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Portugal 1910, la fin d'une monarchie, 1ere partie

Par Jeandeseillac
Portugal 1910, la fin d'une monarchie, 1ere partieLe 4 octobre 1910, le parti républicain portugais déclenche à Lisbonne, une insurrection.  Ce matin-là, deux mille soldats et marins entrent en révolte contre le gouvernement et la monarchie.
Pourquoi ? Pour le comprendre, il faut retourner vingt ans en arrière.
Le 11 janvier 1890, le gouvernement anglais a envoyé aux Portugais un ultimatum réclamant leur retrait des territoires actuels de Zimbabwe et de Zambie.  Les Portugais gênent les Anglais.Sans résister et très vite, les autorités portugaises se soumettent aux exigences britanniques. Ils abandonnent ces pays.  La population vit cette capitulation comme une humiliation. Cette soumission du pays aux intérêts coloniaux anglais ajoutée au poids de la famille royale, à la puissance de l’Eglise et à l’instabilité politique et sociale libère une vague de mécontentement général dans le pays. Elle n’épargne ni le roi Carlos Ier, ni le gouvernement considérés comme responsables de la décadence du pays.
La proclamation de la république du Brésil aggrave encore un peu plus la situation économique du pays.  Profitant des circonstances, le parti pour une république portugaise se lance dans de nombreuses attaques contre la monarchie.  Le 23 mars 1890, dans une atmosphère quasi insurrectionnelle, un jeune étudiant de Coïmbra, Antonio José de Almeida, publie un article incendiaire contre le roi « Le dernier des Bragance ». Condamné pour calomnie, il deviendra le premier président de la république portugaise.
Le 31 janvier 1891, d’autres républicains se soulèvent à Porto.  Les révoltés ont pour hymne « A Portuguesa », une chanson patriotique composée en réponse à l’ultimatum anglais. Les insurgés s’emparent du Palais du conseil.  Ils hissent au balcon un drapeau rouge et vert et proclament la république. La révolte est réprimée et la chanson « A Portuguesa » interdite.  La monarchie est sauvée, du moins provisoirement.
Le parti républicain a montré sa volonté de renverser le régime.  Politiquement, il fait de la fin de la royauté, le préalable pour une renaissance nationale.  Très tôt, ce parti abandonne son caractère social au profit des aspects démocratiques. Par ce choix, il veut attirer à lui la petite et la moyenne bourgeoisie. Le gros des militants républicains sera composé par cette classe sociale.  La veille de la révolution, les républicains pourront s’appuyer sur plus de 167 associations différentes, sur leur propre presse, sur leurs élus et une partie de l’armée.
Les fautes de plus en plus nombreuses du gouvernement et l’usure de la famille royale continuent à alimenter la colère populaire. 

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le régicide


Le 1er février 1908, dans un climat de grande tension général, le roi Carlos Ier et le prince héritier Louis-Philippe sont assassinés à Lisbonne.  Présent sur les lieux du drame, l’Infant Manuel est également blessé. 
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Ce double assassinat fait de lui, le successeur de Carlos 1er.  Il règnera sous le nom de Manuel II.


