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Le costume-cravate en entreprise

Publié le 02 septembre 2011 par Modissimo

dresscode corporate costume Le costume cravate en entreprise : Décryptage d’un dress code

C’est la rentrée ! Youpi.

Nouvelle année, nouvelles résolutions.

Comment aller au boulot bien habillé, mais sans s’ennuyer? Les corporate dress codes des grandes entreprises, bien qu’utiles à la brebis perdue, ont parfois tendance à être un tantinet soporifiques… Dans une volonté d’avoir des employés modèles qui représentent la marque, ces guides coercitifs s’évertuent à vouloir faire de chacun un poème à la mortification vestimentaire. Quelle tristesse. Mais n’allez pas croire que Modissimo promulgue le négligé ! Certes non… Mais il faut néanmoins savoir faire la part des choses.

Oui, on peut contourner les sempiternelles chaussures noires en allant au bureau! Si vous faites partie d’un établissement qui exige une tenue correcte pendant les horaires de travail, sachez que le costume d’extrême-onction n’est pas forcément le must et la garantie d’un zéro faute. Et puis à la longue, quand on travaille 5 jours par semaine et 335 jours par an dans la même boite, la monotonie vestimentaire se fait oppressante.

Des règles immuables et pas forcément connues de tous sont à respecter, surtout pour le port du costume. Mais contrairement à ce que veulent faire croire les croque-morts  rédigeant les corporate dress codes, une allure élégante et professionnelle peut aussi être originale.

Rappel aux usagers : Les conseils divulgués ci-dessous sont ânonnés dans un référentiel sartorial. Cet article ne s’adresse pas aux employés Google qui jouent aux fléchettes dans leur bureau, avec pour seul accoutrement le radieux ensemble blue-jean 20 ans d’âge, tee-shirt blanc et baskets défraîchies. (Qui, en soi, est un uniforme comme un autre, mais bien moins intéressant à étudier).

Pour plus de limpidité dans les explications fastidieuses, un guide obtus et dogmatique semble, encore une fois, tout indiqué.

DO

Il se peut que vous vous heurtiez à une hiérarchie obsolète et décatie, réfractaire aux couleurs non-neurasthéniques. Et se cramponnant de ses griffes carnassières aux dress codes moribonds. Dans ce cas, l’auteur se disculpe de toute responsabilité contractuelle, et prévient le lecteur trop présomptueux par cette sentence : «Mieux vaut travailler en veston gris que de se faire virer en veston jaune».

Le costume

(Dior Homme, Stark & Sons, Hackett, The Kooples, Hugo Boss, De Fursac, Zara…)

Une des premières choses que l’on voit sur la tenue, c’est la veste. Conséquemment elle doit être bien taillée, éventuellement agrémentée d’une pochette sobre. La couture des manches arrive sur la jointure de l’épaule, et non quelques centimètres plus loin. Surtout si vous êtes de petite taille, faites-y attention, une veste trop ample risque de vous faire passer pour un stagiaire endimanché.

Évitez les coupes vraiment trop cintrées, contrairement aux fâcheuses tendances actuelles. On doit toujours pouvoir fermer le bouton central quand on est debout (et uniquement celui-ci d’ailleurs). Les manches doivent arriver à la naissance de la main.

La veste croisée revient à la mode, c’est vrai ! Sur un mannequin ectomorphe, ça a du panache en matière de caban, de veste de mi-saison. Mais pour ce qui est du costume, la veste croisée doit être réservée aux hommes corpulents.

image 2 620x465 Le costume cravate en entreprise : Décryptage d’un dress code

Shooting GQ (Trouvez l'erreur...)

Le pantalon du costume doit être bien coupé (!), c’est-à-dire qu’il doit produire une légère cassure sur le devant de la chaussure, mais rester bien droit et ne pas « tirebouchonner ».

