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Consolidation

Publié le 23 septembre 2011 par Toulouseweb
ConsolidationUn nouveau géant américain, UTC-Goodrich.
Pour autant que les autorités anti-trust entérinent l’opération, United Technologies va racheter Goodrich pour 18,4 milliards de dollars, opération de «consolidation» qui renforcera considérablement une entreprise qui mérite de longue date d’être qualifiée de mondiale : UTC réalise avant fusion un chiffre d’affaires annuel de 66 milliards de dollars, aligne une gamme de productions impressionnante, occupe 235.000 personnes et dispose d’une présente forte sur la quasi totalité des marchés aérospatiaux mondiaux. Ses marques les plus connues d’UTC sont Pratt & Whitney, Sikorsky, Hamilton Sundstrand.
Le PDG du groupe, Louis R. Chênevert, confirme ainsi les grandes ambitions qu’il a confiées au groupe de East Hartford en même temps que l’influence considérable qui est la sienne. Il mène ce qu’il est convenu d’appeler une belle carrière, au plus haut niveau. Chênevert avec un accent circonflexe, inattendu, tout simplement parce qu’il est canadien, issu de l’Université de Montréal et de l’Ecole des hautes études commerciales. Il n’est d’ailleurs pas le seul haut dirigeant d’UTC venu de la Belle Province, Pratt & Whitney Canada, motoriste implanté à Longueuil, étant une pépinière de talents neufs.
UTC, jadis baptisée United Aircraft, a entamé sa forte croissance de longue date, par un jeu d’acquisitions soigneusement ciblées. Le groupe n’a pas hésité à s’éloigner occasionnellement de ses spécialités comme en témoignent les ascenseurs Otis et Carrier, géant de la climatisation. L’expansion du groupe a été accélérée à l’époque déjà lointaine, celle des années soixante-dix, où Harry Gray, le plus illustre prédécesseur de Chênevert, s’était hissé au poste suprême. Qui plus est, il avait considérablement contribué à la victoire du chasseur F-16 sur le marché européen, propulsé par un F100, facilitant ainsi un fort regain d’activités militaires chez Pratt & Whitney. En revanche, côté civil, le motoriste s’était quelque peu endormi sur ses lauriers, le célèbre JT9D approchant du monopole de fait mais attendant trop longtemps un successeur. C’est cette erreur stratégique qui avait créé l’ouverture dans laquelle s’étaient précipités General Electric et Snecma avec le CFM56.
Dans le jargon aérospatial, UTC est un équipementier de rang 1 (une appellation qui mériterait d’être revue à la hausse pour mieux refléter le poids économique du secteur) qui est présent, à un titre ou à un autre, à la quasi-totalité des programmes mondiaux. L’exemple le plus récent est celui de sa forte participation dans le C919 chinois.
Le regroupement qui vient d’être annoncé ne suscite probablement pas une approbation inconditionnelle. Les grands donneurs d’ordre civils, à commencer par Airbus et Boeing, craignent que n’apparaissent des monopoles de fait, dans certaines catégories d’équipements, qui nuiraient à l’émulation technique et au maintien de prix compétitifs. Le rapprochement UTC-Goodrich va sans doute renforcer ces craintes, d’autant que les deux entreprises exercent en grande partie les mêmes métiers.
Cette course aux économies d’échelle, aux synergies, ne relève pas uniquement d’une logique industrielle. De toute évidence, pour reprendre un terme très en vogue, il s’agit plutôt de maximiser les profits alors que les clients assistent impuissants à un dialogue et un combat de géants qui ne va pas nécessairement dans le sens de leurs intérêts. Ce n’est visiblement pas la préoccupation majeure des acteurs dits de rang 1.
Aussitôt le projet de fusion révélé au grand jour, la première initiative de Louis Chênevert et de son équipe a d’ailleurs été d’organiser une conférence téléphonique avec les principaux analystes financiers. Logique…
Pierre Sparaco - AeroMorning

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