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Le monde des routards

Publié le 13 septembre 2011 par Safran
Aprèsune année de pérégrinations asiatiques, je suis maintenant prête à vousdévoiler les habitudes et les coutumes du monde des routards, un monde quim’était totalement inconnu. Je me souviens seulement m’être étonnée plusieursfois, dans les dix dernières années, devant le courage de ces voyageurstransportant des kilos sur le dos et transpirant sous les rayons du soleil encherchant un hôtel. J’étais alors, à ce même moment, bien à l’abri dans mavoiture climatisée.
Qu’est-cequ’un routard ? Si l’on consulte le Larousse, on apprend que c’est unjeune qui voyage à pied ou en auto-stop avec peu d’argent.Cettedéfinition remonte à des années révolues, et je peux vous dire que cesroutards-là sont en voie d’extinction ; il n’en existe presque plus, je medemande même si nous en avons croisé un seul !Denos jours, on se déplace en bus, en train et en avion, tout en continuant às’appeler routard, même si l’on a dépassé 40 ans !Enanglais, le routard s’appelle “backpacker”, celui qui porte son sac sur le dos.Voilà qui se rapproche nettement de la réalité.Unsac à dos classe d’office dans la catégorie routard. Les locaux, qui saventdepuis longtemps faire la différence entre une Samsonite et un sac à dos, ledirigeront automatiquement vers la petite guesthouse pas chère, pas vers leHilton.C’estquand même plus facile de transporter un sac bien équilibré sur le dos qu’unevalise de vingt kilos qui arrache le bras et dévie la colonne vertébrale !Il faut penser aux moments difficiles où il recherche un hôtel, où il voyage àl’arrière d’une moto, où il court sur un quai de gare. Conclusion : sivous voulez vous transformer en routard, mettez-vous bien dans la tête qu’il vafalloir abandonner les valises à roulettes. Si cette idée vous fait flipper, n’ypensez plus !
La nationalité du RoutardCesont les Anglais et les Allemands qui tiennent le haut du pavé, suivis par lesHollandais et les Scandinaves. Les Français sont rares.Unemention pour les Suisses finalement assez nombreux, puisqu’il y a plusd’habitants dans l’agglomération parisienne que dans toute la Suisse ! Ilsn’ont pas l’air heureux d’habiter un pays à deux vitesses - la prospérité pourla Suisse Alémanique, les miettes pour les autres - qui a choisi de ne pasentrer dans la CEE.
L'âge du RoutardL’âgemoyen des routards se situe entre 20 et 30 ans. Mais rien n’empêche d’y croire,même à nos âges même si l’on en rencontre peu ! Nombreux sont ceux quipartent pour plusieurs mois ou même plusieurs années avant de se lancer dans lavie professionnelle ou pour le simple plaisir de découvrir des horizonsnouveaux. D’autres sont complètement paumés et errent sans autre but que dedurer le plus longtemps possible avant de retrouver les problèmes qu’ils ontlaissés derrière eux.
Les finances du RoutardSil’on observe de plus près une population de routards, on s’aperçoit qu’elle sedivise en de nombreuses catégories déterminées par le budget : le prixd’une chambre peut être multiplié par cinq entre un routard “basique” et unroutard “confort”, il en est de même entre un repas sur le trottoir et un repasau restaurant.Lechoix du moyen de transport est déterminant ; ainsi entre Bangkok etChiang-Mai, trois possibilités : l’avion pour la catégorie “confort”, letrain pour la catégorie “standard”, le car pour la catégorie “basique”. Necompliquons pas la situation avec les sous-catégories : place assise,couchette, air conditionné ou pas, etc.Sachez,cependant, qu’un routard “standard” ou “confort” ne rechigne pas à descendred’une catégorie si la situation l’exige. En revanche, monter d’un cran estpsychologiquement - et financièrement - plus pénible.C’estsurtout du routard “basique” qu’il va être question dans les lignes qui suiventcar il titille sans cesse ma curiosité.
Leroutard a plusieurs façons de subvenir à ses besoins pendant le voyage.Premiercas : il a tout calculé avant le départ, le compte en banque est approvisionné- ce qui assez rare. Il lui suffit alors de se présenter au guichet d’unebanque avec sa carte de crédit : il est amusant de voir se côtoyer lesrombières américaines - qui n’en croient pas leurs yeux - et les routards crasseuxdevant les guichets de l 'American Express.Deuxièmecas : il n’a rien calculé avant le départ, mais peut-être que Papa etMaman ont pensé à approvisionner le compte. Au cas où leur mémoire aurait étédéfaillante, autre solution : essayer de donner des cours de français,d’anglais ou d’allemand, selon sa nationalité. Cette démarche nécessitecependant un investissement : l’achat d’une tenue convenable, apte àséduire les futurs élèves. Heureusement, les tailleurs sur mesure fleurissentdans tous les pays d’Asie.Celuiqui a le sens du commerce peut acheter des bijoux à Jaipur, du safran auCachemire, de la soie à Bénarès et des bracelets en Irian Jaya pour lesrevendre dans les rues de… Tokyo où les marges peuvent atteindre au moins 500 %.Mais attention, le commerce de trottoir nippon est entre les mains desIsraéliens ! Tu paies ou tu pars !
Autretechnique : celui qui apitoie des touristes sur son sort - argent et cartede crédit volés, par exemple - de préférence au restaurant. C’est un bon trucpour se faire offrir un repas ou une cigarette par des naïfs apitoyés !Enfin,celui qui n’a pas de scrupules joue au dealer. Après s’être approvisionné dansle célèbre Triangle d’Or, à la frontière de la Thaïlande, du Laos et de laBirmanie, il rejoint Katmandou ou les plages de Goa, Pattaya et Phuket pour yécouler la drogue auprès d’autres touristes, et y couler des jours heureux.
La solitude du RoutardDenombreux routards partent seuls, c’est pourquoi ils aiment se retrouver entrecompatriotes dans des coins pour routards ; ainsi à Bangkok, Singapour,Katmandou ou Jakarta qui ont carrément une rue ou un quartier pour eux. C’estici qu’on échange ses bons et mauvais tuyaux.C’estquoi un bon tuyau ? En général, c’est une île où l’on peut rester dessemaines sans rien faire pour pas cher. Exemples : Koh Chang en Thaïlandeou Samosir à Sumatra. Des îles désertes, entendez par-là que seuls les routardsy séjournent.Oui,le routard est grégaire, ça permet d’économiser de l’argent en partageant sachambre avec un autre routard ou en louant un taxi ou un bateau à plusieurs.Raressont ceux qui mangent seuls. Les grandes tablées sont propices auxregroupements par nationalité. Les bouts de table sont occupés par lesvéritables solitaires qui essaient en vain de se concentrer sur Kant ou Tintinau milieu du brouhaha des conversations croisées.Attention,mieux vaut éviter de se trouver en face d’un routard isolé en mal deconfidences : difficile de se dépêtrer d’une telle situation quand on s’épanchesur votre épaule ! Accident de moto, passeport confisqué, amende…