Préférez une coupe plus actuelle en le choisissant assez étroit. Quand on voit dans la rue certains vétérans en costume du dimanche avec le pantalon effet baggy vintage, on se dit que cette tendance était très bien dans les années 70, qu’elle y reste. De façon globale, une coupe de costume plus resserrée est préférable et étire la silhouette (surtout si vous êtes jeune et svelte). L’idéal, si votre compte en banque n’est pas à plaindre, c’est que vous tapiez dans un costume sur-mesure, c’est cher, mais vous pouvez être sûr qu’il correspondra parfaitement à votre silhouette.

Un costume digne de ce nom ne peut être égayé de grosses rayures colorées ; certes. Par contre, il n’y a pas d’inconvénients à arborer un ensemble dans des tonalités qui sortent du gris anthracite. Un costume beige, camel, vert sombre, ou même rouge bordeaux peut être faire très raffiné, à condition que le reste de la tenue soit irréprochablement assortie. Nous y venons.

Bonus

  • Sur les boutonnières des manches du blazer, on laisse déboutonnée la dernière accroche, c’est plus chic.

  • On peut opter pour un costume pourvu d’un seul bouton, c’est très élégant et ça évite les erreurs de boutonnage.

  • Dans un cadre de travail légèrement moins strict, osez les pièces dépareillées. Un beau blazer bleu marine avec un pantalon beige, par exemple. C’est peut être moins formel que le costume, mais tout aussi distingué. En revanche, à moins de travailler dans la mode, il vaut mieux s’y essayer avec des couleurs discrètes.

  • En parlant de formel, l’usage d’un gilet à porter AVEC un costume donne un côté très smart, que tout le monde remarquera. Pour le coup, il doit être obligatoirement de la même couleur et du même tissu que le costume. Certains puristes, voyants extralucides sur les bords, prétendent de surcroît que le gilet doit être réalisé par la même personne et avec le même matériel pour qu’il y ait la même « tension » dans le tissu…

La chemise

(Charvet, Zara, Givenchy, APC, Atelier 99, Hermès…)

C’est une pièce également très importante du vestiaire masculin. D’autant plus qu’en été, même dans la plus stricte banque luxembourgeoise, on « tombe la veste » pour s’abandonner dans les bras de chemise (oui c’est autorisé). Elle sera donc très voyante, et c’est pour ça qu’il faut faire attention à bien la choisir.

Concernant le tissu, en coton de préférence, il est épais en hiver et fin en été, ok. Une multitude de tissages différents s’offre à vous : oxford, fil-à-fil, chevron, twill, mais aussi un nombre incalculable de coloris, des couleurs pleines aux motifs divers et variés (soyez soft sur ce point là, rayures ou petits carreaux).

Avec un costume de boulot, le poignet de la chemise doit dépasser légèrement de la manche de la veste, d’un à trois centimètres. Et contrairement aux croyances populeuses, on peut s’essayer à n’importe quelle couleur de chemise, pour peu qu’elle soit accordée au reste de la tenue.

Ce vêtement doit être coupé selon votre morphologie, et pas trop près du corps, ce n’est pas un tee-shirt. Si vous êtes mince, choisissez-la étroitement taillée. Si vous avez de l’embonpoint, préférez la coupe droite. Soi-disant démodée, au point que certaines marques n’en fabriquent même plus, la taille droite est largement préférable pour cacher une éventuelle bedaine ventripotente. Rien n’est plus triste que de voir de pauvres boutonnières de chemises slim-fit tiraillées par les forces adipeuses d’un homme en surpoids.

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Chemise pin collar, de couleur corail à rayures blanches - Massimo Paglia

Veillez à choisir une chemise dont le col soit proportionné à celui du costume, de façon à ce qu’il y ait un centimètre de col de chemise qui dépasse. Du coup, un costume The Kooples, étriqué, avec des revers très minces, ne doit pas être porté avec une chemise à gros col, et inversement.

La largeur du col doit dépendre de la taille habituelle de votre nœud de cravate.

