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"Les noms de rues disent la ville"

Par Marc Chartier

Pour un passionnant voyage en toponymie, embarquement immédiat !

Afin de dresser son inventaire des noms des rues de nos villes, l'auteur n'a bien évidemment pas sillonné la France de part en part, le calepin à la main. L'exhaustivité n'était d'ailleurs pas au programme... sauf à accepter d'accumuler des tonnes de documents ! Pour faciliter le déroulement de son périple de ville en ville, Jean-Claude Bouvier a donc fait appel aux services de Dame Informatique, en l'occurrence : les données de Microsoft (MapPoint - cartes et itinéraires) et de La Poste (adresses postales). Objectif poursuivi : « scruter [les] noms de rues pour voir de quelle façon, à travers les aléas de l'histoire et la diversité des situations, ils disent la ville ».

Résultat des courses : un constat très éloquent (les noms des rues ont en effet généralement beaucoup à "dire"), que l'auteur trie en deux grandes catégories compte tenu de l'inspiration dominante dans le choix des noms, à savoir l'usage et le symbole.

L'usage tout d'abord : l'appellation des rues, telle qu'elle fut appliquée du Moyen-Âge au début du XVIIe siècle, s'inspirait de la configuration des lieux (la Grande Rue, le Rue Longue...), de la nature du terrain (rue des Épinettes), des éléments du paysage (rue du Petit-Puits), des divertissements en vogue (rue du Jeu de Paume), des activités économiques et commerciales (rue des Entrepreneurs), des monuments locaux (rue de l'Église), de l'orientation dans l'espace (boulevard de l'Est)...

Le symbole ensuite, à partir du XVIIe siècle, sous forme de "mémoire sélective". Alors que l'usage dérivait souvent d'une initiative ou spontanéité populaire (les noms s'imposaient presque d'eux-mêmes), un choix délibéré, souvent à connotation politique, fut ici déterminant : les noms des rues étaient choisis soit pour commémorer un personnage ou un événement important de l'histoire de la ville ou du pays (rue d'Alsace-Lorraine, place du général de Gaulle...), soit pour affirmer une identité collective, sur la base de valeurs morales (rue de l'Égalité, rue de la Fraternité...).

Au coeur de cette grande et riche histoire, certaines anecdotes n'en s'en sont pas pour autant oubliées, relatives notamment à l'évolution des noms (noms communs pris pour des noms propres ou l'inverse, confusion de noms communs ou propres...), preuve supplémentaire que le choix de tel ou tel nom pour telle ou telle rue s'inspire d'abord de la vie de la collectivité concernée : « Rien n'est banal quand on essaie de comprendre le fonctionnement d'une société humaine à travers son langage. »

Et l'auteur de conclure : « Associés de très près à la vie quotidienne des hommes, les noms des rues constituent, à côté de bien d'autres éléments du paysage urbain, une mémoire incomparable de la cité. »

Comment pourrait mieux inciter à apprendre à lire, au cours d'un périple au coeur de nos villes, ces pages d'histoire à ciel ouvert que sont les indications toponymiques ?

"Les noms de rues disent la ville", de Jean-Claude Bouvier, éditions Bonneton, 2007, 224 pages.


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LES COMMENTAIRES (1)

Par Ptitlou
posté le 19 mai à 11:33
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Formidable aventure au travers des rues des villes de toute la France où l'on y apprend l'origine des noms et la motivation des choix effectués. Inventaire intéressant pour des recherches plus approfondies. Bravo à l'auteur pour ce magnifique travail.

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