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Partition sans fausse note pour les stradivarius que sont Michel Aumont et Didier Sandre...

Publié le 14 septembre 2011 par Fousdetheatre.com @FousdeTheatre

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Contrairement à ce que pensaient deux dames assises à l'orchestre derrière moi hier soir, apparemment venues applaudir des stars sans se soucier de la pièce proposée, non "Collaboration" n'est pas l'oeuvre d'un "illustre inconnu" (véridique !) mais de Ronald Harwood, auteur, excusez du peu, de "L'Habilleur", "A tort et à raison", ou encore "Temps Contre Temps", pour ne citer que ces trois pièces, et  scénariste de nombreux films.

Ecrivain par ailleurs fort apprécié du regretté Laurent Terzieff qui le joua souvent, Harwood aime à traiter dans ses écrits de la période de la seconde guerre mondiale et n'hésite pas à prendre pour "héros" des personnalités ayant existé. C'était le cas avec "A tort et à raison", ça l'est encore avec "Collaboration", présenté en cette rentrée aux Variétés qui n'ont décidément pas peur de faire le grand écart après "Le dîner de cons" de Chevallier et Laspalès...

C'est donc de l'amitié liant le compositeur Richard Strauss et l'écrivain Stefan Zweig qu'il est question ici. De leur première rencontre au début des années 30 ayant pour but d'amorcer une collaboration afin d'écrire un opéra jusqu'au suicide du romancier en 1942 . Malgré l'incompréhension de Sweig (juif) quant à l'attitude de son ami face au régime nazi (avec lequel Strauss se sentit obligé de "composer"), leurs sentiments perdureront.

A travers une succession de courtes scènes allant du léger au grave, sans vouloir jamais donner de leçon ou porter un jugement, l'auteur narre avec force et subtilité un histoire s'appuyant sur des faits réels, renvoie à de nombreuses autres, plus anonymes, et au passage raconte la grande (Histoire...) en entretenant notre devoir de mémoire. L'écriture est maîtrisée, fluide, efficace, l'argument solide, les personnages épais.

Cette excellente matière première permet à Michel Aumont (Strauss) et Didier Sandre (Sweig) de briller sur scène, tout en nuances et subtilité. La force apparente de l'un et l'extrême fragilité de l'autre (apparente également) cohabitent à merveille sur le plateau et procurent au spectateur de belles émotions. A leurs côtés, Christiane Cohendy est une Madame Strauss de poigne, amusante et touchante, moins conciliante que son époux envers le pouvoir en place. Elle porte remarquablement un rôle qui, bien que second, est essentiel. Plus accessoires en revanche sont les autres personnages, incarnés cependant avec talent et conviction par Stéphanie Pasquet, Patrick Payet, Sébastien Rognogni et Eric Verdin.

Nonobstant un décor certes réussi mais à mon sens un peu trop esthétisant, ce spectacle parfaitement orchestré par Georges Werler devra être vu. Pour les comédiens ET pour l'auteur, cet illustre inconnu...


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