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France- Japon : Quel chantier !

Publié le 10 septembre 2011 par Lben

L’équipe de France a failli perdre face au Japon ! En effet, à 25 à 21, les Français ont donné l’impression de s’écrouler psychologiquement et si le Japon arrive à marquer à nouveau à ce moment-là du match et à passer devant au score, l’affaire était pliée. C’est dire d’où l’équipe de France revient. Le score est flatteur 47-21 et le contrat rempli, 5 points au classement, mais le volcan semble au bord de l’implosion. Analyse…

Le Japon, équipe de rugby à 7 customisée pour le 15, était le sparring-partner idéal pour démarrer la compétition en engrangeant de la confiance et en travaillant les automatismes. Résultat, l’équipe de France est en plein doute et l’accession en quart de finale va se révéler plus compliquée que prévu. Et, cerise sur le gâteau, les vertus tant vantées d’un groupe soudé et en parfaite osmose ne me semble pas si vraies que cela.

Un retard important :

En n’ayant toujours pas d’équipe type, l’équipe de France a beaucoup de retard sur les autres équipes. Du coup, elle n’a pas d’automatismes et même, si on y regarde bien, de fond de jeu. En effet, entre des joueurs qui sont plutôt forts dans le triptyque conquête, défense, occupation du terrain et un staff qui parle de mouvement général et de jeu, la liaison et la communication ne semblent pas idéales. D’un côté, Marc Lièvremont parle de faire jouer tout le monde et de l’autre ( ce vendredi ) Imanol Harinordoquy annonce qu’il faut une équipe type qui joue ensemble pour créer des automatismes et monter en puissance. Si l’on rajoute à cela quelques consultants bien pensants, tel Jean-Pierre Ellisalde au sortir des vestiaires français, pour rajouter leur dose dans la cacophonie générale, la tension semble déjà au maximum. Ce n’est pas Kysna, mais le camp français est en train de planter le décors pour une catastrophe annoncée.

Tout avait pourtant bien commencé lors des 10 premières minutes. Mais, très vite, mis à part une mêlée à l’aise face à un adversaire poids léger et une touche, à un lancer près, qui faisait le boulot, l’équipe de France a montré ses limites. L’animation offensive d’abord. Des ballons portés sans grand résultat, des charges de William Servat stéréotypées et quelques combinaisons travaillées ces dernières semaines à l’entraînement, dont une à surpris la défense nipponne, voilà tout ce que cette équipe possède en magasin. Il y a, bien sûr, la qualité individuelle des joueurs qui n’est pas en cause mais ça, je vais y revenir.

En ayant passé 3 ans et demi entre hésitations et coups de sang, Marc Lièvremont se retrouve au démarrage de la Coupe du Monde avec un mécano qui est encore dans la boite. Quel chantier ! L’équipe de France est très en retard. Elle ne possède toujours pas d’équipe type : quid de Parra ou de Yachvili après ce match ? Quid d’Estebanez, de Traille, de Mermoz et éventuellement de Marty  au centre ? Quid de Palisson et du trio Toulousain ? Et pourquoi pas quid de Lakafia, bon mais sans expérience, et de Picamoles, en forme et avec expérience pour un poste qui en demande ? Au vu du contexte général, il faut être prêt pour le quart de finale avec une équipe type et un niveau de jeu correct, ce qui, déjà, sous entend de battre le Tonga avant ( le Canada ne devrait pas poser de problème ).  Or, au vu de ce qu’a réalisé le  Tonga ce vendredi et du match de la France contre le Japon, le quart de finale est loin d’être garanti. La densité physique et la bonne organisation défensive Tongienne seront des problèmes qui, si on ne possède pas certaines certitudes sur notre jeu, ne nous permettront pas de marquer des essais. La qualité des joueurs français en un contre un peut faire la différence, vu la faiblesse individuelle de certains de leurs joueurs, mais si la France ne progresse pas les 2 prochaines semaines, le risque reste important de connaitre une énorme désillusion.

Une rupture consommée :

Comme il en a malheureusement pris l’habitude ces derniers temps, Marc Lièvremont aime bien accuser ses joueurs de tous les mots lors des conférences d’après-match. On sent bien qu’il aimerait ne rien dire, mais il finit toujours pas délivrer un message où le seul et unique coupable sont les joueurs. Cette fois, c’était du style « chacun a voulu faire son show et l’équipe a perdu toutes les valeurs collectives que, moi, j’avais mises en place. » Ce n’est pas la meilleure manière de resserer les liens avec ses joueurs et de former un groupe uni et solide en toutes circonstances. Et ce, d’autant plus, que les déclartations de l’entraineur ne correspondent pas du tout avec ce que j’ai vu sur le terrain.

C’est justement parce que certains joueurs ont pris leurs responsabilités que l’équipe de France s’est remise à flot et a évité le naufrage. J’espère que le manager français ne va quand même pas reprocher à Maxime Médard d’avoir montré au reste de l’équipe comment reprendre le sens de la marche avant. Pareil pour Morgan Parra qui ne risquait pas de respecter des consignes à un poste où il n’était pas prévu qu’il joue. C’est justement quelques individualités qui ont permis à la France de rester dans le match, alors que cette équipe ne possède aucun véritable projet de jeu. Tout ce qui ressort de cette rencontre, c’est quelques individualités et quelques combinaisons sur des 1ers temps de jeu. C’est un peu court quand on est censé être dans le Top5 mondial…

Le contrat est rempli et la route encore longue :

Si l’on a un regard purement comptable sur ce match, on a tout lieu d’être satisfait. 5 points, 6 essais sont une excellente manière de démarrer une Coupe du Monde. Le Canada, prochain adversaire n’a pas les capacités de poser les mêmes problèmes que le Japon. Ensuite, face aux All Blacks, il s’agira de défendre et de jouer en contre, ce que l’équipe de France fait le mieux. Avec la peur de mal faire, les joueurs français devraient livrer un match plein de courage et d’abnégation. Difficile aujourd’hui d’envisager une hypothétique victoire, mais au moins de bien figurer et de rester le plus longtemps possible dans le match, de manière à rencontrer le Tonga dans un contexte plutôt positif. Ensuite, face à certaines lacunes individuelles d’une équipe qui est surprenante par son organisation collective ( ce qui était généralement sa faiblesse ), les qualités de nos joueurs devraient faire la différence et assurer tant bien que mal une qualification pour les quarts. Nous serons alors en octobre et une toute nouvelle compétition commencera. D’ici là, il y a quand même une nécessaire explication de texte à avoir entre les joueurs et le staff avec les premiers qui, enfin, s’expriment, et pas mal de boulot, pour arriver à rendre une copie décente, au moins contre le Tonga…

Les joueurs qui ont marqué des points : Médard, Barcella – Servat – Mas – Pierre, Harinordoquy, Lakafia, Heymans.

Les joueurs qui ont perdu des points : Yachvili ( malgré les points marqués et une bonne fin de match ) – Trinh-Duc – Estebanez – Dusautoir ( en tant que capitaine ) – Skrela -

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