Magazine Humeur

L’autruche Parisot s’enfonce tête baissée sous le sable de la «théorie du complot» !

Publié le 31 août 2011 par Kamizole

Je la savais d’une rare inintelligence, au point de l’avoir surnommée il y a déjà fort longtemps Parisot(te) mais là, elle atteint le summum ! Non seulement en pointant le rôle de Washington dans la crise de la dette en Europe (Le Monde du 29 août 2011) - entre autres titres du même tonneau – mais de surcroît en prétendant, contre toute réalité, d’une part que «Si l'Europe a été attaquée, ce n'est pas parce qu'elle est faible mais parce qu'elle est forte, et si elle est enviée, c'est parce qu'elle est enviable», les Américains ayant «orchestré» la crise de la dette en Europe «pour détourner l’attention des marchés de leurs propres problèmes d’endettement» dans un entretien au Figaro  (29 août 2011) après, selon elle que «la situation se soit tendue quand la Chine a commencé à faire la leçon aux États-Unis sur leur dette. Les Américains ont sans doute voulu alors repasser le mistigri à l'Europe».

Elle ne pouvait s’arrêter en si bon chemin ! Celui du ridicule, s’entend… Toujours selon elle «On a assisté à une sorte de guerre psychologique et à une tentative de déstabilisation de la zone euro (…) Nos banques sont parmi les plus solides au monde. Des 'unes' de médias américains annonçaient pourtant la mort de telle ou telle et même la fin de la zone euro. Nous sommes passés d'attaques sur l'Espagne à des attaques sur l'Italie, puis sur la France, jusqu'à des rumeurs de dégradation de l'Allemagne la semaine dernière ! » et, cerise sur le gâteau ! pour étayer sa théorie du complot «elle s’appuie notamment sur les "les rumeurs sur les banques françaises, qui se sont diffusées immédiatement alors qu'elles étaient absolument infondées" (…) estimant que lorsque «des publications américaines très lues par les investisseurs et les analystes financiers titrent sur de fausses annonces dramatiques, des questions se posent»…

Mame Parisot réagissant comme une Juponne-la-joie que vitupèrent régulièrement politicards et journalistes méprisants quand nous prétendons invoquer une quelconque manipulation !

Elle oublie purement et simplement que la rumeur dont il s’agit n’est nullement partie des journaux américains mais d’après Margherita NasiLe Monde, le Daily Mail et la Société générale: chronologie d'une rumeur (Libération, 12 août 2011) c’est un article du tabloïd britannique, le Mail on Sunday du 7 août 2011 qui mit le feu au poudre en affirmant que la Société Générale se trouve dans «un état périlleux», potentiellement «au bord du désastre» précisant que cette information émanait d’une «source gouvernementale de haut rang»… Diantre !

Le Mail on Sunday aurait présenté ses excuses «sans réserve» à la Société générale et retiré l’article incriminé de son site. Selon ce qui a été avancé mais démenti par la suite, il se serait appuyé sur un article (3 août 2011) de la fiction d’été du Monde «Terminus pour l’Euro» dont je vous donne le lien pour mémoire car cette collection a été retirée, y compris pour les abonnés… Les «marchés» auront eu raison du Monde J

Je ne sais pas si vous aurez suivi le film de cette rumeur mais j’ai eu beau lire force articles, je ne suis pas toujours arrivée à démêler l’écheveau entre la réalité des faits et comme le souligne Alexandre Couppey dans un article publié le 12 août 2011 «la rumeur de la rumeur» sur la Société générale (France-Soir)… Je croyais y être parvenue grâce à un très intéressant et clair article de Caroline Bruneau Le trajet fou de la rumeur qui a secoué la Société Générale (Le Figaro 11 août 2011).

Patatras ! Tout s’effondre : Lisa Buckingham, responsable du service économie du Mail on Sunday, dément toute mauvaise interprétation de l’article du Monde «Je peux vous affirmer que, journalistes comme sources, nous ne connaissions pas l’existence de cette série parue dans le Monde»… Acceptons. La langue dans la joue comme disent nos amis anglais. Il est vrai que cela la fichait terriblement mal qu’ils eussent pu confondre réalité et fiction, quand bien même celle-ci doit "faire vrai"pour retenir le lecteur.

