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Crème glacée et pudding

Publié le 21 septembre 2011 par Ladytelephagy

Ce n'est pas moi qui prétendrai que l'unviers de Playboy n'exerce pas une certaine fascination sur les esprits. Et d'ailleurs ça ne me gène pas de le reconnaître : il y a une dizaine d'années de ça, j'avais découvert le téléfilm A Tale of Two Bunnies et je l'avais adoré. On y voyait deux Bunnies débutantes commencer leur formation, l'une avec succès, l'autre en tombant dans les pires excès. C'était pas le scénario le plus incroyable du monde, et, loin de là, le cast non plus (qui sait qui est Marina Black ? Voilà merci), mais j'aimais bien le contexte historique, le décor du club, l'univers de Playboy en général, en tous cas tel que dépeint dans le téléfilm qui lui aussi choisissait une époque similaire. Donc c'était cool, voilà.
Et ce n'est pas moi qui prétendrai que, 10 ans après, la fascination sur l'univers de Playboy ne fonctionne plus.

Aisu

On en était donc là et, des séries que j'attendais à peu près (genre : ah oui elle a été commandée, non ?), The Playboy Club était l'une de celles que j'attendais le plus, si ça signifie quelque chose.
Je n'attendais pas du Mad Men : pour avoir du Mad Men, je pense qu'à ce stade on est tous conscients qu'il faut regarder Mad Men. The Hour l'a prouvé (avec brio) cet été ; on peut s'inspirer de la série à succès et pour autant, tout de même su trouver son univers. J'ai hâte de voir si Erobreren aura également appris la leçon.
The Playboy Club, à sa façon, et contrairement à ce que la plupart des mauvaises langues vous diront, a aussi tiré les enseignements du succès de Mad Men sans en être une pâle copie. Il y a inspiration, c'est indéniable, et plus forte sans aucun doute que dans The Hour, mais Playboy recouvre un tel folklore, fait appel à une telle part de notre imaginaire, plus encore dans sa prime jeunesse (aujourd'hui ça ne fait probablement plus rêver que les chirurgiens esthétiques), qu'on ne peut pas juste se limiter à cela quand on aborde la série. Oui, il est certain que NBC a commandé la série à cause de Mad Men, et le pilote tourné en conséquence. Mais le pilote ne se borne pas à copier son aîné.
Alors après, je ne vais pas prétendre qu'il s'agit de ZE pilote de la rentrée. Déjà parce que pour rivaliser avec la qualité de Homeland, il faut se lever tôt. Et ensuite parce que je ne suis pas totalement stupide (non, pas totalement), et que je vois bien les limites de la série.
Mais plus le pilote avançait, plus je me suis dit que, quand même, je ne voyais pas ce qu'on pouvait lui reprocher. On peut tout-à-fait ne pas l'apprécier, surtout si on aime déjà Mad Men et qu'on a l'obsession que semblent avoir beaucoup de demander aussi bien que Mad Men sinon rien (et si déjà on arrêtait de comparer, on pourrait se détendre un peu et apprécier un peu mieux le pilote), mais on ne peut pas dire que c'est une merde, pas si on a vu Whitney, par exemple. Ou The Secret Circle. Ou... vous m'avez comprise.
Evidemment c'est un peu cliché, mais Playboy EST un cliché : on vend du cliché, quand même, à la base ! Et bien-sûr, cette histoire d'homicide est un peu cousue de fil blanc parce qu'on sent que c'est un prétexte pour lier la nouvelle Bunny au séduisant héros. Et alors ? Vous croyez qu'une intrigue de Grey's Anatomy, où dés le début on a droit à un "comme par hasard...!", était moins téléphonée ? Mais on s'attachait aux personnages, au contexte, aux histoires (ou pas) (ou plus, dans mon cas ; j'ai pas été très loin).
On est avant tout là pour visiter les coulisses du club, assister à la genèse de Playboy, les premières fêtes dans le Manoir Playboy, les costumes, l'ambiance musicale de l'époque. On veut juste tâter les oreilles et les petites queues soyeuses plutôt que de regarder éberlués des lèvres et des nichons démesurés sur du papier glacé qui n'a plus rien de frippon. On veut revivre la légende. On veut avancer avec les Bunnies, parce qu'outre le petit derrière qui frétille, c'étaient de jolies histoires de femmes, là où Mad Men est quand même plus un univers d'hommes (ce qui n'empêche pas les beaux portraits de femmes, bien-sûr).
Les histoires de mafia, l'apprentissage des Bunnies, les fêtes folles, les clients qui tentent d'être discrets, les inévitables coucheries, les jalousies, les secrets... c'est bien aussi. Il n'y a rien de honteux. Il n'y a rien de piteux. Il n'y a rien de génial, ah ça on est d'accord, mais ce n'est pas plus crétin que les centaines de séries policières photocopiées qui débarquent chaque année sur les écrans (mon programme ce soir : tenter Unforgettable).
C'est un milieu original, que dis-je original, unique. Je ne vois pas pourquoi j'en demanderais plus à une série qui peut, si on le lui permet, me fournir du divertissement sympathique et rétro sans faire honte au monde de la télévision, simplement parce qu'elle a pensé que pour voir le jour, il fallait surfer sur la vague d'une série encensée par la critique. On a eu pléiade de séries policières qui l'ont fait pendant la décennie précédente et on ne leur en a pas tenu rigueur pour si peu. Je trouve vraiment exagéré le lynchage auquel j'assiste depuis quelques jours ; ou alors je lis pas les bonnes reviews.
Non, The Playboy Club n'est pas le meilleur pilote de la rentrée, loin s'en faut. Mais ce n'est pas le pire non plus, là encore loin s'en faut. Je regarderai le temps que ça durera, dussè-je être la seule.
Et pour ceux qui manquent cruellement de cul-ture : la fiche The Playboy Club de SeriesLive.

