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Douze aphorismes

Par Jean-Jacques Nuel
J’ai sacrifié aux aphorismes vers les années 89 à 92, période fertile et fermée, puisque je n’ai plus eu ensuite l’envie ni l’inspiration pour y revenir. Depuis longtemps fasciné par La Rochefoucauld (combien de poèmes peuvent rivaliser avec « Le soleil ni la mort ne se peuvent regarder fixement. » ?), Chamfort et Joubert, je ne me suis jamais aventuré sur des terres d’une si magistrale hauteur, restant dans une veine fantaisiste et drolatique, mettant en scène ma mégalomanie et mon égocentrisme, choses du monde d’ailleurs très partagées. A l’époque, ces aphorismes ont été largement publiés, d’abord en feuilleton (intitulé Mémoires d'une star) dans le magazine d’humour Fluide Glacial, puis dans de nombreuses revues littéraires. Sur le site d’Orage-lagune-Express, Marie-Christine Caredda a réalisé une animation sur un choix de ces saillies :

http://www.orage-lagune-express.com/aphorismes.htm

Douze aphorismes (et même treize à la douzaine)

Mes parents n'étaient pas complètement obtus, puisqu'ils ont su me concevoir.


J'essaie souvent de paraître idiot, mais je ne dois pas être un bon comédien.

On ne compte pas sur la terre six milliards d'individus - mais cinq milliards neuf cent quatre vingt dix neuf millions neuf cent quatre vingt dix neuf mille neuf cent quatre vingt dix neuf, et nuel.

Je suis un adversaire acharné et résolu de l'avortement comme de la peine de mort : j'ai trop peur de perdre quelques lecteurs.

Les sourds peuvent au moins me voir, et les aveugles m'entendre : le malheur, par chance, ne les a frappés qu'à demi !

Aujourd'hui le temps est beau, chaud, un peu lourd. Comme moi.

Si tous mes projets échouent, je deviendrai obèse pour avoir au moins l'impression de progresser.

Dès mon plus jeune âge j'ai pris conscience de mon génie. Le public a été moins prompt.

Ce qui m'ennuie, dans les asiles psychiatriques, c'est que les femmes n'y sont pas folles de moi.

Tant qu'il me restera un souffle de vie, je soufflerai sur mes braises.

Si je n'étais pas né, qui s'en serait aperçu ?

J'attends d'avoir fini ma vie pour écrire mes mémoires.

Mais que sur ma tombe on ne grave pas mon nom. C'est d'un commun.

(in nuel n’est prophète en son pays)


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