Abstenez-vous du col très haut, à la Lagerfeld, c’est juste ridicule. Plus votre cou est long et fin, plus vous pouvez augmenter en hauteur de col, avec un maximum toléré de 7 centimètres. Ensuite, libre à vous de choisir une forme de col correspondant à votre intime conviction : club, mao, anglais, américain, italien, tchécoslovaque… Sachez tout de même qu’un col pointu sied plus à un visage rond et un col rond à un visage anguleux.

Bonus

  • Comptant parmi les rares bijoux masculins, le bouton de manchette est indéniablement un atour dont il faut se parer. Portés sur une chemise à poignets mousquetaires, ils sont élégants sans faire overdressed. Permettant une touche d’originalité . Il faut qu’il y ait un minimum d’harmonie avec la chemise…. Évitez juste ceux qui sont trop subversifs, parce que ça se voit vachement, un bouton de manchette… Et si vous arborez des femmes à poil miniatures aux poignets, ben vous passerez pour un gros beauf libidineux.

  • Les passementeries, quant à elles, sont faites en cordons de tissus, c’est plus sobre qu’un bouton de manchette, mais pas forcément moins habillé. Prenez-les dans une couleur coordonnée à celle de la chemise. Chemise verte = passementeries vert sombre ; ou osez carrément une couleur flashy mais dans ce cas on veillera à accorder sa cravate au même diapason.

  • Les chemises tab collar ou pin collar (cf. photo ci-dessus) sont pourvues d’une petite patte boutonnée ou d’une broche, qui relie les deux extrémités du col, à porter avec une cravate, of course. Cet astucieux procédé va permettre de donner une « assise » au nœud de cravate afin qu’il soit parfaitement équilibré.

  • Avec une chemise colorée, essayez-vous aux manchettes et cols blancs, pour un petit coté preppy très coquet.

La cravate

(Alain Figaret, Hugo Boss, Prada…)

Il faut adopter un modèle qui vous corresponde. Dans la cravate, tout est question d’anatomie. La largeur de la cravate dépendra de votre propre largeur. Si vous êtes fin, optez pour une petite cravate fine mais pas trop, en soie ou en tricot. Dispensez-vous de la cravate-bavoir-serviette (si vous êtes gros aussi d’ailleurs, mais dans une moindre mesure).

Un nœud correctement fait est indispensable. On a le choix entre le nœud simple, windsor, double windsor… Ils sont tous sympas, mais le deubeule fait un peu précieux. Plus le nœud est gros, et plus on doit être gros. Un petit nœud sur un gros monsieur disproportionne la silhouette.

Last but not least, la cravate est nouée de façon à ce qu’elle tombe au niveau de la ceinture, pas plus bas, pas plus haut.

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On peut voir ici la classique cravate assortie à la chemise, mais l’ensemble est égayé par le petit pull bleu à col en V, qui fait office de néo-gilet.

La tendance colorée en vogue, pour les foufous qui osent en matière vestimentaire, c’est la chemise violine avec la cravate violet sombre. Oui mais maintenant on en voit à tous les coins de rue, et l’astuce se décline dans toutes les couleurs de l’arc-en-ciel. Réflexe pavlovien d’un cerveau anticonformiste : on veut changer. Rien de plus simple, il suffit d’accorder la cravate avec une chemise de couleur opposée : chemise bleue – cravate rose, chemise verte – cravate rouge… Dans ce cas-là, on veille à rester dans des nuances très pâles, sinon vous passerez pour Bozo le Clown et ne serez plus crédible face à vos collègues du cabinet d’audit.

Bonus

  • Même en été, avec un dress code costard-cravate très strict, on ne déboutonne jamais le dernier bouton de la chemise, ou alors on enlève carrément la cravate. Car c’est très moche, une cravate portée sur un col déboutonné.

  • L’épingle à cravate revient à la mode, et on en profite ! On la choisit simple et sobre comme dans A Single Man, pour éviter de faire trop maniéré. C’est élégant et permet d’accessoiriser agréablement.  Cet ustensile a un côté pratique aussi, quand on est en repas d’affaire face à un bol de soupe, ça évite de tremper allègrement la cravate dans le plat.

