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Blogueur en campagne #2 – La stratégie « jeune » de F. Hollande

Publié le 09 septembre 2011 par Vogelsong @Vogelsong

“Ce que j’apporte de mon côté, c’est d’abord un thème principal : la réussite des jeunes. Ensuite un ordre de priorité: éducation, logement, justice fiscale. Et j’y ajoute mes instruments: contrat de génération, nouvel acte de décentralisation, engagement pour la mobilité des jeunes” F. Hollande le 27 avril 2011

F. Hollande se marre, le regard en travers il joue la fausse connivence, “merci de m’avoir posé cette question, même si nous ne sommes pas concertés”. Il aime marteler que sa campagne sera orientée vers la jeunesse. Quand on lui demande si compte tenu du corps électoral ce n’est pas une erreur tactique, il déploie son argumentaire trans générationnel. En focalisant sa campagne sur les jeunes, il pense attirer par empathie, le vote de leurs ainés. En ce sens, c’est un fort marqueur idéologique où il oppose intérêts personnels à une approche solidaire.

Blogueur en campagne #2 – La stratégie « jeune » de F. HollandeEn Mars 2009, A. Minc raillait les manifestants qui claudiquaient dans les rues parisiennes. Entre deux coups de fils aux responsables de Marianne pour corroborer son sentiment sur la domination sondagière de N. Sarkozy, il expliquait que les revendications catégorielles de professeurs, cheminots, fonctionnaires, ces nantis du système, nuisaient au bon fonctionnement du pays. Que ces anti-touts, raisonnaient en fonction de critères individuels, d’intérêts nombrilistes, engoncés dans des calculs personnels égoïstes. Au-delà du paradoxe, qu’un libéral puisse critiquer ce type de comportements, ceux-là mêmes qui sous-tendent la totalité de son analyse du monde, il est intéressant de noter que l’on touche ici à une question idéologique cruciale, une manière de voir la Politique et les déterminants électoraux. Étant entendu, bien évidemment, que le vote est le fruit d’une réflexion ou d’un calcul…

L’émince grise du palais de l’Élysée, campé sur ses certitudes électorales peut à l’envie dédaigner les actions collectives. La victoire de son favori deux ans auparavant atteste que le moteur principal lors d’une élection tourne autour de l’intérêt individuel, et des avantages directs, immédiatement mesurables à la sortie des urnes. La défiscalisation des emprunts immobiliers, ainsi que celle des heures supplémentaires ou la réduction d’impôts n’ont point d’autres cibles. Ni d’autres objectifs que de déclencher le vote flash. Ce fut un triomphe.

Dans une logique diamétralement opposée, F. Hollande oriente sa campagne en direction d’une classe d’âge. Il fait le pari que par capillarité, l’intérêt des jeunes sera pris en considération par leurs ainés. Que les parents puissent se soucier, par-delà de leurs intérêts, de ce qu’il adviendra à leur descendance. Par extension, plus que des considérations purement familiales, on aborde là une réflexion d’ensemble. Et il questionne le court, le moyen et le long terme, par le sens que l’on donne à l’action politique. Selon deux formes : “Démerde-toi, moi j’ai fait mon trou !” ou “Faisons au mieux pour nous mettre (tous) sur le chemin du progrès”.

Les vents électoraux paraissent contraires, en 2007 si on étudie le découpage générationnel N. Sarkozy a gagné grâce aux seniors. Il a obtenu 61% de voix chez les 60-69 ans et près de 70% chez 70 ans et au-delà. On constate aussi qu’il fut majoritaire chez les 25-34 ans avec 57%. La stratégie de F. Hollande de ciblage des jeunes, si l’on s’en tient à cet embryon d’analyse, s’avère risquée. Voire perdante.

Le contexte depuis 2007 s’est sensiblement modifié. Crise financière, crise économique dont on ne peut affirmer qu’elle a favorisé l’émergence de conscience collective. D’une vision globale et intergénérationnelle. L’échec des mobilisations de l’automne 2010 contre la réforme des retraites (3 millions de manifestants seulement compte tenu de l’enjeu), l’apathie face au mouvement des indignés, et plus généralement les scores électoraux de l’UMP (au vu des résultats obtenus sur le terrain) ne porte pas à l’optimisme. Manifestement l’individualisme gagne d’autant plus de terrain que la situation se dégrade. Confirmant son hégémonie trentenaire.

D. Guénoun, homme de théâtre invité à un séminaire d’Ars Industrialis animé par B. Stiegler en novembre 2007, déclarait : “On ne fait pas de la politique pour ses enfants, mais pour ceux des autres”. Il reste que pour faire de la politique, vraiment, il faut gagner les élections…


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