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Une parenthèse avec Nisard

Publié le 12 octobre 2006 par Caroline
Toujours plongée dans l'oeuvre de Proust ainsi que simultanément dans sa biographie écrite par Jean-Yves Tadié, je ne m'octroie que peu de récréation. J'avance avec délices dans la découverte de l'écrivain et n'ai aucune frustration de ne pas aller voir ce qui se passe dans l'actualité littéraire. Mais, il y a des signes qui ne trompent pas. J'avais entendu parler, au milieu du fatras de la rentrée littéraire, du dernier Éric Chevillard, Démolir Nisard. Parmi les critiques, une excellente dans le dernier LMDA. J'avais particulièrement aimé Du Hérisson, du même auteur, et aussi Oreille Rouge. Mais patiemment, j'attendais que mon chantier Proust soit terminé. Et puis, l'autre jour, j'écoutais la radio distraitement en voiture quand un nom m'a fait tendre l'oreille : Jean-Yves Tadié. Il venait parler de son dernier bouquin de Proust à Dumas. Intéressant tout ça ! Puis quand le journaliste lui a demandé ce qu'il lisait à part Proust et Dumas (d'ailleurs, il a dit qu'il n'y revenait plus ayant consacré une bonne part de sa vie à l'oeuvre de ces deux écrivains), il a cité anodinement : Démolir Nisard.medium_demolirnisar2.jpg C'est bon, je pouvais y aller. Le feu était vert ! C'est ce que j'ai fait dès lundi, en me précipitant chez ma libraire. Elle m'a avoué qu'elle n'aimait pas, qu'elle n'avais pas pu aller jusqu'au bout. Moi, je l'ai attaqué tout de suite, en allant boire un café au bar. Je riais toute seule, plongée dans mon bouquin. En fait, l'auteur au fil des pages exprime sa haine de Désiré Nisard. Ce personnage a existé, détestait les romantiques, était député du centre, votant avec les conservateurs (tiens ça me rappelle quelque chose ! ), avait beaucoup de raisons d'être détesté par Chevillard et ses lecteurs. Il le démolit de façon obsessionnelle. Il le rend responsable de tous les malheurs de la terre, même de téléphoner dans les trains ! On apprend qu'entre autres chefs d'oeuvres pondus par ce personnage, il y a le Convoi de la laitière un roman qualifié de grivois par le Larousse et Histoire et description de la ville de Nîmes (1835). Chevillard a relevé un extrait de ce dernier ouvrage qui vaut son pesant de cacahuètes :
"La civilisation moderne a fait de belles choses à Nîmes : une promenade publique et une prison. Toute pensée de civilisation, pour être complète, a besoin de pourvoir au mal comme au bien. Une prison, et une promenade pour ceux qui sont libres, c'est donc là une pensée complète de civilisation."
Et vous ne voulez pas qu'il s'acharne sur un mec pareil ? Il s'acharne certes, mais avec tellement de talent. Cela m'a donné l'idée d'aller à Nîmes, dans un temps prochain, feuilleter à la bibliothèque le précieux ouvrage de Nisard question de rigoler un peu. Je vous raconterai ce que j'y ai trouvé. Quant à Chevillard, il m'est arrivé d'en offrir, mais, je suis tombée à côté parfois. Son univers est si peu banal que si on n'y entre pas, on peut rapidement s'ennuyer. Moi, je jubile en le lisant ! Allez, pour le fun quelques citations de Désiré Nisard : « Il sied au progrès de respecter ce qu'il remplace.» « Une maxime doit être un fruit de l'arbre de la vie. » « L'homme de génie, en France, c'est celui qui dit ce que tout le monde sait. Il n'est que l'écho intelligent de la foule. » Merci à Chevillard d'avoir réveillé ce mort .

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