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Cape Wrath/Meadowlands – Review – Critique – Saison 1 (Intégrale)

Publié le 25 février 2008 par Blabla-Series

”Relentlessly odd as Meadowlands can be, don't be surprised if it seduces you”

Crée par Matthew Alridge et Robert Murphy
Diffusion sur
Channel 4/Showtime
Series Premiere
10 juillet 2007
Saison 1 en cours
Format 50mn-
8 épisodes

Cast
David Morrissey (State of Play, Blackpool), Lucy Cohu (Sweet Medicine, The Bill), Felicity Jones (The Worst Witch), Harry Treadaway (Afterlife), Tristan Gemmill (Strictly Confidential), Emma Davies, Sian Brooke, Ella Smith.

Show Synopsis
A la suite d’un incident criminel, la famille Brogan est prise en charge par le programme de protection des témoins. La famille est ainsi placée dans la ville la plus sécurisée qui soit : Meadowlands.

Critique
Après le très médiocre Flights of the Conchords et le cliché Starter Wife, passés directement à la trappe, l’intriguant John from Cincinnati et le palpitant Jekyll, c’est définitivement la nouvelle série estivale Cape Wrath (a.k.a Meadowlands pour Showtime) qui a retenu le plus mon attention.

Co-production entre la chaîne britannique Channel 4 et la chaîne à péage américaine Showtime, Cape Wrath est classée série britannique. L’accent british de chacun des acteurs ne trompe pas, je dois avouer qu’au beau milieu de toute cette collection américaine, Cape Wrath est d’abord un plaisir auditif pur et me donne envie de découvrir davantage ce qui a longtemps été une véritable allergie pour moi : les séries britanniques. Gouverné par les a priori et les idées reçus vides de sens strictement contraires à l’éthique du sériephile, j’espère rapidement une réhabilitation.

A la suite des premiers épisodes, on ressort de la série secoué, véritablement ébranlé. Au vu du pitch laissant penser à un quelque chose entre The Riches et Weeds, Cape Wrath n’a pourtant rien de la comédie osée et satyrique et se situe davantage entre Twin Peaks et le Prisonnier. Il faut dire que l’atmosphère qui y règne et qui nous absorbe très rapidement est particulièrement pesante et singulière. Alors que John from Cincinnati fut comparé plusieurs fois à un sous Twin Peaks de par son ambiance relativement étrange, on est pourtant loin de la ressemblance entre le grand Twin Peaks, le culte Prisonnier et le nouveau Cape Wrath.

L’étrange au quotidien, formule de Générique(s) il y a deux mois, illustrant les séries étranges telles que Carnivàle et Twin Peaks, est une idée que l’on retrouve facilement dans cette ville inquiétante qu’est Meadowlands.
Atmosphère dense et inhabituelle, plans froids esthétiquement soignés, personnages intrigants aux airs dangereux, climat angoissant et paranoïaque, impeccablement représenté par un décor grisâtre marqué çà et là par quelques points vif éblouissants voire inquiétants. Plaisir de l’œil, malgré une réalisation moins aboutie plus complaisante que celle signée par Mark Frost et David Lynch, Cape Wrath a de ce côté rempli aisément son contrat.

Pour le reste, Cape Wrath s’avère louable. L’histoire a des faux airs de The Riches. Pour cause, une famille décide de changer de vie, de fuir leur passé et de vivre sous une identité qui n’est pas la leur. Et si le couple de voyageurs ne semble pas correspondre à cette famille anglaise, on trouve néamoins quelques similitudes entre le courageux Danny et le rusé Wayne, l’esseulée Evelyn la sensible Dahlia et même entre les deux ainées, à la fois matures et fragiles, Deedee et Zoe.

