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D’Un Effondrement, L’Autre

Publié le 13 septembre 2011 par Sagephilippe @philippesage

Or donc, nous fûmes pilonnés. Ce dimanche 11 septembre 2011. Commémorations ici, commémorations là, partout, impossible d’y échapper.
Un flot d’images insupportables. Des analyses et des commentaires assommants.
Avec, comme de bien entendu, la sempiternelle question, crétine, inutile, futile :
« Où étiez-vous le 11 septembre 2001 ? » et des cons finis pour oser y répondre !
Et je vous fais grâce des conspirationnistes et autres complotistes. Dont on se fout comme de l’an 40. L’essentiel, comme toujours, étant ailleurs.
Effondrement.jpgCar, tout de même, c’est extravagant, n’est-ce pas ? Ahurissant, au point que ça en deviendrait hautement comique, pour qui serait d’un cynisme sans bornes.
Non mais, vous rendez-vous compte ? Nous avons revécu, parfois en temps réel (cf : France Info) les attentats du 11 septembre, nous avons revu ces tours s’effondrer, en long, en large, en travers, pendant toute une journée. Ces tours qui symbolisaient la toute-puissance des Etats-Unis d’Amérique, la finance, le capitalisme décomplexé.
Ça ne vous gratte pas un peu, là ?
Vous ne vous dites pas, tiens, c’est curieux, mais y’a quelque chose qui coïncide, qui fait écho ?
Ah ! Mais non pardi, voyez, non ! C’est une commémoration ! On cherche pas, on diffuse ! En boucle. Et vas-y que je t’annonce, dix ans après, l’échec d’Al Qaïda, mais que, gaffe, le terrorisme n’est pas vaincu, il ne faut pas la baisser, la garde !
Baisser la garde, non, mais diffuser encore, toujours, ces tours s’écroulant, ça oui ! Et sans rien voir, sans rien comprendre, sans faire un rapprochement, osé, certes, mais tout de même !
Et nous voilà terrassés par tant d’aveuglement, je dirai même, par tant de nombrilisme. D’auto-soi.
Ah ! L'Occident, c’est formidable ! D’infantilisme (et de vanité).
Pourtant, ça crève les yeux, non ?
D’un côté, ces tours s’effondrant, commémorations ; et de l’autre, un système agonisant, présentement.
Rien à voir ?
Va savoir !
On commémore, et dans le même temps, ça s’effondre encore, toujours. Les banques, le CAC, la finance, la zone euro et tutti, tout un système qui part en sucette, et personne pour arrêter, freiner, cette chute continue, cet autre effondrement. Qu’ils appellent, ces impuissants pyromanes : la crise !
Mais remballe-là, ta crise ! Ce n’est pas une crise ! C’est bien plus grave que ça !
Et d’ailleurs, de ta crise, en France, on en a pas encore vue la couleur, pas vraiment.
A part quelques exposés, des malchanceux, dont la majorité se branle, tant qu’elle peut conserver son iPhone, son iPad, son iMac. Allons ! Si nous connaissions la crise, ça se saurait ! Y’aurait du monde dans les rues ! 15% de chômage TTC ! TVA au carré ! Ca gueulerait, ça geindrait, peut-être même que ça s’écharperait. Déjà qu’en temps de blocage de raffineries, on sort le knife à la station du coin pour un petit litre d’essence, alors tu penses, si tu crevais la dalle, qu’on te sucrât tes prestations sociales et tout le toutim, qu’on te réservât le même sort de chiens galeux qu’aux Grecs, ça y ferait un sacré ramdam !
Non, on n’a pas vu. Rien. La crise, elle ne nous a pas touchés. Mais ça vient. L’effondrement est en marche, permanent. Les tours jumelles, à côté, c’est de la roupie de sansonnet. Tant les victimes se compteront par millions. Peu seront épargnés…
Et vois-tu, c’est assez extraordinaire, d’en faire des caisses de ce 11 septembre, du gospel et des larmes, (à l’émotion les occidentaux, rien qu’à l’émotion !) et ne pas voir que, dans le même temps, c’est tout un monde qui s’effondre. En direct ! Tous les jours !
Ah, ça par exemple ! Mais, nom de Dieu, ce qu’il faut être aveugle, sourd, ou fou complet ! Pour ne pas dire : salopards, incapables, cyniques véritables.
L’Occident, cette chose suffisante, arrogante, peuplé d’égoïstes, de citoyens gâtés, indifférents et insensibles à la pauvreté qui la cerne, cette pauvreté qu’elle a générée, l’Occident s’écroule, comme dix ans auparavant, deux foutues tours.
Il y a, là, dans cet aveuglement commémoratif, j’avoue, quelque chose de fascinant.
Dimanche, j’ai vu autre chose que des tours s’effondrer. J’ai vu tout un système, une idéologie, une économie, s’écrouler.
Dix ans après.
Et ça ne fait que commencer


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