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« Sans elle », premier long-métrage très prometteur réalisé par Anna de Palma. Sortie : le 11 Mai 2005.

Par Sandra.m
Johnny Vieira (Aurélien Wiik) a 20 ans et ne peut vivre sans sa jumelle Fanfan (Bérénice Béjo) avec laquelle il entretient une relation fusionnelle qui oppresse cette dernière. Tandis que Johnny rentre en France, Fanfan choisit de rester au Portugal, pays d’origine de leurs parents, où ils étaient venus en vacances. Entre un père qui prépare sa retraite portugaise, une mère qui refuse de quitter la France, et sa sœur dont il vit la séparation comme une trahison, Johnny est écartelé et désespéré. Sa passion pour la musique et son désespoir le rapprochent de Léonard (Jocelyn Quivrin), meneur d’un groupuscule fasciste, avec qui sa sœur a eu une aventure… Anna de Palma signe ici un premier long-métrage dont chaque plan nous fait ressentir la douleur de la séparation éprouvée par le personnage principal : dans ses dérives, ses colères, sa violence, ses illusions. L’absente est présente dans chacun de ses actes dont la violence crie son désarroi. La réalisatrice nous dresse avec minutie le portrait de cet anti-héros en perte de repères et en parallèle, le reflet plus ou moins implicite dans un miroir brisé : le portrait de sa jumelle et de leur histoire fusionnelle. La gémellité et la séparation de ces deux entités indissociables est métaphorique de leurs vies dichotomiques : entre France et Portugal, entre deux pays donc, entre deux cultures, entre deux parents qui se séparent, entre deux identités encore. La dangereuse dérive fasciste du protagoniste annihile la tentation de l’héroïser et exacerbe le côté sombre, renforçant ainsi son ambiguïté, avec une volonté affichée de la réalisatrice d’éviter tout manichéisme. Le visage encore singulièrement enfantin de Johnny , le jeu nuancé d’Aurélien Wiik contribuent également largement à cette ambivalence. Un film intense qui aurait peut-être mérité un dénouement moins didactique qui était de toute façon induit par le récit qui le rendait (ou du moins qui en rendait l’excès) inéluctable… Un film néanmoins salutairement amoral à l’image de la passion qu’il retranscrit, un film courageux, sensible, au montage intelligemment allégorique… et très prometteur à l’image de ses jeunes interprètes qui, comme la réalisatrice, amorcent certainement une longue et brillante carrière. Gageons-le et souhaitons leur….

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