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Les livres auxquels je n'ai pas échappé cet été

Par Plumesolidaire

EspritDePhiladelphie

  

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Parmi les livres que j’ai lu cet été, deux auteurs m’ont particulièrement impressionné. Forence Aubenas et Alain Supiot présentent l’un et l’autre des figures complémentaires de la réalité de la vie ordinaire dans notre pays.

Le Quai de Ouistreham est une enquête de Florence Aubenas, actuellement publié en édition de poche :

« Au départ de ce livre, il y a cette question qui taraude Florence Aubenas: comment définir et préciser l'impact de la crise économique sur la vie quotidienne des plus défavorisés. Elle veut comprendre les mécanismes de l'exclusion sociale. Pendant six mois, la journaliste s'est mise dans la peau d'une femme de ménage d'une quarantaine d'années, divorcée et sans formation. Le décor est la ville de Caen, et, entre autres, l'endroit que tous les précaires veulent éviter: le quai de Ouistreham et ses bateaux à nettoyer à toute vitesse. D'ailleurs, dans ce monde-là, on ne recherche pas un poste mais des «heures de travail». L'auteur décrit les relations entre Pôle emploi et les personnes en quête de deux heures de travail par jour pour autant de transport, les conditions de travail exécrables, les galères et les solidarités… »

Le Quai de Ouistreham, de Florence Aubenas. Points, 250 p., 6,50 €.

Pour qualifier la situation des femmes de ménage Florence Aubenas la décrit en la résumant d’une phrase. En substance : nous travaillons tout le temps mais nous ne gagnons pas notre vie ; nous avons une activité professionnelle mais pas de métier.

Les conditions de vie et de travail de ces femmes illustrent un aspect des conséquences de la globalisation économique à travers l’évolution du droit dans L’esprit de Philadelphie – la justice sociale face au marché total d’Alain Supiot. Une analyse et des propositions qui invitent à renouer avec l’esprit de la Déclaration de Philadelphie de 1944, afin de tracer les voies nouvelles de la Justice sociale que la dogmatique ultralibérale s’est employée à faire disparaître.

Cette réflexion m’a rappelé que, si je n’éprouve aucune nostalgie passéiste,  je n’en suis pas moins pleinement conscient que, enfant du baby boom et de la « libération » - que nous avons pu croire naïvement être un acquis définitif - de la société conservatrice, autoritaire et rigide des années 60, nous avons connu cette chance exceptionnelle d’être aussi les témoins et les bénéficiaires des 30 Glorieuses, cette période d’abondance économique, caractérisée par la croissance du pouvoir d’achat, la sécurité de l’emploi et la faiblesse du chômage. Et une certaine joie de vivre.

Pour illustrer son analyse, Alain Supiot décrit l’arsenal juridique mis en œuvre – par la Cour de Justice Européenne par exemple – pour affaiblir les principes de la Déclaration de Philadelphie, qui est un acte de foi issu de l’expérience des deux guerres mondiales. Déclaration suivi par les accords de Bretton Woods, la fondation de l’Organisation Internationale du Travail, la création de l’Organisation des Nations Unes, et la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme en 1948. L’ensemble de ces dispositions à vocation planétaire avaient pour but de mettre en œuvre un nouvel ordre international fondé sur le Droit et la justice.

La réflexion d’Alain Supiot est l’un de ces chaînons manquants, qui permet de comprendre clairement le lien et la chaîne des conséquences qui a conduit au grand retournement. Révolution ultralibérale qui, de Friedrich Hayek, l’un des pères du fondamentalisme économique contemporain, en passant par les gouvernements Reagan et Thatcher aux USA et en Grande Bretagne, et Denis Kessler* en France, semble avoir aboli les leçons sociales tirées de l’expérience de 1914-1945.

Je vous fait grâce de certaines autres livres qui m’ont réjoui pendant ces heures où l’esprit peut s’ouvrir plus librement au monde et à la vie – comme Questions et Réponses sur le Taiji Quan, L’essence du style Yang – de CHEN WEIMING -. Mais vous n’échapperez probablement pas à Tunisian Gir, Blogueuse pour un printemps arabe – Lina en Mhenni .

*Appelant à « défaire méthodiquement le programme du Conseil National de la Résistance ».

J’ai dit

Plume Solidaire


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