La nourriture du RoutardAutretuyau d’importance : où manger dans un cadre agréable sans dépenser trop ?Parfois, il se lasse de se sustenter au milieu d’un marché, certes pittoresque,avec des trucs pleins d’huile dans une feuille de bananier, et des fruits quidégoulinent sur les doigts. Heureusement, il existe des havres de paix, desoasis de fraîcheur où une douce musique résonne agréablement aux oreilles.Merci aux hôtels de luxe, au Sheraton, au Méridien, pour leurs magnifiquesbuffets À VOLONTÉ ! Il n’y a guère que dans ces hôtels des pays en voie dedéveloppement que le routard peut se payer une telle abondance de mets, et ilen a conscience. Lui qui vit habituellement de pois chiches grillés et de bananes,a soudain peur de manquer : il entasse sur une seule assiette deporcelaine les entrées, les plats de résistance et les desserts. On ne saitjamais, il a vu un groupe de congressistes japonais à l’autre bout de la salle.Sousréserve de ne pas vomir dans les deux heures cette nourriture soudain abondanteet riche, c’est une formule économique qui permet de sauter un repas !

Le look du RoutardCertainsd’entre vous n’ont peut-être aucune idée du look d’un routard “basique”. Voiciquelques précisions.Lelook du routard “basique” correspond souvent au premier pays visité car iladopte généralement les fabrications locales. C’est très flagrant en Inde, oùles prix extrêmement faibles permettent aux budgets les plus bas l’achat d’unegarde-robe complète.LesAnglaises portent une tunique longue par-dessus laquelle elles enfilent uncourt gilet sans manche, un pantalon large du haut et serré aux chevilles ouune jupe longue et colorée en coton froissé. Parfois les trainings remplacentles sandales à lanières de cuir naturel. Elles ont souvent un 3e œil sur lefront, des pendants d’oreille, et un petit anneau dans la narine, et untatouage discret sur le bras.Surl’épaule, un sac à bandoulière en tissu viendra donner une touche finale à cetableau soixante-huitard.Parfois,l’habillement permet de reconstituer plus ou moins l’itinéraire. Seulement plusou moins. Imaginez que vous rencontrez un routard avec une tunique à la Nehrusur un pantalon en batik, des tongs aux pieds, une casquette brodée birmane surla tête. Inde, Birmanie, Indonésie ? Ou seulement Khao San Road à Bangkok ?D’autrespréfèrent le look occidental décadent caractérisé par un T-shirt délavé auxcoutures déchirées. Quelques coups de ciseaux bien appliqués peuvent accélérerle processus de dégradation.Etmaintenant, que croyez-vous que je voie quand je me regarde dans le miroir ?Des cheveux plus longs à la coupe incertaine, un vieux T-shirt Gucci deBangkok, un pantalon élimé de Madurai, et des tennis de Bali… J’ai l’impressiond’être sur le bon chemin !

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