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Ca casse ....

Publié le 23 février 2008 par Moushette
Article dans le Point sur les chiffres catastrophiques de l'AI en France....

17:38 | 22/02/2008 Le Point.fr

L'adoption française pénalisée par la concurrence étrangère

Par Violaine de Montclos

L'adoption française pénalisée par la concurrence étrangère

© Chitose Suzuki / AP / SIPA

3 162 enfants étrangers ont été adoptés en France en 2007. Soit 20 % de moins qu'en 2006. Révélée par les statistiques du ministère des Affaires étrangères, cette baisse est historique. Et elle est d'autant plus cruelle que personne, au sein des associations d'adoptants, n'a oublié les promesses bien imprudentes de Jean-Pierre Raffarin. En 2005, alors Premier ministre, il soulevait un immense espoir en initiant une vaste réforme de l'adoption et en promettant officiellement de doubler le nombre d'adoptions réalisées par des Français à l'étranger. Prophétie dont il doit aujourd'hui se mordre les doigts, car depuis la réforme, ce chiffre, bien loin d'être multiplié par deux, ne cesse de baisser.

Pour les 8 000 foyers agréés chaque année par la DDASS, dont les chances d'adopter en France sont quasi nulles, les années d'attente se succèdent, et le mécontentement s'installe. La toute nouvelle AFA - Agence française de l'adoption -, navire amiral de la réforme, est rendue responsable, comment pourrait-il en être autrement, de ce douloureux ralentissement. "Mais c'est la situation internationale qui a brusquement changé, l'AFA n'y est pour rien", s'indigne son président, le député UMP Yves Nicolin. "Depuis 2005, de nombreux pays ont signé la Convention de La Haye, qui interdit les démarches individuelles, mode d'adoption jusqu'ici privilégié par nos concitoyens. En outre beaucoup d'autres États choisissent depuis peu de favoriser l'adoption locale, et se ferment aux demandes étrangères. Résultat : le nombre d'enfants adoptables dans le monde diminue, alors que la demande est exponentielle. Il y a vingt ans, il n'y avait guère que les États-Unis et la France qui adoptaient à l'étranger. Aujourd'hui, tous les pays occidentaux sont demandeurs. La donne a brusquement changé, et nous ne sommes pas les seuls à connaître une telle baisse en 2007."

Les États-Unis, le Québec affichent en effet des chiffres en diminution. Mais l'Italie semble clairement tirer son épingle du jeu. Avec beaucoup moins d'années d'expérience sur l'échiquier de l'adoption internationale, les Italiens font déjà mieux que la France. Pour 2007, 3 420 adoptions étrangères ont été réalisées dans la Péninsule. Une hausse de 6 % par rapport à l'an dernier, qui prouve que dans un contexte en effet peu favorable, leur réforme s'avère plus efficace. "En Italie, on a fait le choix de subventionner les organismes agréés pour l'adoption, de leur donner les moyens d'agir, explique Kim Charvet, de l'association Coeur Adoption. Chez nous, notre bel organisme public, pourtant doté d'un budget de quatre millions d'euros, a mis des mois à s'installer, souffre d'une méconnaissance du terrain et peine à se faire reconnaître dans les pays où la France tente de se faire accréditer. Les autorités locales ne comprennent pas le rôle cette agence publique. D'où des procédures qui s'éternisent. Pendant ce temps, des organismes agréés pour l'adoption tel que Médecins du monde, avec des budgets dérisoires, continuent de réaliser un nombre stable d'adoptions."

Janine et Franck ont fait une demande d'adoption au Cambodge par le biais de l'AFA. Ils savent que l'Agence ne pourra y envoyer qu'une centaine de dossiers en 2008. Ils sont sur liste d'attente. "Il y a plus de 500 dossiers devant nous, nous n'avons aucun espoir", disent-ils. Dans quelques jours, Jean-Marie Colombani devrait rendre son rapport sur l'adoption internationale. Il s'est, semble-t-il, intéressé à la réussite italienne. Janine et Franck attendent de ses conclusions un miracle.

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LES COMMENTAIRES (1)

Par zench
posté le 02 mars à 19:07
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Dire la vérité sur l’adoption

Via [Les droits des enfants vus par un juge des enfants], le blog de Jean-Pierre Rosenczveig.

"Le nombre d’adoptions d’enfants étrangers par des français a donc de nouveau baissé en 2007. 3 162 pour 4 136 en 2006. Elles étaient de 6 000 voici encore quelques années. On se souvient que déjà M. Raffarin, alors premier ministre, avait émis un peu inconsidérément le projet de doubler les adoptions transnationales.