Avec notamment le récit d’un long débat à New YorkJohn Paulson, patron d’un hedge fund expliquait que «le risque majeur pour l’Europe est la fragilité de son secteur bancaire et sa dépendance aux fonds monétaires américains (…) ajoutant : Le régulaeur américain insiste auprès de ces fonds qu’ils investissant dans du papier plus liquide que celui de la Société générale ou d’Unicredit». Deux banques citées par le Mail on Sunday…

Quittons le domaine de la fiction. Dans un article de Julie de la Brosse dont le titre devrait faire réfléchir sept fois Laurence Parisot avant de déblatérer Les banques françaises sont-elles à l'abri des spéculateurs ? (L’Expansion, 12 août 2011) il est indiqué que le même Paulson qui se fit des fouilles en or au moment du krach boursier de septembre 2011 ainsi qu’au plus fort de la crise grecque (pour autant que je me souvienne, il aurait été dans le collimateur de la SEC au même titre que Goldman Sachs et des filiales américaines de banques européennes) aurait sans doute dernièrement manqué de flair sur les titres liés aux dettes souveraines car il afficherait un repli de 30 % depuis le début 2011… On va le plaindre.

Les dirigeants de la Société générale dont le titre avait dévissé le 10 août de presque 15 % (et même plus de 20 % en séance) et au sujet duquel même le très sérieux Guardian s’interrogeait : «Est-ce que la banque française SocGen est sur le point de faire comme Lehman ?» (pour mémoire, ce fut la seule grande banque américaine – plus que centenaire – à disparaître dans la tourmente de septembre 2008) Demandait l’ouverture d’une enquête (Le Monde du 11 août 2011) alors que pendant le même temps selon un article d’Alexandre Couppey L'AMF – le "gendarme" de la Bourse - avertissait les propagateurs de rumeurs (France-Soir 12 août 2011), menaçait de sanctionner ceux qui propagent des rumeurs ou qui en profitent et d’en «tirer toutes les conclusions»…

Toto fais-moi peur ! «L'AMF observe que le fonctionnement régulier des marchés est altéré par la diffusion de rumeurs infondées concernant les valeurs financières cotées à Paris (…) La diffusion d'informations infondées peut constituer un manquement susceptible de sanction, de même que le fait d'en tirer profit »…

C’est oublier plusieurs choses. D’une part, si l’on tente de faire "l’anatomie d’une rumeur" on s’aperçoit le plus souvent qu’elle prospère et se propage rapidement parce qu’elle se fonde sur des éléments crédibles et qu’en tant que telle, est bien reçue dans la population ou le public concerné. Ici, celui de la finance dont le moins que l’on en puisse dire étant que la rationalité n’est pas son fort ! En témoigne la réaction d’un analyste :«Je n'ai javais vu autant d'irrationnalité sur les marchés», témoigne un analyste  (20 minutes le 11 août 2011).

D’autre part et de tout temps les rumeurs ont été un élément intrinsèque des marchés boursiers et de la spéculation. Mais elles leur impact était nécessairement limité du temps où les opérations boursières avaient lieu physiquement autour de la corbeille de chaque place. Les différents opérateurs et intervenants n’ayant de surcroît en raison des moyens de communication moins rapides qu’aujourd’hui connaissance des tendances des Bourses étrangères au mieux que le lendemain, surtout compte-tenu des décalages horaires entre par ex. les Etats-Unis et l’Asie.