Bien d'accord avec toi. J'ai trouvé le pilote de The Playboy Club d'honnête facture et je ne comprends pas franchement les réactions épidermiques que la série a suscitées, aussi bien auprès des ligues de vertu qui appellent au boycott alors qu'il n'y a rien de proprement choquant dans la série pour le moment que de la part de ceux qui s'entêtent inlassablement à lui reprocher de ne pas être Mad Men. J'aime beaucoup cette dernière, mais je ne souhaite pas en voir une imitation, et je ne pense pas que The Playboy Club en soit une. Qu'elle s'en soit inspirée, c'est fort probable, mais de là à la taxer de pâle copie, il y a un grand pas que je refuse de franchir. Outre le niveau social du personnage principal et le fait que l'action se déroule dans les années soixante, les deux séries n'ont pas grand-chose en commun. J'ai du reste trouvé les quelques personnages présentés dans le pilote plutôt intéressants dans l'ensemble.
Comme tu le soulignes très justement, The Playboy Club n'est pas la série de l'année et ne vivra sans doute pas bien vieille, mais c'est loin d'être la catastrophe décrite par certains. J'ai apprécié le pilote qui est clairement le plus abouti de ceux que j'ai visionnés jusqu'à présent cette saison (je n'ai encore vu ni Homeland, ni Revenge mais j'ai l'intention de voir les deux) et tu peux être assurée que nous serons au moins deux à suivre la série jusqu'à ce qu'elle quitte l'antenne.