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Manuel II



Portugal 1910, la fin d'une monarchie, 1ere partie

couronnement de Manuel II


De par son jeune âge, il a dix-huit ans, et par les événements tragiques et sanglants qui l’ont porté sur le trône, le nouveau roi bénéfice au début de son règne d’un grand élan de sympathie.  Un gouvernement d’apaisement est désigné.  Mais le calme n’est que de courte durée.  La situation politique se dégrade à nouveau.  Sept gouvernements vont se succéder en deux ans.  Les idées républicaines continuent à progresser dans la population. Aux élection du 28 août 1910, le parti républicain remporte une grande victoire.  Mais celle-ci est insuffisante pour s’emparer du pouvoir.  Alors, la décision de renverser, par la force, le gouvernement et la monarchie est prise. Le plus vite possible ! Le complot s’organise.   Malgré l’agitation républicaine, le gouvernement ne semble pas prendre la mesure de la menace.  Tout l’été 1910, le pouvoir danse sur un volcan.  La capitale portugaise fourmille de rumeurs de coup de force et l’autorité semble rester aveugle et sourde. Aucunes mesures ne sont prises pour éviter l’explosion.
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   Elle se produit dans la nuit du 3 au 4 octobre. Les opérations commencent à Lisbonne.  Des soldats mutinés et des civils armés s’emparent de la place Rotunda. Dans le port, trois navires de la marine passent aux mains des insurgés.  Dans la matinée, les premiers combats s’engagent avec les forces loyalistes.
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Ce mardi, 4 octobre, le roi Manuel II se trouve dans la ville. Il demeure au palais « das Necessidades », d’où il suit les événements.  L’un des trois navires mutinés, le croiseur « Adamastor », à 12h 50, ouvre le feu sur le palais.  Une tour, la salle des glaces ainsi qu’une petite salle voisine de la chambre royale sont touchés par les obus.  Sous les bombardements, vers 14h, Manuel II tient une réunion. Il se résout à quitter la capitale devenue trop dangereuse. Il va se rendre à une trentaine de kilomètres de là, plus au nord, au palais de Mafra. Pour sa sécurité, le lieutenant Raul de Meneses lui conseille de prendre un itinéraire détourné pour rejoindre Mafra.  Soumise aux tirs nourris des révoltés, la sortie principale du palais est inutilisable.  Le roi et sa suite sont obligés de quitter le palais par l’arrière. Au fond du jardin et à l’aide d’une échelle, ils escaladent le mur d’enceinte.  Le marquis de Faial, capitaine de la garde royale, le comte de Sabugosa qui possède une voiture, le lieutenant-capitaine Joao Velez Caldeira et le lieutenant-colonel Antonio Waddington, officier d’ordonnance accompagnent le roi.  Manuel II monte en voiture, un peloton de cavaliers commandé par Raul de Meneses rejoint le groupe.  A quelques kilomètres de là, arrivés à la hauteur de Pimenteira, la voiture du monarque tombe en panne.  Tout le monde descend, on essaie, sans succès, de la faire redémarrer. Le souverain et ses compagnons devront continuer à pieds.  Ils  se sont  à peine éloignés de quelques dizaines de mètres qu’une grenade tombe à l’endroit où Manuel se tenait quelques instants auparavant.  La chance est à ses côtés.  Plus loin, on embarque dans un autre véhicule. Vers 14h35, le groupe approche de Buraca, de l’endroit où la route de Benfica prend la direction de Sintra. On fait halte.  Le roi se sépare du peloton de cavaliers qui l’escortait.  La voiture du monarque continue seule vers Mafra.Vers 16h, le roi arrive au palais de Mafra protégé seulement par Faial et Sabugosa.  Ils trouvent la grande entrée du palais, côté sud, cadenassée. Personne  ne s’attendait à cette visite.  Enfin, les portes s’ouvrent et le souverain entre dans le palais.  Aussitôt, Manuel fait appeler le colonel Pinto de Rocha, commandant de l’école d’infanterie de Mafra. Il lui demande de lui fournir des soldats.  Pinto de Rocha ne cache pas son embarras. La situation n’est pas favorable au roi et sa venue à Mafra dérange le colonel.  Notre colonel tient à sa carrière future.  Il se révèle peu coopérant.  Pinto déclare que ce dernier bastion de défense  ne résistera pas un quart d’heure face aux forces révolutionnaires. De plus, la garnison de l’école est fort réduite, les élèves sont en vacances.  Il vaut mieux pour le roi de chercher un autre endroit.  Malgré cela, on réussit à réunir les quelques forces disponibles qui sont encore dans la ville. Elles sont réparties aux différents points stratégiques de la cité et du palais.  Le départ précipité de Manuel II l’a dépourvu de tout.  Les autorités et certains habitants de Mafra lui procurent l’essentiel.
A 16h10, le roi envoie le télégramme suivant aux autorités supérieures des télégraphes : « Sa majesté le roi est arrivé à Mafra. » 
Cinq minutes plus tard, arrive le bibliothécaire du palais, Ayres de Saa, surpris par la présence du roi il lui demande :
Votre Majesté ici ?  Il y a donc des événements graves à Lisbonne.
Et le roi lui confie :
- Et très graves, Ayres de Saa. Très graves…je suis venu ici sur les conseils du gouvernement.
A suivre…


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le croiseur Adamastor



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un marin dans les décombres du palais "des nécessités"


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