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Doué d'intelligence

Publié le 25 septembre 2011 par Ladytelephagy

Gifted

Juste quand je commençais à me dire que la saison manquait de vrai dramas, A Gifted Man est apparu. A point nommé parce qu'en plus j'avais besoin de regarder quelque chose d'un peu touchant.
Pour l'instant, on n'a pas encore atteint le point où je me dis que j'ai trouvé ma série de l'année, celle sur laquelle je pourrai compter pour m'émouvoir et me permettre de verser une obole salée à chaque épisode (car ne nous mentons pas, c'est ce que je cherchais en lançant le pilote), mais A Gifted Man connait un bon début avec cet épisode inaugural, assez conventionnel étant donné le sujet.
Il faut dire que Patrick Wilson parvient dés ses premières scènes à rendre son personnage à la fois antipathique et extrêmement touchant. Ce n'est pas simplement un connard caractériel du genre de Dr House, avec un petit côté faillible pour le rendre appréciable par les spectateurs et les membres de son entourage les plus patients, mais un personnage réellement humain. J'ai apprécié sa lucidité (explicitée par un échange avec sa patiente, une jeune tenniswoman) quant à la raison pour laquelle il est relativement fermé au contact humain ; mais dans le même temps, savoir qu'il a un ami, et surtout le voir aussi joyeux avec son ex, le rendent moins caricatural qu'un House, justement. Le personnage a une carapace, mais ce n'est pas une forteresse inviolable, et surtout pas quelque chose qu'il feint en dissimulant la moindre émotion derrière le sarcasme ou des insultes. C'est plus facile de se lier à lui qu'à tous ces types antipathiques qu'on a vu fleurir dans les séries il y a quelques années parce qu'ils étaient totalement déconnectés de leurs émotions 80% du temps, et qu'on était supposés les aimer pour les rares 20% restants.
Et justement, c'est une jolie relation que Michael entretient avec son ex-femme Anna. Ils ne se sont pas parlé depuis 10 ans mais son affection est sincère et tangible et leurs retrouvailles sont réellement joyeuses et touchantes. La douceur d'Anna peut sembler un tout petit peu exagérée, mais leurs premières scènes ensemble sont vraiment bonnes, ils ont une bonne énergie ensemble. Cela augure de bonnes scènes par la suite.
A Gifted Man fait aussi un bon travail en mettant en avant aussi bien le côté rationnel que l'inévitable côté surnaturel de son sujet, le personnage de Michael Holt tentant de trouver un équilibre entre les deux, et ce n'est probablement qu'un début. Il cherche une explication scientifique mais il accepte aussi l'autre explication, au lieu d'être borné et passer tout le pilote à refuser l'évidence. Ca nous le rend sympathique, et c'est plus facile de le suivre que s'il s'obstinait bêtement à camper sur ses positions, ou s'il se convertissait tout de suite à l'idée qu'un fantôme est en train de le visiter. Sa résistance à cette étrange nouvelle donnée dans sa vie est naturelle, mais elle ne fait pas obstacle à l'évolution des choses, notamment avec la scène "d'extraction" qui m'a semblée intéressante parce que, cette fois, il y a résiste pour une autre raison que son envie de rester rationnel.
Tout le principe d'A Gifted Man est, naturellement, de nous monter le Dr Holt commençant à travailler pour d'autres patients que ceux qui peuvent payer ses honoraires exorbibants, mais là encore, on n'a pas affaire à un médecin au coeur de pierre qui va refuser d'aider obstinément et à qui il faudra forcer la main pour lui apprendre à être généreux. Il ne fait pas vraiment d'histoires quand Anna lui suggère que la clinique va prendre en charge gratuitement les patients qu'il a ramenés, sans vraiment y réfléchir, de la clinique gratuite. En gros j'ai l'impression que sa leçon n'est pas celle du riche médecin qui va s'ouvrir aux problèmes du monde, que peut-être il méconnait mais qu'il n'insiste pas pour ignorer. C'est plutôt une aventure humaine qui l'attend, qu'une aventure sociale. Même si je serai contente de regarder cette aventure humaine se dérouler au fil des intrigues sociales qui ne vont pas manquer d'apparaitre dés qu'il devra se repointer dans la clinique gratuite.
La réplique qui m'a frappée, dans ce pilote, est celle que lance Holt après qu'Anna lui ait dit qu'elle était heureuse de le voir heureux. Sans amertume, il répond simplement : "qui a dit que j'étais heureux ?", et ce n'est même pas comme s'il le réalisait à cette instant, il en est conscient et semble décidé à s'en accomoder. C'est cette lucidité qui me donne bon espoir pour la suite parce que notre héros ne va pas se transformer contre son gré grâce à l'intervention d'Anna, il ne va pas découvrir qu'il est malheureux, il y a quelque chose d'infiniment nuancé dans la façon dont il considère sa façon de vivre, quelque chose de plus touchant que tous ces types à qui il faut absolument enfoncer dans le crâne qu'ils sont malheureux pour qu'ils le réalisent et se acceptent qu'on les change. Michael Holt semble ouvert au changement, et en même temps il est à l'aise avec son manque de bonheur. Pour moi, c'est le signe d'un parcours qui pourra être intéressant à suivre.
Je dis souvent qu'un pilote est déterminant pour moi. Que si le pilote ne me plait pas, je tourne les talons sans regret. Mais que cependant, je n'attends pas d'un pilote qu'il soit parfait, mais qu'il montre du potentiel ; je n'exige pas le coup de foudre en 45mn pour poursuivre une série.
A Gifted Man est exactement ça : un premier épisode bourré de potentiel. Le personnage central est bon, il a une bonne dynamique avec son fantôme, la série est construite de façon à éviter la caricature. Le pilote n'est pas parfait, manque peut-être un peu d'émotions là où on s'attendrait à ce qu'il y en ait, propose un personnage secondaire un peu irritant avec la frangine et son fils à problèmes (j'ai adoré le moment où elle lui dit que la seule fois où il ne s'est pas comporté en enflure, c'était quand il était avec Anna ; eh connasse, l'enflure vient de te payer ton loyer !) bien que j'aie apprécié qu'elle ne se montre pas sceptique, l'infirmière ou chais pas quoi qui surprend à deux reprises Holt en train de parler seule me semble être un futur élément perturbateur prévisible... Mais en tous cas j'ai aimé ce que j'ai vu et je serai de la partie.
On va être honnêtes, pour le moment, des séries que j'ai réellement envie de poursuivre après le pilote, il n'y en a pas non plus eu des tonnes en cette rentrée. Mais je vous l'accorde, il y a encore pas mal de séries qui doivent démarrer.
Et pour ceux qui manquent cruellement de culture : la fiche A Gifted Man de SeriesLive.


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