Magazine Beaux Arts

L’étrange et le caché

Publié le 21 février 2008 par Marc Lenot

Taryn Simon ayant une exposition à la Galerie Almine Rech jusqu’au 15 Mars , je reprends le billet que j’avais écrit sur elle au moment de son exposition londonienne. Les deux expositions sont quasiment identiques, la Parisienne m’a semblé plus froide, plus muséale, mais je ne saurais dire en quoi.

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Taryn Simon est une jeune photographe américaine qui, le nez au vent (mais au prix d’innombrables négociations et de beaucoup de persuasion), recense des mythes : des lieux ou des objets d’importance fondamentale pour l’Amérique d’aujourd’hui, mais qui ne sont jamais montrés, inaccessibles, cachés. Dans An American Index of the Hidden and Unfamiliar, elle a photographié des QHS de prisons, le siège du Ku Klux Klan, un centre d’entraînement de la CIA, une installation de cryopréservation, un tigre albinos dégénéré ou une salle d’opération spécialisée dans la restauration de la virginité. Elle soulève le rideau qui sépare ceux qui savent et le public.

C’est bien sûr un travail politique, mais c’est aussi une manière de saisir la magie de l’interdit, l’étrangeté de ce frisson qui s’empare de nous devant ces zones inexplorées mais fascinantes. Devant ses photos, on devient curieux, voyeur, on voudrait s’éloigner, mais on revient sur ses pas, on relit les légendes très narratives.

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Celle de la photo ci-dessus, The Central Intelligence Agency, Art; CIA Original Headquarters Building Langley, Virginia, est consultable ici en anglais, ne la manquez pas, ça nous ramènera au rôle de l’art en général et à la propensité impérialiste de l’art américain en particulier. Devant ces images indiscrètes, on s’en veut un peu, comme de lire un magazine people chez le coiffeur (ci-contre, Playboy, Braille Edition; Playboy Enterprises, Inc. New York, New York : Playboy pour aveugles ???). Ses photos sont très pures et élégantes, presque étiques, sans fioritures, froides et distanciées.

François Bon a rencontrée Taryn Simon au Whitney il y a un an dans le cadre d’une mystérieuse Convention Steppenwolf qui a sûrement inspiré la photographe..

Photos copyright Taryn Simon, provenant de son site. Voir aussi les photos de l’exposition sur le site de la galerie, et ce document. Il y a aussi un livre.


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