  • Par contre, évitez de faire la totale en combinant chemise pin collar+épingle à cravate+dimple clip… Sinon on va vous surnommer le robocop psychopathe et les gens s’enfuiront en hurlant à votre venue (au moins).

La ceinture

(Chambord, Raffaello Handmade, S.T. Dupont…)

On ne porte pas un costume sans ceinture. C’est une règle imprescriptible gravée dans la roche. Elle doit être portée au niveau de la taille, et pas au milieu des fesses.

La plupart du temps, on met une ceinture en cuir à boucle classique, mais on peut aussi porter une ceinture en tissu. En ce cas, elle est forcément vendue avec le costume, car le tissu doit être rigoureusement identique.

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Ceinture Loding, patine façon bois, réalisée par Paulus Bolten

Il faut en principe accorder la couleur de sa ceinture à celle de ses chaussures. Oui, mais on peut aussi opter pour une paire de derbies bicolores, avec un costume c’est très chic et dans ce cas on se fendra d’une ceinture qui n’a rien à voir, à condition de rester dans des tons unis. Une ceinture d’un bel orange Hermès, ça peut très bien rendre avec une paire de bicolores vert crème et marron.

Il existe des tailles pour les ceintures, donc évitez de vous retrouver avec une ceinture devenue multi-brides du fait de sa longueur excessive pour votre tour de taille. La ceinture doit idéalement dépasser d’une dizaine de centimètres de la boucle, de façon à ce que l’on puisse la glisser dans le premier passant du pantalon.

Les chaussures

(Loding, Berluti, Fratelli Rossetti, Lobb, Crockett & Jones, Altan, Corthay, Weston, Brett & Sons…)

Une paire classique de richelieus, fleuries ou non, ou une paire d’Oxford, ou des one cut (les plus belles), c’est sûr, c’est la base. Oui, mais on peut aussi arborer des bottines Chelsea, des mocassins, des derbies… Il faut juste que ça reste toujours du cuir, semelle comprise, et que ça fasse urbain.

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Souliers « Piercing » Berluti – patine en six tons de verts automnaux, réalisée par Paulus Bolten

Encore une fois, les chaussures noires, ça va avec tout, mais c’est pas drôle. Couleurs autorisées donc, pour peu que ça s’accorde au costume. Souliers beiges ou marrons avec un costume gris, rouges avec un bleu, verts avec un beige, bleu pétrole ou noirs avec un marron – vous vous y retrouvez dans les ellipses ? Choisissez-les dans un beau cuir lisse et souple, afin que les plis d’aisance ne soient pas trop marqués à l’usage. Pour des chaussures du quotidien, le montage goodyear est plus conseillé que le montage blake, car plus résistant.

Dans tous les cas, et surtout avec un costume, soyez sobres sur les fioritures. Autant la couleur peut être criarde, autant la forme et la peau se doivent d’être les plus simples possible.

Bonus

  • On aime ou on aime pas, mais arborer une paire de chaussures, patinée aux nuances du reste de la tenue, c’est le summum du chic. La photo ci-dessus est un très bel exemple de patine originale qui peut faire twister tout une tenue.

  • Choisissez des marques de chaussures qui soient avant tout des bottiers, la qualité et le confort seront ainsi au rendez-vous, et les premiers prix sont aux alentours de 150 euros, pour Brett & Sons et Loding.

Les chaussettes

(Gammarelli, Falke, Mazarin, Zara, Burlington… Ok c’est un peu ridicule sur les bords d’énumérer des marques de chaussettes)

Les chaussettes courtes ou les socquettes blanches sont formellement  interdites. Avec un costume, il faut mettre des chaussettes qui arrivent à la moitié du mollet, de façon à ce qu’assis, la peau velue rappelant nos origines animales soit honteusement cachée de l’œil inquisiteur des collaborateurs.

