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Presque une île...

Publié le 17 septembre 2011 par Perce-Neige

Presque une île...De retour du paradis (vastes espaces parcourus de printemps, tendressoleils sur ta peau, murmures hypnotiques des nuits étoilées) je lis ceci, deGisèle Bienne, dans un très beau texte sur Katherine Mansfield dont la terribleet lumineuse existence, traversée d’un désir de littérature, me fascine (KatherineMansfield dans la lumière du Sud. Actes Sud) :
Elle habite maintenant au fond du jardin de Connie et Jinnie la villaIsola Bella. Jaune clair, "avec le mimosa qui pousse devant et qui estd'un jaune tout juste un peu plus soutenu", sa façade donne sur la mer. Al'ouest, c'est la vieille ville et son petit port. Katherine Mansfields'attache immédiatement à cette maison, sa "première vraie maison".Elle en aime les meubles, les bibelots, la vaisselle, la théière d'argent, lemiroir doré... La voici enfin devant "l'écran brillant du temps". Unarc-en-ciel se reflète dans la mer. L'herbe du jardin est douce, les feuillesdes arbres tremblent dans la lumière. Il y a les nuits étoilées, la lunesuspendue sur la mer, la mer dans la nuit, lisse et sans bornes. Il faudraqu'elle écrive ici chaque jour "quelque chose d'original" et qu'ellel'écrive "d'un bout à l'autre". Elle s'y engage, se sermonne :"des histoires ou rien". Dans la pièce où elle travaille, lesfenêtres restent ouvertes jour et nuit. Aura-t-elle le courage d'y écrire lejournal de la Casetta, de dire la vérité? Pour l'instant, elle ne le peut pas.Katherine, qui porte dans son cœur une île de rêve, lit le Shakespeare queMurry lui a donné. Elle lit La tempête. Tout est "neuf et doré" surl'île de Prospero. S'il le voulait, Murry aurait sa place dans cette maison.Là, serait son ombrelle ; là, son feutre. Il pourrait gratter la terre dujardin, y cultiver des légumes, observer les lézards sur la terrasse, le nid deguêpes dans le jardin. Il pourrait "prendre des bains de mer avec desplanches", Katherine l'attendrait à sa sortie avec un petit pain aux raisins.Elle ne tarit pas d'éloges sur cet endroit "idéal et délicieux. Et retiré- presque une île". Elle voudrait l'acheter: "Donne-moi une chance.Vraiment, c'est un grand tournant dans ma vie." Elle aurait un chez-soi,Murry en serait l'éternel invité. Elle travaille allongée sur une chaiselongue, lit ou écrit pour la revue, et c'est tellement agréable qu'à défaut del'acheter elle envisage de louer la villa pour un an. Dans cette régionprotégée du vent, les orangers, les mandariniers et les citronniers prospèrent.C'est le Sud par excellence. De la villa en surplomb, Katherine voit laMéditerranée d'un "bleu de jacinthe foncé", et elle l'entend dujardin. Les maisons sont "toutes colorées dans le soleil". Des femmesfont sécher le linge sur les orangers. "Peut-être le soleil confère-t-ilde la beauté à toutes les activités humaines." Cette lumière, si ellen'apaise le feu de la maladie, agit comme un baume sur ses récentes blessures.

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