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Mais la différence entre The Riches et Cape Wrath, c’est évidemment l’indéniable ton comique que l’on ne retrouve dans le show britannique et qui est plus ou moins présent dans The Riches sans en faire de lui une véritable comédie.
De plus, alors que la famille Malloy décide de leur plein gré ce nouveau et dangereux choix de vie en devenant les Rich, à Meadowlands tout s’établit autour du programme de protection des témoins, un indice supplémentaire qui prouve la particularité de son univers. Même si à Edenfalls, les voisins ne sont pas de dangereux criminels, de malheureuses victimes ou des témoins plus ou moins malchanceux, l’image de Meadowlands fut cependant utilisée à certaines reprises, notamment en fin de saison, lorsque la voisine Nina pense que Dahlia/Cherien et sa famille font parti du fameux programme. C’était pour l’anecdote.

Comparable aux cultes étranges et à l’un de mes favoris de l’année : The Riches, Cape Wrath a officiellement tout pour plaire.
Cependant, après le pilot, la série prend un tournant assez inattendu et décide de passer à l’action. D’une approche moins subtile que l’étrangeté de Twin Peaks, la bizarrerie de Cape Wrath vire au gore, au malsain, à cet univers à la fois inquiétant et terriblement glauque. Les personnages décident de montrer qui ils sont.

Le fils de la famille en premier, Mark Brogan. Traumatisé par l’incident, dommages corporels permanents, Mark s’est réfugié dans le plus complet des mutismes et s’amuse à jouer les voyeurs à la fois pervers et androgyne. Vouant une admiration culte à sa sœur jumelle, il cultive la ressemblance jusqu’à en devenir son double. Totalement inoffensive, on est néanmoins loin du portrait attendrissant du gentil garçon aux manières efféminées, à l’instar du jeune Sammy Malloy.

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En seconde place sur le podium, la voisine de la famille Brogan, une femme très perturbée, admirant sa fille toute aussi étrange, Jezebel, et qui s’avère masochiste et exhibitionniste. Elle créa d’ailleurs un lien très douteux avec le fils Brogan. A ex aequo, le flic de Meadowlands, un protégé lui aussi, particulièrement violent et impitoyable, il règle ses comptes à coup de dent arraché et de crampons dans la tempe.

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Celui qui remporte le prix du personnage le plus dérangeant et dérangé est incontestablement Jack all trade Donnelly. Dès le second épisode, on apprend son secret : à 14 ans, il kidnappe une jeune femme et lui inflige une semaine de souffrances avant de l’assassiner. Si Zoe, la jeune téméraire, est la seule à véritablement le cerner et à tenter de le maîtriser, Jack se présente comme un animal sauvage, aux instincts incontrôlables. On comprend peu à peu que c’est le regard apeuré des autres qui lui procure son agressivité. Son remède ? La soumise femme du médecin de Meadowlands, David, très étrange elle aussi qui n’hésite pas à le satisfaire sexuellement dès que bon lui semble. Le paroxysme du très malsain est en fin dudit épisode lorsqu’il tente bestialement de violer Mark et qu’il se fait étranglé tout aussi sauvagement par Danny.

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Parce que tous les personnages semblent tous détenir un secret intrigant, Danny et nous comprenons vite que la ville entière est sous la coupe du programme de protection des témoins. C’est donc une multitude de gens mystérieux que l’on voit sous nos yeux, jouant les uns avec les autres ; méfiance, jalousie, paranoïa, suspicions, excès de colère ; tout y est à Meadowlands.
En conclusion, Cape Wrath est une série singulière, servie par des acteurs de talent, en tête, Felicity Jones, David Morrissey et Lucy Cohu –purement subjectif. Cape Wrath bénéficie d’une atmosphère impeccablement soignée qui fait d’elle une série très prenante, très accrocheuse mais aussi plutôt terrifiante et dont l’histoire mystérieuse à souhait, captive plus qu’on ne pouvait le penser. A l'annonce de l'annulation de la série, une impression de frustration demeure, le season finale se terminant sur un joli cliffhanger. Demeure néanmoins huit épisodes sympathiques, qui s'efforcent de démystifier les secrets de Meadowlands et de ses habitants.

Un aperçu ?


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