Photographies 1 et 2 : 'Le Couronnement de la Vierge' de Fra Angelico. Vers 1434-1435. Tempera sur bois de 114 × 113 cm. Galerie des Offices, Florence. © 2010. Photo Scala,
Florence - courtesy of the Ministero Beni e Att. Culturali.
Photographie 3 : Détail de 'Vierge à l'Enfant' de Fra Angelico. Vers 1450. Tempera sur bois de
99,5 x 66,8 cm. Galeria Sabauda, Turin. © 2010. Photo Scala, Florence - courtesy of the Ministero Beni e Att. Culturali.
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Le musée Jacquemart-André est l'hôtel particulier parisien d'un célèbre couple de collectionneurs, rempli du
sol au plafond d'objets d'art de grande qualité. Entrer dans ce bâtiment c'est se plonger dans un bain d'esthétisme et de raffinement tout particulièrement imprégné du XVIIIe siècle français et
de la Renaissance italienne. L'exposition Fra
Angelico et les Maîtres de la lumière y a donc toute sa place, Fra Angelico (vers 1400-1455) étant un des artistes phares de la première Renaissance italienne. Son oeuvre est
d'une grande richesse, notamment dans son utilisation de l'or et de couleurs précieuses. Elle marque aussi un tournant qu'opère l'Italie d'alors, se démarquant de l'influence française gothique
et courtoise pour élaborer une Renaissance à partir d'une redécouverte de l'Antique et un foisonnement artistique et artisanal soutenu par de très importants mécènes esthètes, issus de la vie
religieuse ou publique. A cette époque l'Italie est à la croisée des chemins entre l'Orient et l'Occident. C'est une place importante commerciale, en particulier à travers des villes comme Venise
ou Florence. Elle devient la source d'une modernité nouvelle qui prend la place d'une influence française avec un gothique qui s'endort sur ses lauriers et une richesse devenue pompeuse quand les
artistes et artisans italiens proposent une plus grande finesse et de nouveaux savoir-faire. Ceux ayant assisté aux deux expositions parisiennes dans les derniers mois de l'année 2010, l'une sur
la Renaissance italienne à travers la famille des Médicis (voir les articles Exposition : Trésor des Médicis 1 et 2) et l'autre sur la France artistique en 1500 (Exposition : France 1500, entre Moyen-âge et
Renaissance)
peuvent témoigner du manque de renouvellement des beaux-arts dans la France du XVe siècle quand l'Italie est toute
entière dans la nouveauté et la recherche (comme sur la perspective). Du reste la France accueille rapidement ces nouveaux talents de la péninsule, qu'ils soient artistes ou
artisans.
Les artistes influençant ou influencés directement par Fra Angelico sont aussi très intéressants.
L'exposition présente ainsi en accompagnement des vingt-cinq panneaux peints de l'artiste autant d'autres de peintres importants l'ayant côtoyé. On y découvre l'apprentissage progressif de la
maîtrise de la perspective, déjà présente durant l'Antiquité (les peintures murales d'architectures présentées dans l'exposition sur Pompéi au musée Maillol à Paris en sont un exemple - au sujet
de cette exhibition voir l'article ici), mais que les artistes de
la Renaissance vont définir et utiliser jusqu'à un une maîtrise à l'origine de notre modernité et de son regard sur le monde : une science de l'appréhension du sensible par l'image à
l'origine d'une vision 'réelle' du monde qui aboutit à celle où nous sommes aujourd'hui qui est pourtant loin d'être exhaustive.
Ces oeuvres expriment aussi un mysticisme proche de l'ordre Camaldule et des pratiques monastiques et d'ermitages dont la simplicité de certains sujets et le traitement
encore assez 'naïf' contrastent avec l'emploi de couleurs précieuses et de l'or et de l'argent dont parfois les feuilles sont incrustées et ciselées à même la peinture, donnant notamment
des rendus de drapés assez spectaculaires comme dans la Vierge à l'Enfant de Fra Angelico de vers 1450 ; rendu que la photographie 3 ne peut restituer.
Cette exposition est aussi une occasion de visiter le musée Jacquemart-André.
Visite virtuelle Musée Jacquemart-André
Auteur : Culturespaces
Photographies : Musée Jacquemart-André.
© Article LM