Il est bien évident qu’à l’heure d’Internet et autres twitter, les informations circulant à la vitesse de la lumière (π 3,14) la diffusion des rumeurs prend des proportions inouïes. Je lis par ailleurs que les rumeurs se seraient propagées par l’intermédiaire d’une messagerie instantanée où les journalistes de l’agence de presse Reuters s’échangent les informations… Bien malin celui qui voudrait en découvrir l’origine exacte et surtout ! démontrer l’intention de nuire et/ou de frauder, l’intention étant un élément essentiel du droit pénal et donc des sanctions éventuelles fussent-elles prises par une autorité administrative telle que l’AMF.

Pour en terminer avec cette question de rumeur sur une touche marrante, je n’ai pu m’empêcher de rire à la lecture de deux titres. L’Elysée devise, les banques dévissent, article de Nicolas Cori dans Libération (11 août 2011) et Crise de la dette : Et si la réunion d'urgence à l'Elysée avait affolé les Bourses ? paru dans le 11 août sur E24, le supplément économie de 20 minutes… Avouez que c’est trop drôle ! Nicolas Sarkozy - qui voulait encore une fois se donner le beau rôle de sauveur des marchés – interrompant ses vacances pour se précipiter à l’Elysée et y tenir une réunion de crise (accréditant ainsi la gravité de la situation des banques françaises)… et se transformant du même coup en "accélérateur de rumeurs". Preuve s’il en était encore besoin que ce curieux alchimiste est capable de transformer l’or de tout ce qu’il touche en plomb le plus vil J

Mais franchement - et n’en déplaise à Laurence Parisot et ses billevesées sur la prétendue robustesse des banques françaises – avait-on besoin d’une rumeur pour savoir que les bilans de la plupart des banques françaises (et sans doute d’un grand nombre d’établissements européens) sont aussi plombés par les titres des dettes souveraines que naguère ils le furent par les morgate subprimes américaines qui mirent le feu aux poudres en septembre 2008 ? Depuis plusieurs mois, de (rares) économistes et observateurs plus lucides que les autres tiraient en vain la sonnette d’alarme sur la situation des banques et le déficit monstrueux du Trésor en France. Pour le moins, ils éclairaient notre lanterne. Je ne fus nullement surprise par cette débâcle.

Il n’y a au demeurant que les imbéciles à être rassurés à cet égard par les fameux «stress tests» que les établissements bancaires français passèrent il y a quelques semaines avec le succès que l’on sait puisque les autorités de contrôle eurent le très bon goût de ne pas tenir compte des engagements des banques en matière de dette souveraine. CQFD

Personne ne doute plus que le gigantesque cargo «Europe» ne soit à quelques encablures du grand naufrage non plus qu’aucun remorqueur si puissant fût-il ne pourrait le tirer des écueils où l’ont précipité ses capitaines successifs par excès d’ultralibéralisme et qui déchirent sont étrave. Il y a quelque chose de plaisant en même temps que navrant à voir la pauvre Parisot se raccrocher à la bouée de sauvetage – souvenons-nous que le Titanic était réputé insubmersible ! – de sa fable de l’Europe «forte et enviable».

J’imagine très bien Laurence Parisot en naufragée hagarde et décharnée du «Radeau de la Méduse»… dont le capitaine était aussi incapable que les dirigeants de l’Union européenne et de la Banque centrale européenne ou Nicolas Sarkozy et sa bande de branquignols de naviguer par gros temps en pleine mer… des idées de dessins ou photo-montages pour mes amis Pierre Ballouyey ou Cpolitic !

Plaisant par ce que les faits et les chiffres qui sont toujours fort têtus lui infligent – en même temps qu’à tous les laudateurs des bienfaits de l’ultralibéralisme, de la mondialisation et des délocalisations à tout va qui en sont le corollaire – la leçon qu’elle mérite. Navrant parce qu’elle est incapable de la comprendre, toute confite en religion : l’idéologie ultralibérale ne le cédant en rien aux sectes de toute nature.

