l’été – noyades, chutes de montagne…-, nos petites guerres françaises en Afghanistan et en Lybie et leurs morts pour la France…Les guerres de qui ?

Le temps de la vacance médiatique semble être un « temps mort », un temps pendant lequel le tragique est lointain et amorti par les préoccupations des activités de détente, de plaisir apparemment incompatibles avec le temps des médias.

Mais en y regardant de plus prés,  qui aspire à la prolongation de ce temps mort de l’information sur la marche du monde et de la nôtre, n’aspire-t-il pas en fait à la prolongation d’un temps de vie plus conforme à ses plus authentiques désirs ?

Ne pas savoir rend heureux et nous renvoie plus ou moins consciemment à l’innocence et à l’insouciance de l’enfance. Corps libérés des vêtements, jouissance des espaces naturels libérés des foules, joie de la contemplation des paysages contre l’étroitesse de nos libertés de mouvements dans nos espaces urbains ; disponibilité à autrui pour la confidence, l’enrichissement mutuel, l’amour contre l’urgence, le stress de la ponctualité, les soucis qui rendent l’esprit indisponible.

L’hédonisme estival serait-il l’ennemi du tragique ordinaire comme de la catastrophe exceptionnelle dont nous sommes abreuvés au cours des dix autres mois de l’année ?

Entre le « rien savoir » et « juste savoir », il y a aussi la différence qui sépare le citoyen en quête de libération de l’emprise (mortifère) des informations, et le citoyen qui poursuit sans interruption son propre cheminement de réflexion par la lecture biophile.

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Rassurons-nous bien vite : avec la fin des vacances et le retour des cohortes médiatiques, revient la vraie vie des français.

Et ça commence par « Les Universités d’été » des partis politiques. Qu’on appelle aussi la rentrée politique, qui précède la rentrée parlementaire, la rentrée scolaire, les grilles des programmes de rentrée des médias, la rentrée universitaire…

C’est le tour de chauffe des rédactions avant la première polémique, le premier scandale, la première catastrophe internationale ou nationale, le prochain krach boursier, la future guerre...

Le tour de chauffe d’une année électorale qui promet d’être gonflée de petites phrases assassines, chargée d’idéologies nauséabondes, repue de réactions caricaturales et de déclarations byzantines.

Une année ballonnée de procès d’intentions, avec ses boucs émissaires et ses victimes expiatoires. Une année boulimique de fausses vraies informations qui n’intéressent que les affidés (la compétition entre les candidats du Parti Socialiste), et de vrais faux événements (la catastrophe annoncée qui ne se produit pas), d’évènements réels décrits qui nous laissent impuissants (la guerre en Lybie) ou de décisions essentielles cachées ou reportées (les dispositions qui devaient être mises en œuvre après la canicule de 2003).

Une année de turbulences, encombrée par ces esprits chauffés au bain marie de leurs préjugés, de leurs connaissances partiales et partielles ponctuées d’affirmations péremptoires, partisanes ou obscurantistes.

  

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J’ai lu un jour que la France est le pays de la culture du conflit, de l’égalité et de l’Etat Providence.

Le pays de l’égalité est en lambeaux, et le pays de l’Etat Providence poursuit sa disette notée AAA.

Il nous reste les oripeaux de la culture du conflit idéologique.

Le temps de la vacance n’est-il pas avant tout celui de la paix et du silence du vacarme politique et médiatique qui étend son emprise sur les esprits ?

Moi j’ai décidé de rester en vacance.

Et de préserver ma liberté de pensée et d’action.

J’ai dit

Plume Solidaire


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