Tissées en fils d’Ecosse, en soie ou en coton, libre à vous, tant qu’elles ont une belle apparence lisse et légèrement satinée. Les chaussettes à fines côtes présentent la particularité d’affiner la cheville et d’attirer le regard sur les chaussures. Autour d’un cognac millésimé, vos jambes croisées ostensiblement, le collègue de bureau calcéophile ne manquera pas de remarquer vos jolis souliers mis en valeur par la chaussette.

Il existe un raffinement de la chaussette messieurs.  Asservi par le joug de l’étroitesse vestimentaire masculine, le dandy éploré trouve toujours, jusque dans les plus saugrenus vêtements, le moyen de déployer des trésors de sophistication insoupçonnés. Ainsi en va-t-il de la chaussette Gammarelli. Cette honorable maison romaine réalise, depuis 1790, les plus belles chaussettes dans des tailles unitaires, du 36 au 48. Elle à l’apanage du chaussettage de la prélature catholique dans des pourpres cardinalices, violets d’évêques et autres noirs monacaux. L’intelligentsia française en a fait son dada. Et c’est disponible sur le site Mes Chaussettes Rouges, pour des prix étonnamment bas.

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Chaussettes Mazarin en fils d’Ecosse

Demeure la grande question existentielle, étant probablement à l’origine d’au moins une des deux guerres mondiales… La chaussette s’accorde-t-elle au pantalon ou aux chaussures?!

Ben en fait, les deux sont possibles. Avec un costume sombre et une paire de chaussures rouges par exemple, les chaussettes devront être dans une tonalité rouge. À l’inverse, quand vous portez un costume clair, et donc des chaussures sombres, il vaut mieux accorder les chaussettes au costume, en plus il paraît que ça allonge la jambe.

Mais il y a ce vent de dandysme qui souffle sur notre vieille Europe, et aujourd’hui, on peut, sans que l’amateur averti ne pousse de hauts cris, porter des chaussettes criardes, qui soient complètement décorrélées du reste de la tenue. À condition que leur couleur reste unie.

Dernier détail, nul besoin de claquer 50 balles par paire. On trouve des chaussettes très correctes à 10 euros. (Et même des chaussettes en fils d’écosse à 5 euros les deux paires chez Tati, si c’est pas génial ça !).

Le caleçon

… Non on plaisante. Vous pouvez porter un string résille Chantal Thomass aussi bien qu’un slip kangourou, tout le monde s’en fout. Le courroux divin modissimesque ne se déchaînera en aucun cas.

DON’T

Ces incongruités qui nous dépassent, qui ne relèvent pas d’une absence d’information, mais plutôt d’un aveuglement stylistique total.
Nous signalons néanmoins à notre aimable clientèle que ces vaines vitupérations ne sont que le fruit d’un esprit par trop étroitement enfermé dans le carcan du bon goût.
(Encore une fois, ça fait vraiment mal aux yeux, donc pas de photos)

  • Les chemises avec des cols pelle-à-tarte : Elles sont interdites. Ça ne se fait plus depuis que les derniers parrains de la mafia de Little Italy sont morts. Allumons un cierge pour que la tendance ne ressuscite pas…

  • Les pantalons feu-de-plancher : Intéressant non-phénomène tendance qui se disperse aux quatre vents de la planète fashion. C’est effectivement intéressant car ce way-of-pants, au-delà du caractère ridicule de la chose, est inexplicablement laid, déstructure toute la silhouette, et fait même paraître mal fichus les plus beaux mannequins. Interdit donc, a fortiori avec un costume. (Attention, le pantalon feu-de-plancher est différent du chino roulotté au niveau de la cheville et porté avec des mocassins, qui est très acceptable sur une allure décontractée).

  • Les cas épineux du tricot de peau : Le marcel est interdit. Ça on le sait, mais qu’en est-t-il du petit tee-shirt blanc sous la chemise ? Eh bien, il vaut mieux éviter. Une chemise portée à même la peau c’est beaucoup plus beau. Si vous vous y risquez, prenez garde à ce qu’on ne le voie jamais.

