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[Critique] WE NEED TO TALK ABOUT KEVIN de Lynne Ramsay

Publié le 29 septembre 2011 par Celine_diane
[Critique] WE NEED TO TALK ABOUT KEVIN de Lynne Ramsay
D’où vient le mal ? Des gènes ? De l’éducation? C’est avec ces questions que Lynne Ramsay (Ratcatcher, Morvern Callar) débute son We need to talk about Kevin, adaptation acide et glaciale du roman éponyme de Lionel Shriver. Kevin, c’est le gamin. Bizarre, renfermé, violent, terrifiant. Face à lui, une mère. Le film retrace, dans une atmosphère à la Haneke, leur lutte oedipienne, en flash back, réminiscences cauchemardesques d’une endeuillée suite au carnage. Car pas de mystère : Kevin (Ezra Miller) est l’auteur d’un massacre au sein de son lycée. A qui la faute ? Epousant le point de vue de la mère (Tilda Swinton, intense), et offrant conséquemment une réalité distordue, faite de souvenirs et de perceptions, Lynne Ramsay sème le doute et poursuit avec acharnement un seul spectre : le pourquoi. Qui, de la mère ou du fils hait vraiment l’autre ? Est-ce le cauchemar fantasmé d’un rejet de la maternité ? Est-ce au contraire la descente aux enfers d’une femme lambda ayant enfanté un monstre ? Qui est donc à l’origine du Mal ?
La plongée, radicale et dérangeante, au cœur des hallucinations semi-oniriques d’un personnage fantôme adopte les codes du film d’horreur ultra réaliste. Ainsi n’est-on jamais surpris de l’abondance de rouge, qui vient tâcher l’écran : jus de tomate, peinture haineuse, sandwich à la confiture, tout y rappelle le sang et l’impur. L’acte de donner naissance versus l’acte du tuer. Pour enfoncer le clou, en plus de revisiter les mythes grecs à la sauce indépendante (un peu comme dans Splice du canadien Natali), We need to talk about Kevin- titre ironique et tranchant au vu du mutisme dont s’emballe constamment le long-métrage- multiplie des éclats d’humour noir à filer la nausée (la récurrence au cœur de la tragédie de standards musicaux guillerets notamment). Et, au final, en s’abstenant d’offrir une réponse aux errances cruelles et difformes, le film prend des allures de points d’interrogation féroce et méchant. Dans tous les cas, le résultat est le même : l'expérience est délicieusement traumatisante.
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