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Mort systémique et parfum d’apocalypse

Publié le 21 septembre 2011 par Vogelsong @Vogelsong

“A quoi reconnaît-on la fin d’une époque ? A ce qu’un présent soudain insupportable condense en peu de temps ce qui fut si malaisément supporté par le passé.” R. Vaneigem “Adresse aux vivants”

Comme une odeur de putréfaction qui exhale de l’époque. Comme un sentiment que tout pourrait basculer dans le chaos. Peut-être la perception de la fin d’un monde, d’un modèle de survie, qui inconsciemment filtre dans nombre de propos ?

Christopher Dombres

Christopher Dombres

Il n’est pas anodin que concernant la Grèce le député N. Dupont-Aignan évoque le cas du “patient guéri, mais décédé, pour illustrer sa défiance face aux terrifiants sabrages successifs qui mettent le pays à genoux. Lui coupant toutes ressources vitales pour passer le cap d’une crise dans la crise. Dont on ne sait réellement si elle est née d’une erreur de pilotage politique, ou d’une fatalité propre à un système économique totalement absurde. Car plus qu’une menace de collapsus intégral du mécano financier, s’étale là, devant des citoyens incrédules, les derniers spasmes d’un dispositif totalement exténué et en perpétuel défaut depuis presque deux générations. Deux générations sacrifiées, abreuvées aux balivernes de la sortie du tunnel. La promesse de (re)voir la lumière, l’espoir ténu d’émerger du coma social et économique. Promesse, dont la fonction essentielle consiste à légitimer le sauve-qui-peut des consciences, et à s’immuniser pour affronter la survie augmentée. Dans le champ de ruines aseptisé de nos villes, où il faut apprendre sans sourciller à contourner les corps avachis sur les bouches de métro.

On peut sauver des blessées, mais on ne peut pas sauver des morts déclare R. Muselier, médecin devenu député marseillais. Ainsi qualifie-t-il les salariés de Fralib (et les disqualifie du royaume des vivants) qui luttent pour la survie. Survie comme citoyen possédant le minimum nécessaire à une existence sociale. Une activité professionnelle l’affranchissant du “cancer de l’assistanat” telle qu’il est défini comme pathologie sociale (et) mortelle par le régime. Où les zombies perçus comme chair à canon de la machine productiviste s’attachent eux-mêmes aux instruments de leur asservissement. Ils perçoivent surement, les paradoxes de cette absurde situation. Consciemment ou inconsciemment. Tellement absurde d’ailleurs, qu’elle ouvre la voie aux railleries des nervis de l’ordre cannibale du monde. Croque-morts parés de complets anthracites, squattant l’Olympe symbolique de la démocratie représentative et décrétant les vivants, plus vivants qu’eux, morts.

Présumé inaltérable et sans alternative, l’ordre économique semble finalement pouvoir basculer dans l’au-delà. L’inexploré. F. Lordon goguenard lance “La Grèce va faire défaut. Et là on entre en terre inconnue”. Ce que tous s’étaient interdit d’imaginer. Il lâche aussi “la ruine du système bancaire, c’est le retour au potager en cinq jours”. Le post capitalisme non consenti, non maitrisé, c’est peut être ça, un trépas dans le chaos et le potager.

Vogelsong – 20 septembre 2011 – Paris


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