Apparemment la nouvelle Agence Française pour l’Adoption n’atteint pas les objectifs assignés. Le pourra-t-elle jamais et même, osons poser la question, est-ce dramatique qu’elle n’y parvienne jamais ?

Avec lucidité Mme de Choiseul, sa directrice générale, observe que les pays d’origine des enfants sans parents conditionnent désormais l’octroi d’autorisations pour adopter à la mise en œuvre de programmes sociaux sur place avec l’aide des pays qui entendent faciliter l’addition par leurs ressortissants. La France ne serait pas bien organisée pour développer cette démarche d’un nouveau style.

Il y a surtout le fait que nombre de pays ayant ratifié la convention de la Haye de 1993 sur l’adoption internationale avec le souci de ne plus être confrontés à des trafics d’enfants, les conditions sont devenues plus strictes pour adopter. Surtout ces Etats ont alors l’obligation de privilégier l’accueil des enfants adoptables par des compatriotes afin de ne pas les déraciner.

Qui n’adhérerait pas à un tel projet dès lors que dans ces pays il y a effectivement des familles susceptibles de s’ouvrir à ces enfants ? Apparemment de plus en plus dans les pays où nombre d’enfants étaient adoptables par des étrangers émerge une classe moyenne qui s’engage dans l’adoption. Marie-Christine Le Boursicot, membre du Conseil supérieur de l’adoption, cite ainsi le cas de la Chine qui en 2000 avait accepté 15 000 adoptions par des étrangers mais où en 2007 l’adoption nationale l’a emporté sur l’adoption transnationale. D’ailleurs, dans ce contexte où la demande intérieure se developpe, la même Chine n’hésite plus à poser de sérieuses conditions de ressources pour délivrer un visa à des étrangers candidats à l’adoption. e tout net on ne peut que se réjouir de ce que moins d’enfants aient aujourd’hui besoin d’être adoptés en dehors de leur pays. Globalement on doit y voir un signe positif de l’évolution sociale.

La France a été confrontée à cette situation : en 1900, pour environ 22 millions d’habitants, 150 000 enfants étaient pupilles de l’Etat ; aujourd’hui avec 64 millions nous n’avons que 3 300 pupilles. Les explications sont simples : une meilleure maîtrise de la contraception, un meilleur statut de la femme célibataire, des politiques sociales, tout contribue à ce que plus souvent que parle passé les enfants sont désirés et bien accueillis donc moins souvent abandonnés.

Comment ne pas souhaiter que ce que notre pays a connu, d’autres le connaissent pleinement ?

La chute du nombre d’enfants abandonnés n’est finalement que le révélateur d’une amélioration du niveau de vie d’un pays et de ses populations les plus fragiles.

Bien évidemment en avançant ces constats on ne peut pas ne pas prendre en compte la souffrance de ceux qui, ici ou dans d’autres pays où peu d’enfants sont adoptables, entendent être parents. On sait qu’il y a un acharnement procréatique. Il y a aussi un acharnement adoptif. Il n’est pas difficile d’imaginer que certains sont prêts à beaucoup donner pour adopter; d’autres sont prêts à profiter de cette pénurie en internet et de ces difficultés en externe pour faire miroiter un venir plein d’espoir et de joie.

La difficulté sur ce sujet est bien qu’on est confronté à l’irrationnel. Ceux qui entendent s’ouvrir à un enfant pour se réaliser sont quasiment dans l’impossibilité d’entendre que l’exercice devient quasiment impossible, en tous cas très difficile. D’autant qu’à leur yeux, il y a tant d’enfants au monde qui souffrent et ne souffriraient pas avec eux ! Ces enfants sont-ils pour autant adoptables ? Dans le 93, on dit communément que quelques 5000 enfants sont sans domicile; admettrait-on aisément que des Chinois ou des Burkinabe débarquent à Roissy pour les adopter?

Il faut ici éviter la démagogie et les faux espoirs. L’un comme l’autre sont redoutables et font très mal. Les pouvoirs publics doivent tenir un langage de vérité. Il sera ici intéressant de connaitre les conclusions de la mission confiée à J.-M. Colombani et le relais qui lui sera donné par le gouvernement.

Les médias ont leur part de responsabilité quand ils ont une approche compassionnelle du sujet sans en restituer les termes exacts. On doit se réjouir de la chute de l’adoption internationale si on se positionne du côté des enfants et non pas présenter la chose comme une catastrophe nationale.

Il faut rappeler que l’adoption est un droit pour l’enfant, mais une possibilité pour eux qui entendent accueillir un enfant. Comment pourrait-il en être autrement ?"

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