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Super 8 et les annees 80

Par Madwill
C’est avec un grand plaisir que je vous retrouve pour cette nouvelle saison. Je souhaitais commencer cette chronique par une réflexion autour de Super 8 et de l’esprit du cinéma des années 80. Cette cinématographie tant décriée est pourtant une telle source de plaisir. Elle représente même pour certains fans de cinéma comme votre humble serviteur une madeleine de Proust qui conduit son entière existence. À ce titre, il y a quelques jours, j’avais organisé une petite soirée cinéma chez moi, et nous avons regardé Les Goonies, il suffisait de voir les visages souriants des trentenaires, mais aussi des plus jeunes présents dans la salle pour comprendre l’impact de ce cinéma.
SUPER 8 TRAILER

La plupart des analyses sur le cinéma des années 80 font souvent la même erreur en confondant esthétique et imagerie. Il suffit de voir la sortie de Super 8 qui a réveillé les vieux combattants passéistes du cinéma d’auteur (qui pensent encore que Téchiné est un jeune premier !) qui nous ont répété de façon ridicule les mêmes vieilles analyses en tirant à boulets rouges sur ce cinéma popcorn 80 perçu comme un fossoyeur de toute créativité et forme d’intelligence. Si les années 80 peuvent être détestées, elles ont su créer une mythologie, une imagerie qui lui sont propres. Les œuvres filmiques qui travaillent sur cette imagerie ne sont donc pas à jeter au nom d’un regard posé a posteriori.
Mann ne disait pas autre chose lorsqu’il parlait de Deux flics à Miami dans les années 80 comme une série qui devait être un objet visuel de son époque. Il l'avait consciemment créé en réponse au filmage caméra à l'épaule des années 70 qui n’était plus en corrélation avec les objets filmés. On peut détester les marcels et les vestes de couleurs, le travail de Man sur la série est fabuleux avec un pilote qui reste un grand moment de la télévision. Et qu’importe les défenseurs du bon goût, le final où nos deux flics vont affronter leurs ennemis sur In the air tonight de Phil Collins est un grand moment de cinéma. (Même si c’est un pilote télé, Mann dépasse ici le simple cadre de la télévision)


MIAMI VICE FINAL DU PILOTE

Pourquoi ?
Tout simplement, car le pilote recèle de grands moments de mise en scène, que derrière l’imagerie clinquante voir putassière et le rock FM, le cinéma est là. Il suffit de voir l‘arrivée de Crockett chez son ancien ami devenu balance,  cette scène se permet de longs plans presque bergmaniens. Si l’on aime le cinéma, on apprécie forcément ces instants de mise en scène.
Mais revenons à Super 8 qui se passe au début 80 (79). Je suis tombé récemment sur une critique de Charlie Hebdo assez assassine qui pour moi ignorait totalement l’aspect cinématographique du film et se concentrait avec une certaine haine sur le cinéma popcorn de Spielberg et consorts pendant les années 80. Le critique détestait le film tout simplement à cause du contexte ce qui me semble une mauvaise raison pour juger un film. Super 8 est particulièrement intéressant, car le film permet à J. J. Abrams, souvent perçu comme un petit matin, de réaliser son film le plus sincère et le plus percutant du point de vue réalisation. En souhaitant s’inspirer du cinéma de Zemeckis, Dante et Spielberg, il s’est retrouvé à juste faire de la mise en scène. Super 8 est frappant de ce point de là. Entre ces plans sur sa jeune héroïne qui nous montrent la force de l’acteur sur le numérique, ou ces longs panoramiques qui nous font découvrir le héros par les objets du quotidien, nous avons un retour à un langage cinématographique où le réalisateur s’efface devant son sujet avec une caméra qui prend le temps de respirer. À l’instar de l’épisode pilote de Deux flics à Miami, le critique devrait faire la différence entre l’imagerie qu’il déteste et la qualité de l’œuvre intrinsèque.
GOONIES TRAILER

Prenons l'exemple des Goonies référence de Super 8 avec ces gamins en vélo pris dans une grande aventure. Cette œuvre symbole de la jeunesse des années 80 est réalisée par Richard Donner réalisateur de Superman, artisan solide et redoutable technicien tandis que Colombus signe le scénario. Colombus à l’aube de sa carrière, écrit ses meilleurs scripts avec Le secret de la pyramide, les Gremlins et les Goonies. Il se perdra ensuite dans un cinéma commercial et calculateur avec Maman j’ai raté l’avion, crée avec un autre cinéaste majeur des années 80 John Hughes.
SI les Goonies symbolise en partie un cinéma qui privilégie l’action et le divertissement au film à message, c’est aussi une vraie œuvre de cinéma, aux dialogues assez tordants (Ah choco !), à la mise en scène brillante, construite comme un train fantôme qui ne s’arrête jamais. Je sais que les critiques voient ces oeuvre de ces années-là comme la fin du cinéma hollywoodien et du film à message, Si cette théorie n’est pas totalement fausse. Il faut néanmoins regarder les films de cette époque pour leur qualité intrinsèque et non pas par le biais d'un contexte ou via une certaine histoire du cinéma.

J’aurais donc aimé que Super 8 soit perçu pour ce qu’il était c'est-à-dire un divertissement réalisé avec un grand savoir-faire très éloigné des films montés à l'emporte-pièce de Michael Bay. Super 8 m’a donc fait passer un excellent au cinéma ce qui est déjà le plus important.
SIMPLE MINDS ET BREAKFAST CLUB

Je continuerai à chanter mes chers adorateurs du bon goût, Don't You (Forget About Me) de Simple Minds en pensant à Breakfast Club, je rirai à nouveau devant les Goonies. Je tremblerai encore avec le jeune Sherlock Holmes perdant sa belle face à Moriarty et  j’irai même acheter le BLURAY de Super 8 qu’il en déplaise à tous les fans de Téchiné.
UN ARTICLE ECRIT PAR MAD WILL (merci à Dirty Samie pour l'imagerie !)

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