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Les femmes du braconnier – Claude Pujade-Renaud

Par Theoma

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« Mourir

Est un art, comme tout le reste.

Je m'y révèle exceptionnellement douée. »

Il fallait oser... Écrire sur la trop courte mais néanmoins foisonnante vie de Sylvia Plath. Une biographie aurait été bien trop académique. Un roman risquait le mensonge. Claude Pujade-Renaud a réussi, avec force et élégance, la nuance.

Une écriture dans l'écriture qui oppose création et destruction et qui évite l'écueil du manichéisme en donnant voix à chacun des protagonistes. Les pages sont denses, profondes, d'une grande exigence. La tragédie y est asphyxiante et glaçante. Bien trop pour nous sembler vraie !

Le spectre de la mort rode. Seul Ted Hughes semble être atteint d'une fureur de vivre animale. Claude Pujade-Renaud n'incrimine pas, elle ne cherche pas à nommer des coupables, s'il y en a.

Touchée au plus profond par l'histoire de Sylvia Plath, d'Assia Wevill et de leurs enfants, j'ai terminé ce livre en larmes, dévastée par la réalité morbide de l'existence. Ce mal être profond qui supprime tout choix à son hôte.

Ce duo de femmes ennemies qui s'aspire l'une l'autre. Sylvia qui laisse l'éducation de ses enfants à une femme qu'elle déteste. Assia qui se donne corps et âme en nourrissant le fantôme d'une femme dont le génie la fascine.

Ted, mystérieux prédateur, chassé avec trop de hargne. Survivant qui oppose la monogamie à la création. Frieda Hughes, debout malgré tout, continue cet hymne à la création. Peintre, illustratrice et auteure, elle multiplie les talents et veille fermement sur son héritage.

Une lecture, une histoire qui me hantera longtemps. Un coup de cœur foudroyant.

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Actes Sud, 349 pages, 2010

A lire...

Carnets intimes de Sylvia Plath

Tout au bord, son dernier poème

Une lecture commune avec Aifelle mais aussi Aymeline, Hélène, L'or des chambres, Orchidée et Val.

Découvert grâce à Cathulu, merci !

Extraits...

« Les poèmes sont des animaux qu'il faut traquer et capturer. »

« Toutes les blondeurs du monde n'effaceraient pas la noirceur d'une descente aux enfers. »

« Lorsque tu écris, ne te laisse pas emprisonner par un souci formel, lâche-toi, laisse tes animaux secrets bondir hors de toi, hors de la page, et même hors de la pièce où tu travailles... »

« Les règles, cette signature de la mort ».

« Parfois, on a tellement peur de l'effondrement que l'on s'y précipite. Elle n'a laissé aucune lettre d'adieu, précise Aurelia Plath. Ni pour son mari ni pour sa mère. Ni pour moi. Nous voici face à ce vide qu'elle a affronté seule. »

« Je songe à cette cantate à trois voix écrite par Sylvia : une femme dit de son nouveau-né qu'elle ne le veut surtout pas exceptionnel car le génie engendre le pire, et la souffrance des mères. »

« (...) écrire est moins pleurer l'autre que pleurer sur soi »

 


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