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Géant verre

Publié le 22 septembre 2011 par Ansolo

Lorsque vous rencontrez Raphaël Poulain, ancien trois-quart aile du Stade Français, vous ne pouvez pas manquer d'être impressionné par l'apparence du bonhomme : bien que retraité des terrains, il affiche toujours une silhouette de colosse, un buste de Charles Atlas et des biceps à faire passer vos cuisses pour des brindilles.

Mais c'est un colosse fragile, un géant de verre. A de nombreuses reprises, son corps a dit "stop" et refusé de subir sans broncher la musculation à outrance et les chocs à répétition que la vie de rugbyman professionnel implique. Raphaaël Poulain a souffert dans sa chair. Mais pas seulement.

Dans son livre,  Quand j'étais Superman, Raphaël Poulain nous dévoile l'envers (l'enfer ?) du décor, et nous montre combien, derrière les paillettes et le star system, la vie d'un champion du Top 14 n'a pas toujours, loin de là, la couleur des maillots du Stade Français.

Quelques années après Top 14 : Confession d'un mercenaire kiwi (Ed. Privat), de John Daniell, une nouvelle occasion nous est donc offerte de plonger dans le milieu du rugby pro. Et le témoignage de Raphaël Poulain est sans concession sur les tares d'un système qui vous porte aux nues un jour et vous lâche sans prévenir le lendemain, où l'argent et la pipolisation, et pourtant on est loin des sommets atteints par le football, font perdre aux gamins le sens des réalités et, surtout, leur font oublier le caractère éphémère de leur trajectoire.

Raphaël Poulain évoque ses nombreuses blessures, qui l'empêchèrent de jouer plusieurs finales de championnat et de coupe d'Europe, ses rapports avec les dirigeants et les entraîneurs du Stade Français, et l'après rugby, quand la star devient has-been dans ce milieu et tente de prendre une nouvelle direction, celle de l'art dramatique. Cette dernière partie est sans doute la plus édifiante du livre, sinon la plus réussie. 

Malgré une certaine autodérision et un sens de l'humour affirmé, l'auteur donne à l'ouvrage une coloration relativement sombre mais termine néanmoins par quelques notes d'espoir. Les amateurs de littératures trouveront très certainement à redire au style, plus proche de la stand-up comedy (dans le ton et le ryhtme des phrases) que du roman classique. Certains passages auraient sans doute gagné à être un peu moins lourdement soulignés. Mais tous ceux qui s'intéressent à la chose ovale trouveront un intérêt certain à accompagner Raphaël Poulain de l'autre côté du miroir.

Quand j'étais Superman, Editions Robert Laffond, 19euro


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