  • Les chaussures OVNI : Selon les doctes dires d’un très sérieux dress code d’entreprise « Les modèles non lacés ainsi que les chaussures présentant des décorations ou des boucles grossières doivent être évités. De même, les bottes western et bottines d’équitation ne sont pas autorisées au bureau. »

    Certes.

    On rappelle aussi que les modèles de proxénète russe, soi-disant « classes » en cuir vernis et bouts pointus, plus susceptibles d’être entraperçus au travail – pour une raison inconnue d’ailleurs – sont passibles de poursuites judiciaires.

  • Style professeur Tournesol : Dispensez-vous de faire l’effet serviette de restaurant avec un mouchoir grand-guignolesque plantureusement planté dans une ridicule pochette de veste. De même, le nœud papillon, c’est vraiment sympa dans les soirées fashion, ou pour aller cueillir les champignons dans le parc à daims du domaine familial, mais au quotidien dans votre open space… Bah non, ça passe pas.

  • Les chemises de Ricardo : Elles se distinguent – ou plutôt écorchent la rétine – à leurs habiles doubles boutonneries, doublures bicolores et autres boutons carrés… Apothéose du mauvais goût, la chemise Boavista s’assorti très bien aux chaussures de proxénète. Quand elle est en satin, c’est encore mieux.

  • La chemisette à manches courtes : Si le thermomètre s’affole dans les mois estivaux, dérobez-vous face à cette doucereuse tentation. La chemisette est interdite au travail, c’est connu (et hors du travail, portez plutôt un joli polo).

  • Les chaussettes Homer Simpson : Quand on discute avec un monsieur en costume, et qu’on voit au moment où il s’assied ces victorieuses chaussettes enfantines, l’idée d’un volatile connu dans nos régions apparaît à l’esprit. Le pauvre bougre aura beau se défendre corps et âme en proclamant de funestes  « Mais c’est sympa ! » et autres « Ça change des chaussettes de tout le monde !», son estime vestimentaire est définitivement perdue.

    Cette prescription vaut aussi pour les cravates du même acabit.

  • Les semelles en gomme renforcée : Mephisto. Cet emblème du troisième âge porte bien son nom. C’est le mal. Insidieusement, avec des modèles « business » ce genre de marque essaie de s’approprier une clientèle de cadres « pour un confort optimal du pied et une marche tout en douceur ».

    Mais au fond, on sait bien que semelles de gomme et chaussures de costume n’ont jamais rimé ensemble. À essayer pour un footing classe.

  • Les costumes brillants : Probablement importées d’Italie, les matières moirées et miroitantes étaient l’affirmation d’un tissu exceptionnel au XVIIIème siècle, utilisées pour composer les plus beaux habits de gala des aristocrates de la cour royale. Aujourd’hui, un costume clinquant, c’est synonyme de mauvais goût et de matières issues de la pétrochimie.

  • La cravate clipsée : De grâce, la difficulté de bien nouer une cravate n’a rien à voir avec celle de comprendre la théorie des cordes quantiques. Avec un tant soit peu de bonne volonté, c’est à dire cinq bonnes minutes, on comprend l’habile procédé de nœud coulant. Aujourd’hui, la cravate est un signe d’appartenance aux CSP+. Nier cet art du nouage revient à nier votre statut  et votre valeur intellectuelle.

  • Les boucles de ceinture en initiales : Dernier conseil, puis après on arrête sinon on s’éloigne du sujet. Les boucles de ceinture avec d’énormes lettres « H » ou « D&G » sont le signe visible d’un manque de reconnaissance sociale. Vous risquez d’être pris soit pour un parvenu mal enrichi, soit pour un arriviste pauvre. Esquivez ce piège facile.

Ce guide sanguinaire et despotique pour une vie professionnelle réussie sur le plan vestimentaire n’est en aucun cas un petit livre rouge. Modissimo s’efforce juste de faire éviter à l’ignorant confronté aux écueils du costume-cravate, une collision douloureuse avec le dress code en entreprise.


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