A preuve : elle persiste et signe quant aux remèdes à apporter à la crise actuelle, «saluant le plan de rigueur du gouvernement», elle ajoute que «l'idéal serait un ratio de 1 à 2 : deux fois plus d'économies sur les dépenses que de hausse sur les recettes sociales et fiscales». Pour mieux encore plomber le budget de l’Etat, elle préconise que «le plafond du taux réduit d'impôt sur les sociétés (15%) pour les entreprises soit relevé à 10 millions d’euros»… Je convertis en francs : quasi 66 millions de francs… Qu’importe : les pauvres et pauvres con…tribuables doivent payer !

Etre à ce point incapable de comprendre que tous les remèdes de cheval imaginés par les ultralibéraux pour lutter contre le marasme économique laissent le malade sans doute guéri – du déficit budgétaire – mais mort… relève de l’absurdité la plus totale. Encore une fois, j’aimerais qu’elle expliquât comment on peut à la fois réduire aussi drastiquement le pouvoir d’achat du plus grand nombre des Français et souhaiter ensuite qu’ils consomment pour relancer la croissance et espérer réduire le nombre de chômeurs qui ne peut que croître de façon exponentielle dans ce cas de figure.

Tenter de prouver la quadrature du cercle relève de la même gageure. Mais ce n’est plus du domaine des théories abstraites : nous en crevons littéralement sur la planète de «l’économie réelle».

Pour en apporter la preuve indiscutable, pendant que je finissais cet article, je fis un détour sur ma boîte pour jeter un coup d’œil sur les nouveaux messages et sur l’Info-lettres du Monde qui paraît maintenant en milieu de matinée je découvris ce titre : Le niveau de vie des plus aisés augmente, celui des plus modestes baisse, la pauvreté s’accroît paru sur le blog «Conte public» de Philippe Le Cœur (Le Monde du 30 août 2011. 13, 5 % des Français, plus de 8 millions de personnes soit 1 Français sur 7, vivant en-dessous du seuil de pauvreté : 900 euros par mois. Leur nombre ayant encore augmenté depuis le dernier rapport de l’Insee. Et encore, s’agit-il des chiffres de 2009 puisqu’ils sont toujours connus 2 ans après ! Mes pauvres amis, nous allons morfler grave.

Si c’était moins tragique pour nous dans la vie quotidienne je pourrais me réjouir de voir le système ultralibéral sur le point de s’effondrer sur lui-même augurant sans nul doute l’implosion ou l’explosion façon puzzle de l’Europe et de la zone euro moribonde.

Mais l’on nous fera toujours payer les pots cassés comme d’hab. Nicolas Sarkozy hésitera-t-il pour remettre encore des centaines de millions au pot – sans exiger nulle contrepartie ! - pour sauver une fois de plus les banques de leurs propres turpitudes ? «Quand on aime on ne compte pas» ! Et peu lui chauleront les déficits abyssaux des finances publics. Perpétuelle «fuite en avant».

Pour en terminer avec elle, je ne la remercie pas la Parisot ! Non pas tant pour ce qu’elle veut encore nous infliger – elle est indécrottablement ultralibérale – mais pour le travail supplémentaire qu’elle vient de me donner alors que j’avais bien d’autres sujets sur le feu. Remarquez que c’est moi toute seule qui me l’inflige ! Mais je ne pouvais laisser passer un tel flot d’inepties (je reste vachement polie, hein ?) sans réagir. Plus fort que moi.

Mais puisqu’elle invoque le «complot», quelques derniers mots pour lui river son clou. Elle connaît pertinemment les lieux – plus ou moins secrets, disons le plus discrets possible sinon nous n’en aurions pas du tout connaissance – où s’élaborent les projets ultralibéraux, ces officines qui sont de fait le lieu de rencontre des véritables maîtres du monde. Qu’ils soient dirigeants politiques ou d’entreprises. Ils sont pour dénomination : Le Siècle (Parisot y a son rond de serviette), le groupe de Bidelberg ou la Trilatérale.

Et me font penser au magnifique ouvrage de Viviane Forrester, «Cette étrange dictature» dénonçant dans une langue aussi poétique qu’efficace la main-mise de ceux qui dirigent et orientent les marchés sur les décisions et orientations politiques.


Retour à La Une de Logo Paperblog