Décidément, tu vas croire que j'ai l'esprit de contradiction. J'espère que tu ne m'en voudras pas, mais peut être qu'en débattant sur tes idées on arrivera à mieux comprendre nos différents points de vue.
Je suis d'accord avec ce que tu avances, tu annonces tes envies en regardant le pilote, mais... rien de tout cela n'arrive.
- Où sont les portraits de femmes ? A part celle qui fourre son nez dans les affaires du patron, difficile de caractériser le moindre personnage féminin, y compris, et c'est plus grave, l'héroïne dépourvue de personnalité.
- La question de l'univers "original" :
Ce qu'on nous dépeint est un univers coloré, aux codes et aux rêves simplistes. Il n'y pas de "création" encore moins d'explication sur l'ascension de Playboy, tout ce qu'on voit à l'écran, on l'a déjà vu des centaines de fois dans d'innombrables séries policières, y compris contemporaines (oui j'ose le parallèle avec les strip club, certes moins glamour, mais parfois il n'y a pas besoin de vernis)
- Enfin, s'il y a bien une histoire policière qui revient tous les 5 épisodes dans n'importe quelle série, c'est l'histoire d'une strip teaseuse mêlée à la mafia. Et tout dans le déroulement du pilote est respecté à la lettre. Alors oui c'est pas mieux que ces autres séries, mais c'est pas un argument en faveur du visionnage, surtout si on a déjà d'autres séries chronophages.
De la lecture de ton article, il en ressort que tu aimes le sujet, et que tu fondes beaucoup d'espoirs pour la suite, mais j'ai eu du mal à voir pourquoi on devrait être optimiste, justement. Cela dit, je souhaite me tromper, et que tu y trouves ton bonheur.

Eclair, si je n'aimais pas l'esprit de contradiction, je fermerais les commentaires

