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La leçon de piano

Publié le 24 septembre 2011 par Ansolo

Même si, secrètement, on espérait assister à un exploit du XV de France, il fallait bien s'attendre à un résultat défavorable. Et le 37-17 affiché au planchot au terme des 80 minutes reflète assez justement la physionomie d'un match durant lequel les All Blacks ont contrôlé des bleus, accélérant quand il le fallait et, surtout, profitant de la moindre faute tricolore.

Cette rencontre fut celle des confirmations. En premier lieu que les Néo-Zélandais sont un voire deux tons au-dessus de nos bleus et qu'ils ne pourront perdre cette Coupe du monde que sur un passage à vide, toujours possible mais bien peu probable. L'équipe de Graham Henry possèdent suffisamment d'atouts pour cela, même si son banc n'affiche pas une homogénéité de talents qui, sinon, la rendrait totalement imbattable. Sa capacité à récupérer le ballon et jouer le contre est aussi remarquable que son aptitude à placer des soutiens au porteur de balle de manière à offrir plusieurs solutions offensives. Si on divise habituellement, au sein d'une équipe de rugby, ceux qui jouent du piano et ceux qui les déménagent, on peut affirmer que chez les Blacks, les déménageurs sont de sacrés mélomanes.

Autre confirmation : on ne gagne pas seulement sur l'envie. Si cela suffisait, les bleus auraient eu leur chance aujourd'hui. Et s'il cette envie faisait plaisir à voir, quelle frustration de constater que les carences françaises sont toujours aussi patentes dans les rucks (offensifs comme défensifs) et sur les renvois. Ces carences, ajoutées à des plaquages défaillants, ont scellé le sort du XV de France assez rapidement.

Enfin, nous avons eu droit à la énième demonstration de l'adage rugbystique selon lequel dominer quinze minutes sans inscrire un seul point est bien souvent la marque des perdants.

Le positionnement de Morgan Parra à l'ouverture n'a pas franchement révolutionné le jeu tricolore et la rentrée de François Trinh-Duc en deuxième période aura permis de constater que sa mise sur le banc (et non au ban...) l'a piqué au vif. Maxime Mermoz confirme qu'il n'est pas un deuxième choix, à la différence d'Aurélien Rougerie. Damien Traille derrière, Jean-Baptiste Poux, devant, ont peut-être été les moins bons de leur équipe. On a pu appréciser les rentrées d'Imanol Harinordoquy et William Servat, entrées qui ont plus ou moins coïncidé avec la montée en puissance de la mêlée française, pas vraiment à son aise en première mi-temps (ce fut d'ailleurs une petite surprise). Enfin, mention spéciale à Julien Bonnaire, très en vue.

Cette défaite honorable évite aux Français de sombrer dans la dépression, d'autant qu'elle s'accompagne de perspectives assez intéressantes pour la suite (à condition, évidemment, de ne pas se trouer face au Tonga, dernier adversaire en match de poule, samedi prochain). Mais force est de constater que les bleus ont pris aujourd'hui, au pays de la cinéaste Jane Campion, une leçon de pianoi, où les tuniques noires valaient deux blanches. Espérons qu'ils l'auront retenu et qu'ils réciteront une autre partition s'ils venaient à rencontrer de nouveau ces All Blacks en finale de la compétition.


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