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Les fils du Capitaine Achab

Par Borokoff

A propos de Warrior de Gavin O’Connor 3.5 out of 5 stars

Tom Hardy, Joel Edgerton - Warrior de Gavin O'Connor - Borokoff / Blog de critique cinéma

Tom Hardy, Joel Edgerton

Tommy Conlon, un Marine qui a déserté le front irakien, retourne à Pittsburgh, sa ville de naissance dans le but de participer à un grand tournoi d’Arts Martiaux Mixtes doté d’une récompense de 5 millions de dollars. Comme il a besoin d’un entraineur, Tommy demande à son père qu’il déteste pourtant parce qu’il buvait et tapait sa mère, de le « coacher ». En parallèle, Brendan, le frère ainé de Tommy et professeur de sciences-physiques, doit gagner le tournoi pour espérer ne pas être exproprié. Mais Tommy voue une rancune sans fond à Brendan à qui il reproche de les avoir abandonnés, lui et leur mère…

Bien sûr, on ne voit pas voir Warrior pour sa subtilité ni pour s’attarder sur sa morale d’un « American dream » bien pensant et toujours accessible à qui voudrait bien y croire. On n’y va pas non plus pour assister aux relents anti-soviétiques qu’il exhale 20 ans après la fin de la guerre froide (personnage de Koba). On sait qu’avec Gavin O’Connor (Le prix de la loyauté), on n’échappera ni aux scènes de pleurs collectifs, ni au pathos ni tout un « background » affectif à l’américaine. C’est bien connu, les drames se vivent en famille aux États-Unis, et l’Amérique en est une grande…

A vrai dire, ces grosses ficelles comme certaines longueurs ne gênent que très partiellement la progression dramatique du film. Car Warrior est compensé par d’autres qualités beaucoup plus intrinsèques dont le brio avec lequel sont réalisées les scènes de combat. Mené tambour battant par un trio d’excellents acteurs (auquel il faudrait ajouter Frank Grillo), Warrior brille aussi par son scénario. On pense à Fighter ou à The Wrestler bien évidemment.

Tom Hardy, Nick Nolte - Warrior de Gavin O'Connor - Borokoff / Blog de critique cinéma

Tom Hardy, Nick Nolte

Dans ce film axé autour des Arts Martiaux Mixtes, discipline qui combine le pugilat, la lutte (très en vogue aux États-Unis) et la percussion au sol, deux frères vont s’affronter dans un tournoi qui décidera quoi qu’il arrive de leur destinée. Tommy (Tom Hardy, vu dans Inception) voue une haine farouche à son frère ainé Brendan (Joel Edgerton d’Animal Kingdom) qui essaye en vain de recoller les morceaux avec lui. Tous deux vont connaitre un destin « à l’américaine », sortes d’écorchés vifs triomphant finalement du mauvais sort. Tommy est devenu un « déserteur héroïque » en sauvant la vie à des Marines alors qu’il fuyait l’Irak, Brendan s’est surendetté pour payer l’opération à cœur ouvert de sa fille au point de risquer de perdre sa maison. Que l’on se rassure, les deux frangins à la Abel et Caïn sont soutenus pour des fans clubs solides, composés pour l’un par un corps de Marines, pour l’autre par des étudiants de l’Université (c’est très américain, on le rappelle).

Si Hardy et Edgerton forment un duo d’acteurs très convaincants, la palme revient à Nick Nolte, énorme en Patriarche fourbu et alcoolique, rongé par les démons de la culpabilité. Impardonnable aux yeux de ses fils, c’est un vieil homme hanté par le remords et qui s’est enterré dans la religion dans laquelle il cherche une rédemption voire une absolution impossibles. Sa prestation de haut vol séduit. Quant à la scène paroxystique dans le drame où il erre, complètement saoul dans sa chambre d’hôtel, se prenant pour un Capitaine Achab pathétique, elle vaut à elle seule son pensant d’or…

www.youtube.com/watch?v=hjdKmSM7SDo

Film américain de Gavin O’Connor avec Tom Hardy, Joel Edgerton, Nick Nolte (02 h 20).

Scénario : 4 out of 5 stars

Mise en scène : 4 out of 5 stars

Acteurs : 4 out of 5 stars

Dialogues : 3.5 out of 5 stars


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