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L’hôtel Frugès

Publié le 20 septembre 2011 par Zappeuse

L’hôtel FrugèsDeux heures d’attente pour visiter une pure merveille, ou du moins une petite partie d’une pure merveille : l’hôtel Frugès, dans le quartier St-Seurin, à Bordeaux, est occupé par deux propriétaires qui n’ont pas forcément envie que le visiteur lambda piétine la moquette des chambres ou se lave les mimines dans la salle de bain, apparemment hors normes (photo). De même, la visite se fait sous la houlette de guides et les photos sont interdites, y compris dans le jardin (un bonheur, pourtant), respect de la vie privée oblige. Les journées du patrimoine permettent tout de même d’avoir un bel aperçu de ce superbe bâtiment Art Nouveau (et aussi un peu Art Déco, voire orientalisant), l’un des deux propriétaires ouvrant sa porte au public (que cette dame en soit remerciée).
Cet hôtel particulier fut celui que l’industriel Henry FRUGÈS fit construire pour montrer au tout Bordeaux à quel point il avait bien réussi, financièrement parlant bien sûr. Meilleurs architectes, artisans hors de prix, tout y est. Henry FRUGÈS était en effet héritier d’un empire sucrier, et dans les années vingt, suivant en cela un certain paternalisme ambiant, il commanda à LE CORBUSIER une cité pour ses ouvriers, située sur la commune de Pessac.
Revenons à sa maison. Art Nouveau, donc : volutes, courbes, douceur, couleurs pastels. Mais aussi un peu Art Déco, avec formes géométriques et dessin stylisé. Le salon d’un des deux appartements actuels, autrefois salle à manger et pièce de réception, est conçu dans l’esprit d’une cabine de navire. FRUGÈS, hygiéniste, y a fait inscrire des formules de bonne santé, recommandant de manger peu et sain. On y voit aussi un tableau représentant une vue idéalisée du port de Bordeaux.
Le bâtiment a néanmoins souffert. Lorsque l’industrie sucrière traditionnelle, basée sur la transformation de la canne antillaise a subi de plein fouet la concurrence du sucre de betterave, Henry FRUGÈS a fait faillite et sa demeure a été saisie avec tout son mobilier, sauf deux pièces, qu’il a récupérées avant que les huissiers ne s’en chargent : une fontaine art déco en mosaïque, dont une copie se trouve aujourd’hui sur la pergola, et deux pierres blanches sphériques, dont les répliques se trouvent dans le jardin. Pendant près de 60 ans, cette maison a abrité un cabinet de radiologie, qui a ajouté des cloisons et détruit certains éléments de décoration. Cela ne fait qu’une douzaine d’années que ce bâtiment a repris sa fonction initiale, celle d’une habitation.


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