Crème glacée et pudding
Surtout quand le dialogue est posé de façon constructive comme tu le fais, et pas juste en mode commentaire sur un post Sonny with a Chance XD
Alors pour te répondre, je commencerai par les portraits de femmes (à l'origine je soulignais dans mon post que Mad Men était plus masculine mais que des portraits de femmes étaient quand même possibles, donc on dévie un peu parce que je ne dis pas que TPB... merde on va croire que je parle de The Pirate Bay... a pour l'instant des "portraits"). Tu as raison, d'ailleurs, quand tu dis que l'héroïne est un peu transparente ; mais j'ai eu l'impression d'y voir Tara dans FNL, juste avant qu'elle ne devienne badass ; on a l'impression que ce personnage est là pour passer de complètement neutre à intéressante. Mais surtout, les portraits qui m'ont intéressée, ce sont ceux de la Bunny Mother, effectivement, de la lesbienne dans le placard avec son faux mariage, de la nana qui sort avec le barman... je crois qu'il y a de la belle matière ici, plus, c'est sûr, qu'avec l'héroïne qui, comme beaucoup d'héroïnes, va servir plutôt de repère de la normalité que d'autre chose, les histoires plus extrêmes n'étant pas les siennes, mais celles de son entourage. Même la Black (je n'ai encore retenu aucun prénom, fidèle à mes habitudes ^_^; ) a du potentiel, consciente comme elle est d'être la Black de service.
Personnellement j'ai trouvé l'univers original, dans le sens où comme je l'ai dit, Playboy et en particulier à cette époque, c'est tout un folklore (qui s'auto-caricature aujourd'hui). On guette l'apparition de Heff, par exemple. Personnellement j'ai adoré le truc sur les nouveaux costumes (même si j'ai trouvé qu'on ne voyait pas assez nettement la différence avec les anciens à l'écran), la Bunny Mother... et surtout la promesse à la fin de former la nouvelle, qui me semble parfaite pour nous introduire nous dans cet univers. Les Bunnies ne sont pas des strip-teaseuses justement, elles ne quittent pas leur costume (pas officiellmement
Crème glacée et pudding
), elles doivent se tenir d'une certaine manière, servir d'une certaine manière, à l'époque, Playboy, c'était à la fois le sexe et la classe ! Pour des centaines de femmes, c'était l'école qui permettait de progresser socialement, et pas de s'enfoncer dans le white-trashisme comme les strip-teaseuses ! Il y avait une réelle exigence de maintien, d'éducation, de service aux clients (quoi qu'on pense ensuite de ce qu'elles pouvaient faire hors-heures de service, ou de la dignité que représente le fait de circuler en costume de lapin). C'est en ça que c'est tout un univers, avec ses codes, et qu'on fait appel à tout cela quand on parle du Playboy Club et pas de n'importe quel club dégueulasse le long d'une autoroute. Par exemple tu as forcément remarqué quand la Bunny rose sert les cocktails au client, le geste particulier qu'elle fait (toujours servir de la même main, cambrer plutôt que se pencher sur la table), quand je parle d'un univers particulier je parle aussi de ce genre de choses. Je ne dis pas qu'on va nous sortir tout d'un coup des scoops sur la vérité vraie des clubs, je dis juste qu'on va nous offrir un voyage dans cet univers. Ca, désolée, c'est nouveau.
Pour finir, la mafia. Ce n'est pas l'intrigue qui me plait le plus, tu l'auras compris. Pour autant, elle n'est pas mauvaise, juste pas originale, mais elle n'a rien de mauvais juste parce qu'elle a déjà été maintes fois utilisées (combien d'épisodes d'Experts divers sur le mari, la femme et l'amant/la maîtresse ? Combien de fois cette intrigue vue ailleurs, avant et après Les Experts ? Pour autant, si c'est bien fait, on accepte de revoir cette intrigue avec sa petite variation subtile, si elle existe ; prendre du plaisir ne vient pas que de l'inédit, mais de la façon dont la narration, fluide, nous emmène dans le récit). Mais là où c'est intéressant, c'est que cela se mêle au background du héros, aux questions d'héritage, à la vie du club qui est quand même sélect, ce n'est pas juste un stand alone, l'intrigue va forcément se prolonger sur plusieurs épisodes, et ça me semble un peu aller à contre-courant de ta comparaison avec les histoires de mafieux qu'on a vues cent fois. Parce que ça me semble une excuse qu'on veut bien brandir certaines fois et pas d'autres, sans vouloir te vexer : 2 Broke Girls non plus n'invente rien, mais tu es plus prêt à être clément alors qu'on pourrait aussi dire que c'est du déjà vu. C'est un argument qui en fait dépend de l'humeur. La mienne n'était pas au pessimisme, peut-être parce que ma démarche est d'essayer de voir chaque pilote avec l'oeil le plus objectif possible. Ce que j'observe, c'est que les plus négatifs sont ceux qui attendaient au tournant la série, pas ceux qui la traitent comme un pilote parmi tant d'autres et attendent de juger sur pièce. Pourquoi ne pas adopter un regard neuf ?
En fait, tu as raison : je fonde des espoirs sur l'univers de Playboy parce que ça, ça me plait (j'avoue que je m'ignorais aussi "experte" avant d'avoir cette discussion ^_^; ), et si c'est bien raconté, alors j'y vais ! Oui, Cibrian, que j'ai oublié de mentionner, est encore plus transparent qu'Amber Heard, et oui, je suis obligée de reconnaitre que voir Troy Garrity dans un petit rôle a définitivement été une surprise sympa plus qu'un véritable bonus. Mais je ne pourrais pas regarder Homeland plusieurs heures chaque semaine. Il faut de tout, il faut savoir varier les degrés, c'est comme pour le sexe.
Ce qui tombe bien, on parle de Playboy. Une industrie à vendre du sexe sans permettre d'avoir du sexe valait bien d'avoir une série qui vend l'illusion de l'originalité (celle de son contexte) sans révolutionner le genre. Mais combien de séries chaque années révolutionnent réellement leur genre ? Et sur un network, où la prise de risque est moindre ?
Tu sais, et toujours sur la base d'une conversation amicale et constructive (mais tu me le dis si je pousse trop loin), ce qui me frappe c'est que, le discours de l'originalité, j'aurais envie de le tenir pour les séries coréennes. J'ai l'impression d'y voir encore et encore et encore les mêmes choses. Mais dans ces cas-là, toi ou Livia me montrez qu'il y a un attachement possible malgré tout sur les singularités qui, à moi, m'apparaissent mineures. Tu crois que tu pourrais puiser dans cette façon que tu as de regarder les séries coréennes, la force de donner une chance à The Playboy Club ?


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