Magazine Cinéma

Charles Aznavour "En toute intimité"

Par Gjouin @GilbertJouin

L’Olympia
28, boulevard des Capucines
75009 Paris
Tel : 08 92 68 33 68
Métro : Madeleine / Opéra / Auber
A 87 ans, Charles Aznavour foule de nouveau la scène de l’Olympia 55 ans après y avoir effectué ses débuts. Il s’y installe pour un mois, du 7 septembre au 6 octobre avant d’entamer une longue tournée – a priori sa dernière - à travers la France.
Le mercredi 7 septembre, la foule des grands soirs se pressait donc pour assister à ce tout premier rendez-vous. Côté célébrités, il y avait du beau monde : Daniel Auteuil, Stéphane Bern, Jean-Claude Camus, Petula Clark, Annie Cordy, Gilbert Coullier, Mireille Darc, Mireille Dumas, Jean-Pierre Foucault, Laurent Gerra, Robert Hossein, Serge Lama, Michel Leeb, William Leymergie, Daniela Lumbroso, Enrico Macias, Frédéric Mitterrand, Nana Mouskouri, Orlando, Line Renaud… Il y avait de l’hommage et du respect dans l’air…
Son entrée, Charles Aznavour nous l’a jouée facétieuse. Tout de noir vêtu, il s’est illico juché sur un grand tabouret pour interpréter d’affilée deux chansons de son dernier album Aznavour toujours. Entouré de onze musiciens et de deux choristes, il a d’emblée annoncé le ton : l’ambiance générale allait être jazzy. Voulu ou non, le premier titre, très swinguant, a été un peu noyé dans le son. Mais, dès le deuxième, plus lent, on retrouvait avec bonheur cette voix au timbre unique, inaltérable, à la fois mélodieuse et puissante. Et il était toujours sur sa grande chaise… En réalité, il s’agissait d’un leurre. Toujours aussi espiègle, notre sémillant octogénaire reprenait sa verticalité pour nous annoncer qu’il feintait, qu'il voulait nous faire accroire en un quelconque signe de faiblesse. Même s’il était acquis qu’il obtienne son succès « dans un fauteuil », pas question pour lui d’effectuer son tour de chant assis. Et c’était le vrai départ d’un formidable récital qui allait durer deux heures. Paris au mois d’août et Pour faire une jam nous étaient distillés avec une fougue et un entrain véritablement bluffants. Dans une forme sidérante, Aznavour se permettait même de monter régulièrement en puissance pour nous gratifier d’un spectacle total, tout-à-fait exaltant. Quel métier ! Quelle leçon et quel exemple pour les jeunes générations !
Ce qui est étonnant chez lui, c’est cette faculté de toujours renouveler des chansons que l’on connaît par cœur depuis des décennies. Il donne à chaque fois l’impression de les chanter pour la première fois. C’est vraiment un interprète hors pair. Et puis il a en lui un art consommé du geste juste. Ses traits ont vieilli bien sûr, mais la voix est là, le geste est précis, il a du ressort… Charles Aznavour, c’est le music-hall incarné. On le craignait amoindri, voire affaibli, or il a surpris tout le monde par sa vitalité, sa joie et son plaisir d’être sur scène. Tombant la veste pour nous faire découvrir une fort seyante paire de bretelles, il s’est même amusé à esquisser quelques petits pas de danse.
Evidemment, à la fin du show – car c’en fut un, et un sacrément bon - il a fait un succès si fort que les gens l’acclamaient debout… A la sortie, ou autour du bar où une collation était offerte aux invités de marque en présence du « Maître », les commentaires, dénués de toute hypocrisie, étaient unanimes dans l’éloge et l’admiration. Chacun des artistes présents, s’accordant à saluer une prestation frisant la perfection, se sentait dans l’état d’esprit d’un vassal devant son « grand pair ».
Je ne puis donc que vous recommander d’aller assister à ce tour de chant donné « en toute intimité » par un sacré performer (dans le sens anglo-saxon du terme)… Eternel Aznavour, Aznavour toujours…

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