Primaires du PS : Coup politique ou vraie démocratie ?

Après les verts et leur vote électronique qui a fait disparaitre Nicolas Hulot de la course au profit d’Eva Joly, les socialistes vont devoir départager Martine, Francois, Ségolène, Arnaud, Jean-Michel et Manuel.

Ces primaires ont fait couler beaucoup d’encre car, contrairement à celles des verts, ce ne sont pas les adhérents qui votent mais les « sympathisants » c’est à dire … qui veut.

Ce système de désignation des candidats est novateur en France où les candidats sont désignés par les partis mais pas par les militants des partis, par les élus… et c’est ainsi que l’on voit les investitures offerts à des candidatures de proches, d’intimes, d’enfants, de parents d’élus et ensuite les militants n’ont qu’à aller distribuer les tracts, rôle où on les cantonne sans état d’âme. Difficile dans le système des partis de faire entendre sa différence. C’est face à ce système que des « rebelles » (le terme politiquement correct est « dissident ») se lancent contre les partis et emportent les mairies, les titres de conseillers généraux ou autres car les électeurs commencent à préférer le véritable engagement que l’adoubement, les vraies valeurs plutôt que les copinages. On a vu cela lors des dernières municipales à Neuilly où le candidat du parti était soutenu par l’Elysée ou, autre exemple plus proche de nous, à Joinville-le-Pont où le candidat investi et soutenu par l’UMP départemental était le fils du maire sortant. Cette pratique des partis semble donc mise à mal par les électeurs. Dans ce contexte nouveau de vote où les citoyens veulent une politique différente, les primaires sont un bon moyen de faire descendre d’un cran la démocratie, dans le sens positif du terme car chacun peut s’exprimer dans un isoloir (oui il y a les simulacres de démocraties dans les sections locales des partis avec de jolis votes unanimes à main levée… mais doit-on compter cela dans la démocratie… ). Que les fans du placement des amis, des jeux de cour se rassurent, il reste encore les scrutins de liste à l’enjeu encore considéré comme éloigné par les électeurs, comme les régionales ou les européennes où l’on retrouve de nombreux ami(e)s des politiques en mal de mandat…

Alors oui je soutiens l’idée de primaires. Cependant, ces primaires ne sont pas sans poser de vraies questions. Qui vote (vrai sympathisant ou opposant qui vient choisir son meilleur challenger) ? Qui garde le fichier des votants (personne ou un parti) ?  Qui va utiliser les coordonnées des votants ? … Il y a là de vraies questions. Pour autant les USA utilisent les primaires depuis des années sans que l’on puisse dire que la démocratie n’est pas présente même si leur système de part son fonctionnement et financement est encore bien différent.

Pour moi ces élections des primaires, dans des écoles de la ville sont un véritable challenge… cela peut faire un vrai bide car chacun n’osera pas afficher son appartenance à la gauche et donc ne viendra pas voter ou tout au contraire permettre des rencontres nouvelles et donc dynamiser un groupe. On va y croiser un ami ou un voisin qu’on n’avait pas identifié comme possédant les mêmes valeurs… du coup en parler et pourquoi pas un jour s’associer et militer. J’ai peur que ce regard posé par les passants sur les futurs votants puisse être un frein, j’attends de voir la participation à ces élections pour voir si en plus du choix du candidat le PS aura réussi à mobiliser ses électeurs et donc créer une vraie force militante pour la suite.

C’est vrai que la campagne commence, que les clips vont chercher à mobiliser sur le « ras-le-bol » des français, sur la crise, sur le besoin d’alternance depuis 1995… Le sous-titre des primaires est d’ailleurs « donnez un nom au changement ».

François Hollande qui fait une campagne presque « trop » parfaite a lancé un clip assez percutant en prévision de ces primaires.

Les Français aspirent-ils au changement ? Quel changement ? La campagne à venir sera passionnante.